je vais faire un petit tour

www.flickr.com

samedi, mars 11, 2006

Le son d'une guitare accompagnée d'une voie chaleureuse, raisonne entre les falaises de 150 mètres qui forme un grand cirque. Je suis allongé sur le sol rocailleux regardant tantôt les roches multicolores, tantôt le ciel tourmenté. Je suis bien, très bien... Le temps vient de s'arrêter. C'est un instant magique comme m'en réserve tant ce voyage.
Je suis depuis trois jours à Cafayate, un petit village au sud de Salta. Il est niché sur un grand plateau sec à 1500 m d'altitude. C'est calme, un petit peu touristique sans être pesant. Ici, on se déplace principalement en vélo ou à pied. Autour du village, des hectares de vignes qui donnent de très bon vin et principalement le Torrentes, un blanc très sec et fruité, long en bouche et très agréable. Les bodégas font aussi du Malbec, du Cabernet Sauvignon et du Syrah (pas d'appellation contrôlée ici. On ne fait que du vin de cépage et quelques assemblages). Ces vins sont puissants. Ils puisent leur force dans la rocaille du plateau et du soleil présent 340 jours par an.
Je suis arrivé là après près de 30 heures de voyage en comptant les escales d'attente du bus suivant. Un voyage un peu éprouvant mais qui m'a fait traverser des paysages étonnamment diversifiés. De la vallée désertique du Talampaya, à la plaine peuplée d'Olivier de La Rioja, aux cultures de Tucuman, puis une vallée luxuriante et très étroite pour monter vers le col ouvrant sur la vallée de Cafayate, les paysages alpestre de Tafi del Vallée juste avant le col et enfin la descente vers la vallée au milieu de forêt de cactus fleuris par une pluie récente. A mon arrivée dans le village tant attendu, j'ai les yeux plein d'images diverses. Je suis fourbu, n'attend qu'une douche et un lit. A la descente du bus, Emma, la charmante patronne d'un hospedaje me propose une place a pas cher. Je la suis et arrive dans un endroit vraiment sympa en plein centre, à deux pas du marché et à cinq de la grande place.
Depuis, je profite du calme de l'endroit et de sa quiétude. Entre les visites des bodegas, les balades dans les Quebradas (vallée resserrée entre des formations rocheuses de toutes les couleurs encore plus belles que la vallée qui a marqué mon retour en Argentine), les petits tours en vélo dans la campagne et le village, les heures de lecture ou de peinture, je profite complètement de l'endroit. Je me sens bien ici, serein... et je ne sais pas encore quand je vais en repartir. Ce n'est plus l'Argentine de Buenos Aires, de la région d'Iguazu ou de la Patagonie. Nous sommes proches de la Bolivie, de la culture Incas. Les peaux sont plus brunes ou plutôt dorée. On mange du maïs. On écoute de la musique que l'on appelle "andine". Mais on reste tout de même en Argentine avec cette fierté dans le regard, mais ici, elle s'est adouci. L'arrogance latine, toujours sympathique, a disparu. L'altitude et le mélange des sangs indiens et européens certainement.
D'ici, les nouvelles du Monde me paraissent presqu'imcompréhensibles. Le CPE, le nombre de milliardaires qui augmentent, la saisie des biens de Gilles Lemaire et bientôt des autres arracheurs de maïs transgénique. A l'heure du 4e Forum de l'eau qui va mettre en évidence que 40% de la population mondiale n'a pas accès à des service d'assainnissement de l'eau, je suis dans une région oú l'eau du robinet n'est pas potable comme dans de nombreux autres endroits dans le monde. Quand on passe de paysages arides voire désertiques à des paysages luxuriants en quelques kilomètres par la simple présences d'un ruisseau, on prend mieux conscience que l'eau c'est la vie et que ça va sous peu devenir comme le pétrole. Chacun ici doit donc boire de l'eau minérale. Et à qui appartient les sources d'eau minérale en Argentine ? A Coca Cola qui vend aussi toutes les bebidas (Coca, Fanta ou Sprite...). Coca Cola, Nestlé, Danone, futur Shell, Esso ou Total ? Je prend les paris... Comment le monde peut-il fonctionner par le seul pouvoir de l'argent ?
Heureusement qu'il reste des lieux, encore nombreux j'en suis sûr, comme Cafayate. Aller, courage. C'est bientôt le printemps et en Italie, Berlusconi va bientôt partir et finir devant les tribunaux pour corruption. Preuve qu'il y a encore de l'espoir...
A tout a l'heure
PS : J'ai une petite question à tous les amis ingénieurs ou matheux. Comment cela se fait-il que sur les pistes et les chemins de terre se forment des bosses presqu'aussi régulières que des sinusoïdes sur toute la largeur et sur des centaines de mètres ? Ça me turlupine depuis que je suis passé à Colonie Peligrini au sud d'Iguazu. Là, c'était sur des kilomètres de piste sans aucune interruption...
Et Grand Citron Vert est arrivé à 20h local le 7 mars au François en Guadeloupe. Bienvenue dans la famille des transateux à tous les six...