je vais faire un petit tour

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vendredi, mars 31, 2006

Déserts...

Le propre du désert est de ne montrer aucune végétation, de ne laissé aucune chance à la vie telle qu'on l'entend habituellement, de laisser les minéraux, le soleil et les vents, maîtres du lieu. Et ils y arrivent parfaitement bien. Se laissant sculpter. Assechant. Sculptant. Cela donne des paysages plus hallucinants les uns que les autres.
San Pedro de Atacama est un petit village du nord du Chili, aux confins des frontières avec l'Àrgentine et la Bolivie, qui ne doit son existence qu'aux paysages fabuleux qui l'entourent. Il est niché dans une petite oasis au coeur d'un des désert les plus secs au monde, dominé au loin par des volcans et montagnes dépassant allégrement les 5000 mètres et quelques fois les 6000. La rue principale du village est une alternance d'agences de voyage, de restaurants et de marchands de souvenir. Ce n'est pas encore le Mont Saint Michel, mais le chemin est pris... Je n'avais jamais rencontré autant de Français depuis le début de mon périple (période Mini Transat excepté évidemment...) Impossible de faire abstraction comme dans d'autres lieux. Ici, tout se passe avec guides, camionnettes et tours organisés pour bien tout voir.  Grâce aux conseils avisés de Cécile et Fred rencontrés à Jujuy après le concert du Manu, on s'est adressé à une agence qui laisse le temps d'apprécier chaque lieu dans le silence après quelques indispensables explications.
Premier jour. Programme Vallée de la Mort et Vallée de la Lune (encore une, il y en a aussi en Bolivie...). Rien á voir avec celle de l'Argentine. Si comme plus au sud, la mer était présente il y a quelques millions d'années, ici, elle a laissé son sel dans les sédiments. Celui-ci remonte par capillarité à la surface offrant des champs entiers de roches aux formes improbables aux couleurs rouges, ocres, grises ou vertes recouvertes de blanc immaculé aux allures neigeuses. Dans la vallée de la Lune elle même, on se croirait dans des alpages au moment des premières neiges... La végétation se limite à quelques rares lickens. Ici le minéral est roi. Un peu plus loin la vallée de la mort est encore plus désolé entre formes rocailleuses hallucinantes et répétitives, dunes noires énormes et sculptures surréalistes. Coucher de soleil depuis un sommet de la vallée. Nous choisissons de rester à l'écart des autres groupes avec Jacques, un Toulousain, ancien bibliothécaire spécialisé sur l'Amérique Latine lui aussi en rupture de bans et qui aime voyager très tranquillement... Nous aurons pendant trois jours de très riches conversations ensembles. Ça fait du bien. A mon retour, si il y a retour (...), je passerai le voir lors de mes séjour Toulousain.
Départ à 4 heures du mat' le lendemain. On prend de l'altitude. Beaucoup d'altitude. Après trois heures de voiture, on arrive au coeur d'un cratère á 4320 mètres d'altitude. Il fait nuit. L'aube pointe à peine. Le froid nous saisit. Je ne sais pas exactement la température mais elle doit être autour de 0. Mes fringues sont au nettoyage et je suis en bermuda. Heureusement j'ai mon bonnet Mapuche sur la tête. On ne voit autour de nous que des fumerolles de vapeur. Les geysers nous entourent. Bruit d'ébullition permanente. Odeur de souffre. Quelques fois un gargouillement plus fort avec des jets á plus d'un mètre. Le jour commence à poindre sérieusement et laisse apparaître le décor. Nous sommes entourés de montagne dont certaines ont le sommet enneigé, notamment le volcan Licancabur qui culmine à 5960 mètres. Le sol est comme un gruyère aux trous jaillissant d'eau bouillante. Sur quelques formations rocheuses, des lickens et des touffes herbes rudes sont recouverts de givres. Cela faisait bien longtemps que je n'en avais pas vu. Cela ajoute à la magie du lieu. Devant le spectacle, même les plus bavards se taisent. C'est inimaginable. La matinée se termine par un petit bain dans une piscine presque naturelle avec de l'eau á 30-40º. La sortie est plus que tonique...
Bouffe d'à tout à l'heure dans un resto tenu par un Français (ici, 70% des touristes sont Français...) avec Jacques et Michel. Demain, c'est le grand départ. L'ami toulousain reste au Chili. Nous, nous partons vers la Bolivie pour trois jours sur les hauteurs dans un 4X4, seul moyen de transport possible dans les lieux où nous allons. Je sais, j'ai suffisamment gueulé contre ces engins polluants et dangereux... mais en ville. L'Altiplano Bolivien n'est pas les Champs Elysée.
On rentre en Bolivie vers 10h du matin par un poste frontière au bout d'un chemin de terre avec le Licancabur en toile de fond. Trois maisons. Quatre douaniers. Le drapeau bolivien aux couleurs africaines (Vert, Jaune, Rouge)... Petite collation. Nous sommes déjà à plus de 4000 mètres. Nous ne descendront pas en dessous avant trois jours. La respiration se fait plus difficile. On marche plus lentement. Le moindre effort se fait sentir avec la respiration qui accelère rapidement. La petite partie de foot n'est pas au programme...
A partir de là, les deux yeux ne seront pas assez nombreux pour tout voir et tout enregistrer : la laguna Verde, d'un vert pur obtenu par la présence d'oxyde de cuivre et d'arsenic, les geysers Sol de Mañana, moins nombreux mais plus puissants et plus chauds que ceux de la veille. Le souffre y est encore plus présent maintenant une ambiance presque irrespirable. L'eau est à plus de 250º à la sortie du trou. Surtout, le souffre à colorer tout le sol de couleurs jaunes, oranges, rouges ou vertes. On est ici en rapport direct avec le centre de la terre. On ressent très profondément cette énergie. Je suis resté longtemps sur un rocher à m'en imprégner. Nous traversons des paysages monumentaux aux milieu de hautes montagnes. Silence dans la voiture. Les yeux sont grands ouverts. On arrive au refuge, à 4300 mètres, en milieu d'après midi pour déposer les sacs et déjeuner. On repart juste après vers la Laguna Colorada, à quelques kilomètres. Valerio, notre guide, fait tout pour que l'on soit en décalage avec les autres voitures qui font le même parcours (le soir, au refuge, j'en ai compté une bonne quinzaine...). La Laguna Colorada offre des roses, des verts et des bleus. C'est le royaume des Flamands Roses. Ils sont plusieurs milliers ici. Valerio nous laisse profiter du spectacle jusqu'à ce que le soleil disparaisse derrière les montagnes. Nous sommes chacun dans notre bulle à se laisser imprégner... On y est retourné juste après le lever du soleil le lendemain. Autres couleurs, autres impressions. C'est magique.
On traversera durant la deuxième journée de nombreux paysages différents, désertiques (là haut, rien ne pousse) et tous aussi hallucinants : grandes étendues de sable d'où sortent des rochers aux formes surréalistes que ne renieraient pas Dali (Ne serait-il pas passer par là ?), montagnes colorées, champs de caillasses à n'en plus finir, lacs colorés, champs de lave d'où la vie renaît à peine. Et puis on est descendu un peu, vers l'Altiplano proprement dit, une grand plaine plate à 3700 mètres entouré de montagne. On traverse un premier salar en longeant la voie ferrée qui mène au Chili. Le train hebdomadaire nous croise et prend le même chemin que nous. Des wagons de marchandises (c'est une des seules voies pour emmener les minerais bolivien vers un port...) et un wagons passager tout à l'arrière. Sur les bord du salar, on découvre les premiers champs de quinua, céréale du lieu qui fait le succès des rayon de commerce équitable des Hypermarché français. C'est une très belle plante jaune, rouge ou blanche. Les culture que l'on croise ne sont que vivrières. C'est la récolte, tout le village s'y met.
Nous arrivons pour la nuit dans un hôtel de sel. Si, si, vous avez bien lu, un hôtel de sel. A part les fondations, le toits et les douches (...) tout est en sel : les murs, les tables, les chaises, les lits, le sol. C'est non seulement assez impressionnant mais aussi rassérénant. On se sent bien dans cet univers. On dormira d'ailleurs tous magnifiquement bien en se réveillant en très grande forme pour aller voir le clou de cette ballades . les Salar d'Uyuni, 12000 km2 de sel recouvert quelques fois de quelques centimètres d'eau. L'épaisseur de la croûte est de 6 mètres. Du moins la première car en dessous ce sont près de vingt mètres de sel et d'argile qui se succèdent. Nous roulerons pendant des kilomètres sur cette surfaces inimaginable où le ciel et la terre se mélange dans des teintes bleues et blanches sans limite précise. Nous avons l'impression de voler, de naviguer, nous ne savons plus trop où nous sommes: Les montagnes alentours, posées comme des mirages, servent d'amers. C'est une expérience que je souhaite à tout le monde. Je n'arrive toujours pas à croire que j'ai vécu ça. Ça tient du rêve, de la magie, de l'illusion. Personne ne peut revenir indifférent d'un tel lieu. Le soir et le lendemain à Uyuni, en en parlant, on n'en est pas tous revenu... Étonnement le Salar de Uyuni n'est pas inscrit au Patrimoine de l'Humanité (c'est le plus grand au monde et le plus préserver). J'ose à peine soupçonné les réserves de Lythium non exploitée qu'il y a en dessous... L'inscription ne permettrait pas de les exploiter à l'avenir...
Je suis à présent à Potosi, au nord ouest de Uyuni. C'est la Bolivie. C'est très différent de tout ce que j'ai vu jusqu'à maintenant. L'Europe, très présente, en Argentine comme au Chili, est presque complètement disparu si ce n'est par la langue...
A tout à l'heure
 
