Le lendemain, je reprend le bus pour le bout de la route qui n'est deja plus une route mais une piste. Le bus est plein. Principalement des familles qui vont, vu le peu de bagages, passees la journee la bas. Je compte bien y passer la nuit malgre le fait que je sache qu'il n'y a pas d'hospedaje non plus. Apres une heure de route pour un peu plus de 30 km (c'est qu'on s'arrete souvent... comme toujours. Le bus est souvent le seul moyen de transport et l'habitat est tres disperse), nous arrivons effectivement au bout de la route. Le bus fait demi tour et repard dans l'autre sens avant de prendre une piste a droite qui mene au coeur du village. Six maisons, dont un centre de vacances, deux epiceries et un restaurant. Je descend et demande tout de suite au restaurant si il connaisse un endroit ou je pourrais dormir. Reponse negative. Je demande a l'une des deux epiceries qui m'indique des petits baraquements un peu plus loin qui doivent servir de bar pour les jours de fete. Il y a une scene au fond du terrain. Je me dis que faute de mieux... J'aurai au moins un toit. Je laisse mon sac au resto et je pars voir a quoi ressemble le bout de la route. Et c'est pas mal du tout. Le village est sur la falaise qui domine d'une vingtaine de metres une grande plage de 2 ou 3 km. A chque bout, un grand cap rocailleux. Cote ocean, des rouleaux bien puissants qui font penser aux Landes en plein hiver. Je vais gouter l'eau histoire de savoir si oui ou non je vais me baigner malgre les vagues et les bahines. Ce sera non... L'eau est plus froide qu'a Chiloe ou deja c'etait frais. Tant mieux, j'aurai peut etre pu me noyer. Apres une petite empanada au mariscos au resto, je passe le reste de l'apres midi sur la plage, sous mon grand chapeau bresilien, a lire "adios Tierra del Fuego" de Jean Raspail. Le bouquin est passionnant et puis c'est d'actualite. Ce n'est pas encore cette fois-ci que j'irai tout en bas. Je veux y aller en bateau et pas autrement. On verra plus tard... Comme le temps est au beau, je decide de dormir sur la plage. Ça caille un peu la nuit mais je suis equipe avec toutes mes polaires qui ne servent a presque rien depuis le depart de France (avec l'ensemble cire, je pense tout refiler a Valaparaiso. C'est lourd et ça prend de la place. Et a present j'en aurai plus besoin avant longtemps, tres longtemps...). Je me balade jusqu'a l'autre cote du cap. C'est superbe. La roche est sculpte par la mer laissant des formes improbables et fantasmagoriques. Fin d'apres midi, je finis le bouquin sur la falaise en attendant que le soleil se couche et... un frond arrive de l'horizon a une vitesse suffisamment respectable pour que de coucher de soleil, il n'y ait pas. Changement de plan, les petites barques ouvertes c'est peut etre pas si mal... Je pars manger au resto qui n'ouvre que pour moi. Une soupita, deux oeufs sur le plat et une salade de tomate et un petit coup de rouge en prevision de la nuit au froid. Je m'apprete a rejoindre mon enclos quant deux types, des locaux sans aucun doute, rentre dans le resto et commande un pichet d'un litre de rouge. Ils parlent fort et sans arret. Il ont des tronches digne des bouquins de Rene Fallet ou de Blondin. J'observe discretement dans mon coin en riant a l'interieur. Et puis, tout va tres vite. Un des type me propose une cigarette, que j'accepte (une le soir c'est cool...) et de partager le vin avec eux, j'accepte aussi. Je vais a leur table et, malgre tous les efforts deployes et l'aide de la force du vin local, j'ai un mal fou a les comprendre mais ils causent tout seul alors je repond par des "si", des "no" ou des "claro" ert quelques fois j'explique. C'est a dire qu'entre leur accent du terroir (ils pechent les algues sur la cote), le peu de dent qu'il leur reste dans la bouche et l'heure avancee, ce n'etait pas forcemment simple. Au bout d'une heure, la patronne du resto arrive et explique ma recherchew d'endroit pour dormir. Et l'un d'eux me propose son plancher qui sera de toute façon plus abrite que les cahutes derriere. Je pars avec lui le sac sur le dos dans le noir total en partie sur la piste puis a travers champs. Je le suis au pas pres pour ne pas me fourvoyer dans quelques fosse ou autres surprises. Apres un bon quart d'heure de marche et la passage sur un pont de planche brinquebalant, nous arrivons dans notre "home", une cabane en bois de quinze metres carres ayant pour seul ameublement un lit sur treteau en croix et deux petites tables. Les fringues de Jeronimo sont a meme le sol et plutot sale a ce que j'en vois a la lumiere blafarde donne par une ampoule. Le sol est aussi jonche de megots et d'allumette. Je fais un peu le menage avec le pied et j'etale mon duvet par terre. Jeronimo dort deja, fatigue par les volutes de l'alcool... J'ai tres bien dormi et malgre un reveil avec l'odeur des urines concentrees de Jeronimo du a la proximite de son pot de chambre et de mon nez, je suis aujourd'hui en forme. J'avoue que j'ai prefere attendre le reveil de mon hote dehors sous une pluie fine en me baladant sous les pommiers. N'ayant pas trouve les toilettes, je me suis enfonce dans le petit bois attenant. La lecture du best seller "Savoir chier dans les bois" offert par mon frere Philippe, m'a permis de me sentoir un peu moins seul a ce moment la...
J'ai quand meme quitte l'endroit avec un petit pincement au coeur. Les gens ont encore une fois ete adorables et tres accueillants. Et puis, ici, c'est une vraie fin de route. Plus loin on ne peut pas y aller... Pas encore. Vous voulez savoir comment ça s'appelle ? Ben je le dirai pas. Des lieu comme ça, plus longtemps ils restent peu connus, mieux c'est...
J'avoue que le contraste avec mon retour a Valdivia, ville moyenne de la cote est un peu violent mais pas desagreable... Ici, il y a trois jours j'ai vu mon premier rodeo. A part le magnifique travail des fermiers avec leur chevaux pour guider les vaches, j'avoue que je me suis cru a un comice agricole du cote de Segre, aux confins du Maine et Loire et de la Mayenne, quand j'ai commence a essayer de devenir journaliste. Les gens etait bien habille, venait achete de l'equipement agricole et se faire une bonne bouffe au stand de gastronomie locale. Les filles etaient pomponne et chassaient le gauchos debutant. Et tout le monde commentait passionnement chacun des passages des cavaliers. Au top...
Demain je prend la route du nord pres de la côte en faisant des escales evidemment jusqu'a Valaparaiso. Apres je quitterai l'ocean pour plusieurs mois...
Ah si mauvaise nouvelle, j'ai explose le cd avec les photos du debut du voyage jusqu'au Andes. Dommagio Sergio.
A tout a l'heure...
2 Comments:
Contents de t'avoir filé le tuyau pour ce bout de la route et que tu aies apprecié autant. On est à BsAs chez Sandanza... on cherche le bureau d'immigration.
A tout-à-l'heure !
By Anonyme, at 22:47
Je suis heureux que mon bouquin de référence "comment chier dans les bois" t'ai été utile...
By Anonyme, at 13:22
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