je vais faire un petit tour

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lundi, février 27, 2006

Il est des frontières qu'on ne peut contester. Si en d'autres lieux, il y eut par le passe quelques problèmes entre le Chili et l'Argentine, ici il n'y en eut aucun. Et pour cause, la cordillère des Andes est ici a sa plus haute altitude et il n'y a qu'un col a presque 3500 mètres...
C'est assez impressionnant de passer du niveau de la mer a cette altitude en quelques cinq heures de bus. Si la montée est franche coté chilien, avec une route en lacets serrés, la descente coté argentin est toute douce dans une vallée aux paysages impressionnants et magnifiques. Chaque montagne a sa couleur quand elles n'en ont pas plusieurs chacune. La présence de minerai de fer, de cuivre et autres fait que les roches se teintent différemment. Tantôt elles sont vertes, tantôt rouges ou oranges, tantôt bleu-gris. Les textures des roches changent aussi : lisses et régulières, en strates franches et obliques ou alors bouleversées comme des amas de pâtes qui auraient durcis. Mon regard n'a pas quitté l'extérieur du bus pendant près de quatre heures, accompagné dans ma contemplation par l'ami Jacques Higelin.
Pour le coup, je me suis arrêté au premier village qui avait des hospedajes, Upsallata a quelque trois heures de la frontière, au fond d'une vallée toute plate á 1900 mètres d'altitude ! C'est l'altitude de la station d'Avoriaz... Le paysage est peuplé de peuplier et de marais avec de grands joncs en plume. Tout autour, la montagne est ultra présente. D'ailleurs, le village ne vit que de sa présence près de la frontière avec un passage incessant de camions et du tourisme qui reste très calme tout de même.
Au delà de la vallée et de ses paysages, il y a deux lieux a voir ici : El Puente del Inca et le Cerro Aconcagua. Le premier est un pont naturel, á l'origine de glace, et qui est devenu minéral avec les dépôts de sédiments principalement souffrés et cuivrés qui lui donne des teintes franches jaunes et vertes. Le torrent qui passe en dessous est lui aussi coloré de jaune... C'est beau. Je suis resté a regarder l'endroit pendant une bonne demi-heure. Vers le col, les nuages commençaient á poindre. Il fallait continuer pour aller voir "El techo de America", le toit de Amérique.
Ce n'est pas une grosse ascension. Juste une marche de quelques kilomètres avec 400 mètres de dénivelé au milieu de collines bien rondes, le résultat de milliers d'année de frottement d'un énorme glacier aujourd'hui totalement disparu. Le début de la marche suis la voie ferrée, aujourd'hui abandonnée, qui reliait les deux pays. Quelques traversées impressionnantes de pont á quelques dizaines de mètres au dessus du rio Mendoza, de tunnel en bois et en fer aussi. Et puis, au bout d'une heure, on aborde la vallée avec tout au fond, dominante, la plus haute montagne de tout le continent américain. Au bout de trois heures de marche, on arrive au pied du massif aux sommets enneigés. Tout autour les montagnes sont aussi très hautes, entre 4000 et 5500 mètres... L'autre, tout au fond, l'Aconcagua, culmine a 6959 mètres... 1850 mètres de moins que l'Everest mais tout de même, la chose est imposante. Le point oú j'étais (au-delà il faut un permis de trekking...) était a 3200 mètres d'altitude. Je ne pense pas être allé aussi haut jusqu'à présent. On se sent tout petit devant ces mastodontes de roches tourmentées. Lá encore, on ne peut que rester tranquillement et béatement á admirer.
Le soleil illuminait les champs de neiges qui contrastaient avec la roche noire charbon ponctuée de raies vertes et jaunes. Et les nuages sont arrives sur le sommet au bout d'une petite heure. Il était temps de rentrer. Le vent soufflait en rafale, d'abord douce puis de plus en plus puissante. A l'arrivée a Puente del Inca, par un autre chemin, il commençait á neiger doucement... Impressionnant lá aussi, et les touristes venus juste admirés le pont, en sandalette et tee shirt, ont vite rejoint, surpris, leur bus respectif bien au chaud. Je me suis juste abrité dans le seul bistrot du coin, un peu exposé aux courants d'air, pour apprécier cette journée en buvant un petit thé vert...
Demain je descend dans la vallée, a Mendoza, centre de la région des vins argentins... Un autre bol, non de grand air, mais du sirop préféré de Bacchus...
Pendant ce temps la Grand Citron Vert n'est plus qu'a 1190 milles de la Guadeloupe...
A tout a l'heure...