PS : Merci beaucoup pour tous les commentaires sur le blog et par mail. C'est toujours bon de savoir que ce voyage, acte totalement égoïste, est partagé au moins pour partie. L'important est impartageable, il se vit...
Si je peux me permettre de vous conseiller un petit livre, c'est L'éloge de la Fuite de Henri Laborit. Ça date de 1974 mais c'est toujours d'actualité. Il m'a fait beaucoup avancé dans la compréhension de ce monde et de la vie...

mardi, mars 28, 2006

Une ïle au milieu de nulle part...

Une île que l'on aborde après une lente navigation. Une île qui se dessine sur l'horizon. Une île avec ses criques, ses plages, ses vallées, son petit village et son sommet d'où l'on peut tout découvrir, d'où l'on peut puiser son énergie. Une île qui est au milieu d'une mer dont l'eau n'est que de pluie mais qui est salée, très salée. Une île sur une mer qui culmine á 3700 mètres d'altitude. De son sommet, on ne voit que du blanc aux teintes douce et violente mais variées, d'autres îles hésitant entre mirages et montagnes. L'horizon n'a plus de limite. On est dans un autre monde, presque imaginaire. Aurai-je rêvé ?
Cette île s'appelle la Isla del Pescador. Pourtant, il n'y a pas de poissons ici. A moins que ce soit un pêcheur de rêves. La mer qui l'entoure est une mer de sel de 1000 km2. Les salar de Uyuni en Bolivie. Je sais. J'avais écrit que je partais pour San Pedro de Atacama au Chili. J'y suis bien allé. Mais, dés l'arrêt de bus á Purmamarca, avant la frontière argentino-chilienne, tout s'est précipité. Les rencontres, encore une fois. D'abord, Michel, Français, ancien directeur financier d'un gros groupe de certification en rupture de bans qui se balade en Amérique du Sud avant de repartir au Mali pour apprendre la comptabilité dans les petites entreprises. Puis, Arnaud, autre Français, qui a usé pendant longtemps ses semelles en Amérique du Sud, avant de s'installer presque définitivement á Santiago où il a sa petite famille. On discute le bout de gras en attendant nos bus pour San Pedro. Le courant passe bien et on se promet de se revoir de l'autre côté de la frontière, après les quelques huit heures de bus et le passage de la frontière á 4900 mètres d'altitude. A la terrasse du café sur la petite place de San Pedro, nous rejoint Audrey, française qui était dans le bus d'Arnaud, elle aussi en rupture de bans malgré son jeune âge. Elle se retrouve plus dans le voyage que dans un avenir professionnel bouché. En quelques dizaines de minutes, on se fait le programme des prochains jours pour voir et boire les paysages désertiques de l'Atacama sous les conseils avisés d'Arnaud qui ne fera que ce qu'il ne connaît pas encore. C'est la première fois depuis le début du voyage où je fais un programme sur plusieurs jours aussi précis. Ici, c'est le seul moyen pour bien tout voir et ce par l'intermédiaire d'une agence. Petit dîner avec un Sameniére, vin de cépage chilien, originaire mais disparu de notre bonne France, excellent sur une cuisine raffinée. Le lendemain matin est réservé á la grasse matinée mais dés l'après midi, on se colle au début du programme : la Vallée de la Mort et la Vallée de la Luna, dans le désert de l'Atacama. C'est superbe, je vous le promet. Mais je vous raconterai demain. Le voyage dans ces paysages tout plus hallucinants les uns que les autres m'a fatigué. Je vais aller faire dormir mes yeux et laisser mon inconscient jouer avec toutes ces magnifiques images.
A tout á l'heure

Merci pour vos merveilleux commentaires.

mercredi, mars 22, 2006

Chau Che !

La palette de peintures est de sortie. Oh ! Pas la mienne. Les conditions ne sont pas encore réunies pour. Non celle de la nature. J'ai déjà parlé de la couleur hallucinante que peuvent prendre les roches ; ces concordances qui forment des dessins irréalistes dans les vallées du Rio Mendoza ou dans les Quebradas autour de Cafayate (voir les épisodes précédents...). Mais là, dans la quebrada d'Humahuaca, celle qui mène á la frontière avec la Bolivie, je crois que c'est le plus beau tableau minéral naturel qu'il m'ait été donné de voir. Toute la palette est ici présente. Du rouge lis de vin au jaune vif en passant par tous les ocres, du vert argenté, des bleus mystérieux... Le tout épousant harmonieusement les courbures des montagnes pour offrir des formes improbables.
Dans cette quebradas, il y a plusieurs villages : Purmamarca, á l'entrée de la vallée où je suis ce soir et qui est en passe de devenir le Saint Circq Lapopie du coin, puis Tilcara, Huacalera, Uquia et enfin, á la sortie de la quebrada, Humahuaca, où je suis resté quatre jours. Comme souvent, á la descente du bus, je rencontre une personne qui m'indique une hospedaje sympathique et pas cher. Ici, c'était un avocat de Berlin, parlant un espagnol parfait. C'était le seul promeneur dans le village á l'heure de la sieste (Ici, c'est plus que sacrée...). Il revenait sur les pas d'un grand voyage d'un an et demi réalisé il y a 35 ans en Amérique du Sud. Il essayait de retrouver quelques amis perdus. Peut être aussi quelques regrets sur une vie professionnelle qui a enfoui profondément ces rêves de jeunesse... On ne sait jamais ce que l'on vient trouver dans un voyage. Mais on le trouve toujours...
L'hospedaje est á la fois tranquilo, simpatico y barato... Je m'y installe avec un certain plaisir suite á l'agitation de la ville á Jujuy, dans l'optique de dormir, de me balader dans les paysages minérals alentour, aller voir plus loin encore dans la montagne et essayer de faire passer un mal de ventre qui commence á se prolonger suite á un passage dans un resto coopératif mais douteux au niveau de l'hygiéne de Jujuy...
Après un courte sieste, je rencontre sur la place du village, Julio, le teint cuivré de natif, une barbe sans collier, les cheveux longs attachés et ce sourire dans les yeux que l'on retrouve souvent ici... Il me propose d'aller visiter une maison typique construite en adobe (rien á voir avec Photoshop), le torchis. Il est en train de la reconstruire et veut faire découvrir la méthode de construction, qu'il connaît par coeur, ou avec coeur, car on sent réellement que cette maison qu'il réserve á sa petite fille de 3 ans est aujourd'hui toute sa vie. Après un petit tour dans l'église du village qui montre de magnifiques meubles en bois de cardones, les grands cactus du coin, je le rejoins sur la place. La maison est effectivement dans un état relativement alarmant pour une bâtisse en terre. Il n'y a plus de toit et le torchis commence á fondre doucement. Heureusement qu'il ne pleut pas beaucoup ici... Au bout d'une grosse demi heure d'explication et de visite, on s'installe dans le jardin attenant, assis sur des branches d'arbres, pour déguster des biscuits avec de la dulche de leche (confiture de lait), de la dulche de cayote (confiture d'un fruit local) et de mélasse de canne á sucre, ainsi que des tisanes d'herbes de la vallée "très bonnes pour le ventre". Ça tombe très bien Julio... Il me raconte toute son histoire, celle de sa famille, de sa petite fille qu'il aime par dessus tout, ça pendant une bonne heure. Je suis bien, j'écoute et son histoire me touche. Il faut croire que ma disposition á l'écouter lui fait plaisirs. Il me propose que l'on se rejoigne après le déjeuner et la sieste pour une balade dans les falaises face au village... Mieux que n'importe quel guide. Je reverrai chaque jour, Julio qui m'a recopié la méthode de fabrication d'une maison en adobe, l'histoire du village et les bienfaits de chaque plante (3) que nous avons goûté en tisane... Ce matin, avant de partir, je suis allé lui dire au-revoir. C'était très émouvant...
Pendant ce séjour, je suis aussi allé á la Laguna de Pozuelos á 80 kilomètres de là. C'est un lac qui a trouvé sa place sur un immense plateau á 4000 mètres d'altitude. Ici, les grands Flamands rose et de nombreuses sortes d'oiseaux ont trouvé refuge. Il n'y a qu'un petit village et l'accès au lac n'est pas simple et surtout pas du tout organiser. Après le bus, j'ai pris un taxis puis marcher 4 km pour me retrouver au milieu d'un grand rien, plein de silence, des reflets hallucinants et, quelques fois, le "flappoiemment" d'ailes inconnues. Au loin, quelques cimes enneigées culmine á plus de 6500 mètres. A quelques centaines de mètres, un genre de renard á grandes jambes chassait dans l'eau sans pour autant effrayer les oiseaux... Drôle d'impression d'être assis au milieu de cet endroit, seul. Encore une fois, c'est trop court. Mais pourquoi perturber cet équilibre plus longtemps...
Nouveaux trajets en bus le lendemain pour un petit village perdu dans la montagne. Dans le bus, je retrouve des amis argentins et français, croisés á Cafayate et á Jujuy. Iruya n'est accessible qu'après le passage d'un col á 4000 mètres par une piste traversant des torrents ( la route est coupé régulièrement) et se rétrécissant quelques fois dangereusement. Alors, la concentration du chauffeur rassure un tout petit peu... Après trois heures de route (70 km), on découvre la petite église bleu ciel du village entre les falaises multicolorées. C'est tout simplement beau. Après un petit tour dans le village et un repas rapide, on part avec Agnes et Mathieu á le recherche d'un village indien niché dans la montagne. Malheureusement, je doit faire demi tour á mi-chemin pour reprendre le bus. C'est une des premières fois dans le voyage où je ne fais pas ce dont j'ai envie. J'ai mon billet pour le bus vers le Chili pour jeudi. Je ne peux malheureusement pas prolongé mon séjour ici pour revenir découvrir cette vallée superbe. Ce n'est que partie remise, bien d'autres vallées m'attendent plus au nord. Ça m'a donné envie et c'est bien.
Demain, je retourne donc au Chili, á plus de trois milles kilomètres au nord de Chiloe, á San Pedro de Atacama, au milieu du désert... Une autre découverte.
Chau Che, Chau Chicas, Chau Argentina.
Décidément, tous les pays me plaisent... Je reviendrai certainement en Argentine.
A tout á l'heure
PS : je n'ai toujours pas de réponses quant aux bosses sur les pistes et les chemins de terre.
C'est á présent le printemps en France, il n'y a donc plus la raison de l'hibernation pour ne pas donner de nouvelles. Alors, á vos claviers, vous ne pouvez pas savoir combien ça m'intéresse...
Et puis un petit exercice pour vous faire dégeler les méninges : A quoi vous fait penser le printemps ? réponse ci dessous dans "Comment"

samedi, mars 18, 2006

Six mois !

"¿Donde vives ? ¿De donde vienes? ¿Desde cuanto tiempo llegas aqua?" Ces petites questions toutes simples (Où vis-tu ? D'où viens-tu ? Ça fait combien de temps que tu es là ?) marquent le début à toutes conversations dans les hosterias. C'est le début d'une nouvelle relation, juste pour une soirée, quelques jours ou plus. Pourquoi nous parle-t'il de cela ? Quel rapport avec le titre ?
Hier nous étions le 17 mars et, comme je l'ai déjà écrit, Manu Chao se produisait à Jujuy, la ville où je suis encore pour quelques heures. Et alors ? Et alors, j'ai retrouvé plein de voyageurs croisées tout au long de mon chemin en Argentine. Certains avec qui j'ai fêter Noël où la nouvelle année à Buenos Aires, d'autres croisés à Bariloche ou à Iguazu, et la majorité rencontré à Mendoza ou à Cafayate. Je ne sais combien de nationalités étaient représentés à ce concert mais ce devait être impressionnant... Ces voyageurs, j'ai lié connaissance avec eux, grâce à ces petites questions toutes bêtes. Toujours aucun rapport avec le titre...
Ce 17 mars, au-delà du concert de Manu Chao à Jujuy, c'est aussi la Saint Patrick Day, ce qui me concerne un petit peu, mais cela fait exactement six mois que j'ai quitté le sol français. Six mois pil poil. Six mois que je n'ai pas vu passer. Et pourtant quand je me retourne, il s'en est passé des choses sur mon chemin (sur le votre aussi évidemment, je vous le souhaite). Toutes ces images, ces émotions, ces moments intenses, ces rencontres riches qui peut être auront une suite, ces petits passages à vide (rares et rapides), ces doutes devant l'inconnu du lendemain ou de l'heure qui suit, ces fatigues du à une longue route ou à des fêtes prolongées, ces extases devant ce que le monde m'a offert, ces longs passages dans les bus ou à en attendre un, ces heures scotchés à la fenêtre de ces mêmes bus, ces nombreux livres lus toujours avec intérêt, ces longs moments dans des endroits singuliers à juste laisser l'esprit vagabondé, ces heures passées dans le cyber café les plus divers, ces après midi à cheminer au hasard des pas dans des villes ou des villages inconnus, ces jours de repos complet pour ne pas de méditation dans des endroits qui me convenaient, ces instants vécus pleinement parce que non pollués par ce qui peut arriver après, ces sourires croisés, ces détresses ressenties dans des regards aussi qui nous remettent vite à notre place d'humain gâté par le vie et d'être impuissant face à la misère ou l'injustice, ces moments de petite nostalgie à penser à tous les moments forts qui ont précédé mon départ partagés avec vous, ce regard flou vers l'avenir où des routes de plus en plus nombreuses s'offre à moi jusqu'à ce que la plus évidente reste, comme d'habitude, cette sérénité qui de plus en plus m'envahit, ce bien-être aussi sachant que je suis ici à ma place...
Un petit bilan ? Toute cette liste en est un en soit. Il est quelque fois où je me demande si c'est vraiment ma vie qui est si riche. Je ne regrette évidemment pas d'être parti, d'avoir tut les peurs au fond de moi pour aller en paix. Je ne remercierai jamais assez toutes les personnes qui m'ont permis d'être là aujourd'hui et, en particulier, celle qui m'a ouvert les yeux sur l'évidence de ce voyage. Evidemment que c'est ma vie qui est si riche. Et si elle est ainsi, c'est que j'ai peut-ëtre su me débarrasser de nombreux carcans et obligations que notre société nous imposent à tous. C'est tellement plus simple sans tout cela, les "il faut", "il faut pas", les "c'est pas bien" ou "c'est bien", ces jugements souvent trop rapides qui ne prennent pas le temps d'écouter un autre point de vue ou de regarder sous un autre angle, cette course vers le toujours plus alors que les préceptes de la civilisation dont nous sommes issus nous mettent en évidence que c'est en ayant moins que l'on est le mieux.
Bref, me balader avec juste mon sac à dos, avec des habits de plus en plus usés, à croiser de nombreuses personnes différentes et à essayer de vivre à leur rythme, me fait relativiser beaucoup de chose et réfléchir sur la vie. Vian a écrit, détournant une expression populaire : " Pourquoi je gagnerai ma vie puisque je l'ai ?" Dans le fond, il n'avait pas tort. Le tout, c'est de savoir comment on veut la remplir...
A tout à l'heure

PS : Pendant ce temps-là, il y a quelques centaines de milliers de personnes qui défilent dans la rue parce q`'il y a un moment il pense que ça suffit. Entre les voitures d'octobre et les manifs en ce moment (dont on ne voit que les baston entre flic et extremistes de tout bord... Chapo les journaleux), les Argentins croient que c'est la révolution en France... On en est encore loin.
Je suis aussi tombé sur ce site (www.salaudsdepauvres.com) après l'agression de De Panafieu dans une cité parisienne. C'est celui du lanceur d'oeuf. Je vous invite à y aller. J'aime bien l'idée des chalets...

vendredi, mars 17, 2006

Las Flechas

Je ne pouvais pas partir si vite... Je suis donc resté une nuit de plus. La veille de mon départ un couple d'Anglais, Verity et Keirron, me propose d'aller visité les ruines de Quilmes un ancien village de natif datant du 15e siècle puis à notre retour dans l'après midi et juste avant de prendre notre bus,
Quilmes est un village à flanc de montagne occupé aujourd'hui par les cactus et les quelques touristes de passages. Un hôtel, relativement luxueux, accueillent ceux qui veulent y passer la nuit. Les 2000 Quilmes, après avoir résister longtemps aux Incas (ici s'arrêtait l'empire au sud), ont repoussé les attaques espagnoles pendant une cinquantaine d'année. Finalement vaincus, ils ont été déportés vers Buenos Aires. Quatre cents seulement sont arrivés. La moitié de ceux-ci sont mort de maladies venant du vieux continent. Les autres, comme de nombreuses peuplades d'Amérique du Sud pré-colombienne ne voyant plus aucun avenir, se sont laissés mourir, refusant de se reproduire... C'est toujours impressionnant de se balader dans des lieux comme ça, dernières traces de civilisations totalement disparues pour cause de fermeture d'autres hommes à une culture différente, par idéologie ou par appat du gain, l'un servant souvent l'autre et inversemment.
A notre retour, Sergio nous propose d'aller le lendemain à Cachi, un petit village plus au nord, en passant par la quebrada de Las Flechas (sur la carte, la plus a l'ouest). Résultat, j'ai remis mon sac à dos dans la chambre que j'occupai jusqu'à maintenant et j'ai retrouvé mon lit pour une nuit de plus... Un départ à 7 heures du matin qui m'a permis de faire mon Chi Kong sur la terrasse en regardant la pleine lune se coucher sur les montagnes et respirer une dernière fois Cafayate. C'était mieux certainement ainsi... La veille, toute la famille m'a offert une bonne bouteille de Torrentes, le vin blanc de la vallée. Je leur avait donner la veille un tableau sur carton qui prône maintenant dans l'escalier entre le portrait du Che et la carte du coin.
En passant la Quebrada, sur une piste de terre qui sinut dans la montagne, on change de paysage. Les Flechas, grandes roches verticales et pointues, forme un véritable champ vallonné de plusieurs kilomètre carré. C'est très impressionnant. Puis, plus on avance dans la vallée, plus la végétation revient. De champ de maïs, de piment, encore quelques vignes, des petits troupeaux de chèvres ou de vache... On traverse de tout petit villages sans grand charme, puis on arrive à Cachi à 2100 mètres d'altitude, un joli village on ne peut plus calme.
De là, pour rejoindre Salta, la capitale de la région, la route prend encore de l'altitude au milieu de paysages hallucinants de coloration rouge, bleu, vert, violet ou gris de la roche. C'est de nouveau sec, très sec. Puis l'on rentre, sur une dizaine de kilomètres dans le parc des cardones, ces grands cactus de trois ou quatre mètres qui croissent d'un centimètres par an, qui fournissent un bois magnifique pour les meubles ou autres et qui sont présents partout dans la région. Ils sont ici les maîtres d'un plateau à 3000 mètres d'altitude. Des Guanacos (sorte de Lamas qui vivent jusqu'en Patagonie) et des ânes sauvages les accompagnent. Nous grimpons toujours et arrivons dans un paysage désolé à 3300 mètres où un gros nuages nous enveloppe rapidement pour se retrouver au milieu de rien dans le brouillard. Impression étonnante... A cause de ce nuage, nous ne verrons pas la vallée enchantée, ai milieu de laquelle nous rejoignons la plaine, 1500 mètres plus bas. Heureusement, le nuage disparaît assez vite pour nous montrer une végétation luxuriante, pratiquement tropicale. Contraste incompréhensible et merveilleux surtout que les roches colorées apparaissent de ci delà entre les feuillages. Puis de nouveaux, nous nous retrouvons dans la plaine, sèche et plate...
La grande ville de Salta approche et avec elle, la fin de cette belle journée. La véritable fin aussi de mon passage à Cafayate où j'ai rencontré tant de personnages sympathiques. J'ai pris tout de suite le premier bus pour San Salvador de Jujuy où je suis aujourd'hui. Je devrai ici retrouver Verity et Keirron, d'autres français et des Argentines. Demain, Manu Chao, chanteur français qui est ici une star, donne un concert demain soir ici. J'en serai. J'ai mon billet dans la poche. D'ici là, je vais me balader dans cette ville qui n'a plus le même parfum que celle rencontrée jusqu'ici. Les peaux sont plus cuivrées. Les marchés sont plus riches en fruits. Les épices sont partout. On trouve des feuilles de coca au marché. On mange du maïs, de la quinoa et... du lama. j'ai vu mon premier avant hier à Quilmes. J'ai mangé mon premier hier à Jujuy dans un ragoût épicé. C'est bon.
A tout à l'heure
PS : je n'ai eu aucune réponse au sujet des bosses régulières sur les chemins. On sèche ??

lundi, mars 13, 2006

Cafayate...

Cafayate est une île. La montagne est son océan. Et comme tous les îliens, ces habitants sont jaloux de leur lieu de vie. Ils veulent le préserver. Ils voient d'un mauvais oeil ceux qui veulent se l'accaparer, faire de l'argent avec son environnement. Ainsi, Emma et ses frères, Sergio, Julio, Marcos, sa belle soeur Guadalupe et la petite Valentina (18 mois), tous entre vingt et trente ans, n'ont pas aimé l'arrivée de Porteños (habitants de Buenos Aires), il y a quelques années. Ils ont ouvert des hôtels et des agences de voyages, attirés les touristes, sans que personnes sur place n'en profite. Ils ont décidé d'agir avec leurs petits moyens mais avec une volonté de fer. D'entrée en quelque sorte en résistance (je ne sais si c'est lié mais ils s'appellent De Guevara...) De la grande maison familiale, à deux pas du marché et à trois de la place centrale, ils ont fait un hospedaje convivial, avec des prix plus proche de la réalité que ceux proposés par leurs concurrents. Le succès aidant, ils ont acheté une cammionette pour emmener leur client découvrir les trésors des vallées environnantes puis ouvert une agence.
Cela fait à présent deux ans aujourd´hui. Ils ont à présent trois cammionnettes et l'hospedaje ne désemplit pas. Ce qu'ils ont de plus que les autres, c'est l'envie de faire découvrir à ceux qui passent leur endroit de vie, là où ils sont nés, la terre qu'ils aiment. Ils le font toujours avec le sourire et avec ce petit plus qui fait que l'on est séduit tout de suite, que la méfiance première que l'on a quant on se fait abordé à la descente du bus disparaît très vite. On sent tout de suite la sincérité des propos.
Ainsi, Sergio, lors des visites dans la quebrada, n'hésite pas à pousser la chansonnette avec sa guitare pour que l'instant soit encore plus magique. Le même Sergio aime à rejoindre la terrasse au-dessus de la maison, dominant tout le village, pour discuter et chanter avec les touristes qui y profitent de la douceur de la soirée. Pour la visite des Bodégas (les viticulteurs), ils ont choisit les amis, ceux qui sont installés ici depuis le XIXe siècle. Pour la petite rando jusqu'au cascade, un lieu magnifique où l'ont grimpe dans une vallée étroite tapissée de cactus jusqu´à une haute cascade qui domine un petit cirque, c'est Nico, enfant de la montagne, qui vit habituellement dans un village à dix heures de marche dans la montagne, qui joue au guide, sachant partager avec passion et simplicité tout ce qu'il aime dans la vie, son milieu naturel. Les restaurants conseillés sont ceux des amis, ceux qu'ils ont toujours connus, autrement sympathiques que les lieux ouverts par ceux venus d'ailleurs et attirés par l'augmentation de la fréquentation touristique et l'argent qui va avec.
Evidemment cette résistance bien sympathique et passionné entraîne, quelque fois, des dérapages dans le discours, comme pour Sergio, un latin au sang chaud, qui n'hésite pas à affirmer à des Porteñas que la culture de l'Amérique latine commence ici et que le reste de l'Argentine n'en fait pas partie parce que trop européenne. Il n'a pas forcément tort dans le fond, mais la manière est par trop maladroite et passionnée. Le rejet n'a jamais rien protégé, surtout pas une culture.
Malgré tout, cette passion qu'ils ont tous à agir, leur professionnalisme étonnant, cette ouverture vers les autres et le respect qu'ils en ont, font d'El Balcon, le nom de l'hospedaje, un lieu éminemment sympathique où on ne regrette pas de s'être arrêté. Je n'oublierai pas les grands sourires de Marcos, me tapant dans la mains en me disant "Choco los dos" (give me five...) parce que je l'appelle - et qu'il aime se faire appeler - "Commandante Marcos". Je n'oublierai pas ce lieu plein de vie et de bonnes ondes. Je n'oublierai pas le regard intense d'Emma, avec dans ses bras la petite Valentina, m'expliquant qu'il ne pouvait pas laisser leur village aux mains d'autres personnes que les natifs, n'hésitant pas à pratiquer des prix bien en-dessous de ceux des autres parce que ils sont suffisant pour bien vivre ici. Une jolie leçon... Je n'oublierai pas tous ces bons moments vécu ici, dans ce lieu si riche.
Je vous l'ai déjà écrit, je me sens bien ici. Mais je pars demain parce que d'autres lieux m'attendent, d'autres Emma, d'autres Sergio, d'autres Nico, qui seront encore mieux me faire comprendre leur vie, qui seront encore m'enrichir de nouvelles expériences, de nouveaux moments merveilleux. Merci encore à vous. Ce soir, on va fêter la pleine lune dans les dunes avec la guitare évidemment. Ce sera une belle fin...
A tout à l'heure

dimanche, mars 12, 2006

Plublication flux rss

Le bandeau de photos pointe sur les photos de patou publiées au fil de ses rencontres avec les cybergirls de la région...

Vous pouvez le lire directement via ce flux rss si vs avez un agrégateur quelconque..
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Soyez fort !
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Sébastien.

samedi, mars 11, 2006

Le son d'une guitare accompagnée d'une voie chaleureuse, raisonne entre les falaises de 150 mètres qui forme un grand cirque. Je suis allongé sur le sol rocailleux regardant tantôt les roches multicolores, tantôt le ciel tourmenté. Je suis bien, très bien... Le temps vient de s'arrêter. C'est un instant magique comme m'en réserve tant ce voyage.
Je suis depuis trois jours à Cafayate, un petit village au sud de Salta. Il est niché sur un grand plateau sec à 1500 m d'altitude. C'est calme, un petit peu touristique sans être pesant. Ici, on se déplace principalement en vélo ou à pied. Autour du village, des hectares de vignes qui donnent de très bon vin et principalement le Torrentes, un blanc très sec et fruité, long en bouche et très agréable. Les bodégas font aussi du Malbec, du Cabernet Sauvignon et du Syrah (pas d'appellation contrôlée ici. On ne fait que du vin de cépage et quelques assemblages). Ces vins sont puissants. Ils puisent leur force dans la rocaille du plateau et du soleil présent 340 jours par an.
Je suis arrivé là après près de 30 heures de voyage en comptant les escales d'attente du bus suivant. Un voyage un peu éprouvant mais qui m'a fait traverser des paysages étonnamment diversifiés. De la vallée désertique du Talampaya, à la plaine peuplée d'Olivier de La Rioja, aux cultures de Tucuman, puis une vallée luxuriante et très étroite pour monter vers le col ouvrant sur la vallée de Cafayate, les paysages alpestre de Tafi del Vallée juste avant le col et enfin la descente vers la vallée au milieu de forêt de cactus fleuris par une pluie récente. A mon arrivée dans le village tant attendu, j'ai les yeux plein d'images diverses. Je suis fourbu, n'attend qu'une douche et un lit. A la descente du bus, Emma, la charmante patronne d'un hospedaje me propose une place a pas cher. Je la suis et arrive dans un endroit vraiment sympa en plein centre, à deux pas du marché et à cinq de la grande place.
Depuis, je profite du calme de l'endroit et de sa quiétude. Entre les visites des bodegas, les balades dans les Quebradas (vallée resserrée entre des formations rocheuses de toutes les couleurs encore plus belles que la vallée qui a marqué mon retour en Argentine), les petits tours en vélo dans la campagne et le village, les heures de lecture ou de peinture, je profite complètement de l'endroit. Je me sens bien ici, serein... et je ne sais pas encore quand je vais en repartir. Ce n'est plus l'Argentine de Buenos Aires, de la région d'Iguazu ou de la Patagonie. Nous sommes proches de la Bolivie, de la culture Incas. Les peaux sont plus brunes ou plutôt dorée. On mange du maïs. On écoute de la musique que l'on appelle "andine". Mais on reste tout de même en Argentine avec cette fierté dans le regard, mais ici, elle s'est adouci. L'arrogance latine, toujours sympathique, a disparu. L'altitude et le mélange des sangs indiens et européens certainement.
D'ici, les nouvelles du Monde me paraissent presqu'imcompréhensibles. Le CPE, le nombre de milliardaires qui augmentent, la saisie des biens de Gilles Lemaire et bientôt des autres arracheurs de maïs transgénique. A l'heure du 4e Forum de l'eau qui va mettre en évidence que 40% de la population mondiale n'a pas accès à des service d'assainnissement de l'eau, je suis dans une région oú l'eau du robinet n'est pas potable comme dans de nombreux autres endroits dans le monde. Quand on passe de paysages arides voire désertiques à des paysages luxuriants en quelques kilomètres par la simple présences d'un ruisseau, on prend mieux conscience que l'eau c'est la vie et que ça va sous peu devenir comme le pétrole. Chacun ici doit donc boire de l'eau minérale. Et à qui appartient les sources d'eau minérale en Argentine ? A Coca Cola qui vend aussi toutes les bebidas (Coca, Fanta ou Sprite...). Coca Cola, Nestlé, Danone, futur Shell, Esso ou Total ? Je prend les paris... Comment le monde peut-il fonctionner par le seul pouvoir de l'argent ?
Heureusement qu'il reste des lieux, encore nombreux j'en suis sûr, comme Cafayate. Aller, courage. C'est bientôt le printemps et en Italie, Berlusconi va bientôt partir et finir devant les tribunaux pour corruption. Preuve qu'il y a encore de l'espoir...
A tout a l'heure
PS : J'ai une petite question à tous les amis ingénieurs ou matheux. Comment cela se fait-il que sur les pistes et les chemins de terre se forment des bosses presqu'aussi régulières que des sinusoïdes sur toute la largeur et sur des centaines de mètres ? Ça me turlupine depuis que je suis passé à Colonie Peligrini au sud d'Iguazu. Là, c'était sur des kilomètres de piste sans aucune interruption...
Et Grand Citron Vert est arrivé à 20h local le 7 mars au François en Guadeloupe. Bienvenue dans la famille des transateux à tous les six...

lundi, mars 06, 2006

Je suis allé sur la lune avec Jésus... Si, si je vous assure. Sur la lune et avec Jésus. "Ça y est, il débloque. A force d'être seul dans des paysages magnifiques, il a des hallucinations...", pensez-vous. Généralement, c'est possible mais là, vous vous jure que c'est vrai. Jésus, c'était le chauffeur de la camionetta avec laquelle je suis aller voir la Valle de la Luna, le parc d'Ischigualasto. Vous voyez bien que je ne débloque pas complètement...
C'est vrai que le coin ou je suis, au nord ouest de la ville de La Rioja, c'est un peu beaucoup désertique et ça peut prêter aux mirages. Saint-Ex, lui-meme, n'a-t'il pas rencontré un petit prince dans le Sahara ? Je n'ai pas encore eu cette chance... Il y a encore trop de monde dans ces déserts... La Vallée de la Lune est classé, comme le parc de Talampaya, juste á quelques kilomètres plus au nord, Patrimoine de l'Humanité par l'Unesco comme bien d'autres lieux où je suis allé (Salvador de Bahia, Iguazu, les églises en bois de Chiloe, Valparaiso et en France, les rives de la Seine á Paris, la Loire entre Cluny et Chalonne ou le Mont Saint Michel. Il y en a 752 de par le monde...). Au delá l'intérêt patrimonial et de sauvegarde de cette classification, elle a le désavantage d'attirer les touristes, comme moi. Et dans le cas du parc Ischigualasto, c'est vraiment un désavantage. Les paysages hallucinants qu'il offre demanderaient un silence comtemplatif. Ces petites collines arrondies aux rayures colorées, polies par le vent, ces falaises rouges sculptées par les intempéries, les formations rocheuses aux formes suggérant des personnages ou des animaux, plantées au milieu de rien comme des résistances á l'usure du temps, ces couches de sédiments datant de 250 millions d'années (le seul endroit au monde où elles sont visibles á l'air libre !), ne demandent aucun commentaire, aucune agitation. Il s'agit de se faire le plus discret possible pour essayer de se fondre dans le paysage et d'en respirer toute sa puissances.
Au lieu de cela, il y a en fond, quelques fois trop proche, un brouhaha de moteurs, de commentaires souvent stupides ou, en tout cas, inutiles et sans intérêt, de "pouvez-vous me prendre en photos devant El Submarino?" quand ce n'est pas "Vivement la parilla de ce midi"... A ce demander si les personnes qui m'entouraient n'avait pas une liste de lieu á voir et, une fois arrivés devant coche une case en pensant "Ça, c'est fait"... Bref, de quoi vous dégoûter de s'être levé á 7h du matin pour voir le site dans ses plus belles colorations. J'ai tout de même réussi á apprécier un minimum l'endroit mais avec des efforts réels.
La veille, pour voir le parc de Talampaya, cela avait été heureusement plus calme. Il y a d'abord eu le transport jusqu'au parc. Un lever á 4 heures pour prendre le bus. Un trajet d'une petite heure. Puis l'arrêt devant l'entrée du parc vers 6h30. Il faisait nuit noire. Le bus est reparti. Je me suis retrouvé seul sous la voûte étoilé au milieu de nul part. Une drôle d'impression. Surtout, un moment exceptionnel que j'ai apprécié á sa juste valeur. Je me suis allongé sur la terre craquelante, la tête dans les étoiles. Aux premières lueurs de l'aube - je voyais alors un peu mieux là où je mettais les pieds -, j'ai recherché l'endroit idéal pour regarder le soleil se lever sur les montagnes bientôt rougeoyantes. Il faisait frais mais pour rien au monde je n'aurai laissé ma place...
Plus tard, la visite des différents canyons s'est fait dans un pick up aménagé, accompagné d'une famille de la Pampa et d'un guide bavard juste comme il faut, nous laissant le temps d'apprécier - même si l'on voudrait toujours plus de temps...- les falaises sculptées comme la cathédrale Sagrada Familia de Barcelone - á se demander si Gaudi n'était pas venu la avant de concevoir son monument...-, les mortiers, trous parfaitement sphériques percés dans la pierre par les indiens pour préparer la nourritures, les pétroglyphes - dessins gravés dans la pierre, la végétation finalement bien présente qui sait aller chercher très profondément les quelques gouttes d'eau qui lui permet de vivre, ou Los Cajones, un canyon très étroit et profond.
Je voulais y retourner dans l'après midi, cette fois en vélo. Mais la chaleur et la fatigue m'ont fait préféré une petite sieste... Je pense que je n'aurai pas apprécier et puis faire du vélo sur des chemins de sables - en fait le lit de rivières temporelles qui n'existe que quand il pleut. Le niveau de l'eau peut alors monté jusqu'à deux mètres en quelques minutes...- avec une température de 40 degrés ne m'attirait pas plus que ça. Le matin, cela aurait été parfait mais malheureusement pas possible.
Je ne regrette tout de même pas mon passage ici vu ce que j'ai vu... Surtout, j'ai réussi, en logeant dans le village le plus proche (80 km tout de même), á me retrouver loin des hordes touristiques et du circuit des agences, vivant au rythme du village et faisant encore quelques rencontres...
Je pars tout á l'heure pour Cafayate, plus au nord ou je compte resté quelques temps. La ville est parait-il très jolie et les environs magnifiques. Et lá-bas, la sieste est une institution, ça ne peut donc pas être un mauvais lieu...
Je vous envoie un peu de chaleur. C'est pas encore le printemps en France, même si il approche doucement. Ça m'a l'air un peu morose lá bas entre le CPE qui passe pas (je serai bien aller dans la rue aussi...), Chirac qui fait son VRP en Asie, les chercheurs encore dans la rue, le PSG incapable de gagner contre les amateurs de l'OM... Heureusement qu'il y a les Victoires de la Musiques...
A tout a l'heure...

vendredi, mars 03, 2006

Un voyage, surtout quand on est seul, est peuplé de rencontres. Jusque là, je n'ai pas été dessus, on peut même dire que le chemin jusqu'ici a été plutôt riche a ce niveau. Après Upsallata, je suis donc allé á Mendoza, ville grande comme Bordeaux et sa banlieue á peu près. C'est aussi la capitale de la viticulture en Argentine. C'est une étape un peu obligatoire pour aller dans le nord. Et actuellement, c'est la Vendimia, la fête des vendanges. Il n'est pas de meilleurs moments pour y aller, me suis je dit. Mais arriver là bas, j'ai un tout petit peu déchanté. La ville, détruite entièrement au début du siècle par un tremblement de terre (et oui, comme à Valparaiso, la terre tremble régulièrement ici...), n'a aucun charme et puis le grand spectacle de la Vendimia demande de réserver, chose que je n'avais évidemment pas faite. Je me suis fait une raison en decidant de me balader au hasard des rues et des grandes places arborées en allant aux différentes festivités publiques.
Ainsi, le premier soir, après avoir déambulé dans la grande rue principale piétonne (un peu comme la rue Sainte Catherine mais en moins longue), je m'installe à la terrasse d'un café au bord de la grande place Independenzia pour boire une bière et profiter de cette belle soirée de fin d'été... Et puis, á la table d'à coté, un Argentin, accompagné de deux copains, me demande du feu. Je leur donne. Et la soirée continue calmement. Une demi heure plus tard, je vois le même type prendre une cigarette, mais toujours sans feu, je lui fais signe que je lui lance le briquet, chose qu'il a compris, étonné, une fois le briquet à ces pieds. Grand fou rire à leur table que je renchérie volontiers. Et il m'invite à leur table pour partager leur bière.
Commence alors une soirée un peu folle. On discute, on se présente. L'un, Juan, est technicien en studio et chanteur dans un groupe pop, l'autre, Martin, est étudiant en journalisme et le troisième, Fredy, je sais pas ce qu'il fait mais il est un grand admirateur des écrivain français, Baudelaire, Raimbaud, et surtout Vian, Prévert et les surréalistes (pour ceux qui doute du rayonnement culturel de la France dans le monde, je leur conseille de venir en Argentine et au Chili où ils ont une grande admiration pour notre pays). On parle littérature bien-sûr. On échange des noms d'auteurs. Et puis on parle musique aussi, pop principalement. ET là, je dis merci à Seb et Kdu pour m'avoir inculqué quelques connaissances de groupe de Manchester et d'ailleurs. Ça m'a permis de soutenir la conversation... Ils sont fans de Belle et Sébastien, notamment...
Au cours de la conversation, je me rend compte que deux d'entre eux connaissent Leslie, une étudiante française en Science Politique qui est là pour un an et que j'ai croisé á Ancud. Le monde est petit... Bessi, l'amie de Fredy nous rejoint et elle, connaît très bien la patronne de l'hospedaje dans laquelle je suis. Le monde est très petit...
Nous allons ensuite tous ensemble á la place Italia où il y a les festivités du jour orienté vers l'Italie. Un concert au centre de la place entouré de nombreux stand de gastronomie italienne. On se gave d'excellents raviolis et autres petites pizzas ainsi que de vin argentins. Sur la scène, se succèdent des groupes de tangos, de chansons romantique à la Romazzotti et même des airs d'opéra. Nous sommes assis sur la pelouse. Autour de nous plein de groupes de jeunes. Tout cela à un air un peu irréaliste qui n'est pas pour me déplaire... La soirée se finit fort tard et avec un peu d'ivresse dans chaque poche. Nous nous échangeons nos mails et puis repartons chacun de notre côté. Je ne les ai pas revu.
J'ai quitté Mendoza hier soir pour un petit bled au nord du nom de Villa Union qui a l'avantage d'être près de deux parcs nationaux, le Talampaya et le Ischigualasto (á vos souhait...), tous deux patrimoines de l'humanité. Mais j'y reviendrai quand j'y serai allé. Après une demi nuit passé dans le bus et une autre demi passé dans un bar de La Rioja à attendre mon bus. J'arrive enfin à Villa Union où je trouve un petit hôtel pas cher où je m'étale dans le grand lit avec bonheur. Après la grosse sieste et une bonne douche, je me dirige vers le seul restaurant de la place. Un client, qui n'est apparemment pas Argentin (blond, les yeux bleus, un rien gringo...) me dévisage (aurait-il reconnu en moi un non-argentin ?) et m'adresse la parole dans un espagnol parfait puis dans un français parfait ayant deviné d'où je venais á mon accent et á ma confirmation orale.
David, c'est son nom, est Australien et travaille dans le vin. Il est oenologue. Il a travaillé pendant huit ans á Bordeaux. Je vous dis que le monde est tout petit... Je l'invite á ma table et nous voilà partis á parler de la place du Parlement, de la rue Sainte Catherine et des nuits des Capus. Parti depuis 5 ans, il me demande si ça changé. Je lui explique le tramway, les quais, le centre piétonnier, la Bastide, les Chartrons... Ça lui donne envie de rentrer et puis à moi aussi un petit peu, c'est chouette Bordeaux...
Mais non je rentre pas. Parce que justement le monde est tout petit et puis il est à la fois très grand avec plein de choses á voir. Alors, pour l'instant, je ne pense pas trop au retour. Venez plutôt vous...
Vous verrez, le monde est vraiment tout petit.
A tout à l'heure...