je vais faire un petit tour

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mercredi, janvier 18, 2006

Pas de nouvelles bonnes nouvelles dit-on. Cela fait une semaine que je n'ai rien ecrit ici. Ce n'est pas parce que je n'ai rien a dire mais parce que je ne trouvai pas le temps pour ecrire. Je suis toujours a Ancud au nord de l'ile de Chiloe et j'y suis bien. A la sortie du bus du continent, un grand type m'aborde, comme cela se fait dans tous les terminal de bus, et me propose de venir dans son hospedaje, les hotel d'ici, souvent chez l'habitant. D'habitude, je repousse ces propositions commerciales et souvent annonciatrices d'endroits bourres de touristes etrangers et pas forcemment tres agreables. Mais la, je ne sais pas pourquoi - peut-etre parce que depuis le matin tout c'etait passe merveillement bien avec la succession des bus sans temps mort -, j'ai accepte. Le grand type, Jose Luis, un espagnol en escale pour se faire un peu d'argent, me parle de buenas ondas et d'endroit tres sympathique appartenant a une femme et sa mere. Nous sommes en fin d'apres midi, je suis un peu fatigue et je le suis. Arrive dans le lieu, je suis accueilli tres chaleureusement. Je me fait une petite sieste puis apres un petit tour en ville pour retirer de l'argent, Mirta, la patronne du lieu, me propose de partager leur repas du soir contre 1500 pesos, soit un peu moins de 2 euros... J'accepte evidemment. Pendant tout le repas (soupe, plat de viande et de pomme de terre), elle et sa mere, Mercedes, n'arrete pas de parler me raconter l'histoire de l'ile, m'indiquant les endroits a visite qui ne figurent pas sur les guides. A table, il y a aussi Louis Guillaume, un quebecois qui est la depuis deux jours. L'ambiance est des plus chaleureuse et je leur propose de preparer un repas français pour le surlendemain. Depuis, je n'est pas quitte l'endroit. Je m'y sens bien. Mercedes me demande presque de preparer tous les diners. Le vin coule a flot le soir. Certains voyageurs de passage nous rejoignent pour le diner, comme Guy, un israelien qui a insiste pour preparer une grand filet de saumon, que l'on a mange avec un gratin dauphinois moi fois excellent, ou Didier et Lydie, des Français au Chili depuis trois mois et qui cherchait a travailler a Santiago. Au dela de la bonne ambiance que l'on met dans la maison, je crois que le fait qu'il y ait de la viande ou du poisson a chaque repas fait bien plaisir a nos hotesses car c'est loin d'etre leur quotidien. Les huitres (plates et petites) a 1000 pesos (1,5 euros) le kilos, les palourdes geantes (presque comme la main et pecher par en scaphandrier a cinq metres de profondeur) a un peu moins chere et surtout le chocolat a cuisiner dont une plaque de 500 grammes coute 3500 pesos, sont au dela de leur moyen. Le poisson aussi est cher et c'est un repas exceptionnel. La viande, et encore les bas morceaux, est loin d'etre le quotidien souvent compose d'une soupe a l'os (elles renouvellent l'eau jusqu'a usure totale de l'os et des morceaux de graisse qui trempent dedans...), de patates, de riz ou de pates et d'une salade de laitue et de tomate. Pas de dessert non plus ou bien exceptionnellement.
Et puis depuis mon arrivee, entre les visites (parcs a huitres, eglises en bois consruitent par les jesuites, petits villages colores sous la pluie et autres iles de l'archipel) et les evennements, les journees sont bien remplies. Les evenements ? L'election de la presidente Michele Bachelet dimanche dernier. Trois jours avant, Mercedes (87 ans et en pleine forme) n'arretait pas de me parler que pour eux c'etait un veritable espoir. Elle a connu le putch de 1931 avec l'instauration de la premiere dictature chilienne et les autodafes aprtout dans le Chili, les annees Allende ou tout le monde croyait a un futur vraiment meilleur et le putch de Pinochet et les annees terribles qui ont suivies avec les disparitions, la surveillance permanente, les denonciations, la mefiance du voisin et les richesses du Chili qui partaient a l'etranger, chez les gringos, sans que le peuple en profite. Depuis le depart de Pinochet du pouvoir, ses successeur essaye petit a petit de se debarrasser du vieux general mais son ombre, et surtout ses anciens collaborateurs, est encore partout. Avec cette election, qui a vu l'heritier de Pinochet elimine des le premier tour, est une nouveau tournant pour le Chili et l'election de Michele Bachelet, qui a gagne face a l'homme le plus riche du pays, ultr liberal et espece de Berlusconi Chilien, est porteur d'un nouvel espoir pour le Chili et les Chilien. Les jours d'avant l'elections, las cavalcadas, defiles de voitures klaxonnantes avec les drapeaux du candidat soutenu, se sont succedees. Au fentre des maisons, dans les jardins, certains affichent ouvertement quel candidat il soutient. Les elections commencent tot le matin. Dans les rues, l'agitation est inhabituelle. Il ne s'agit plus d'aller au travail ou de faire ses courses. On va voter. C'est important alors on s'habille avec ses plus beaux vetements. Voter est ici obligatoire sous peine d'amende elevee et ceux qui ont la chance d'etre en vacances (ici c'est l'ete), font l'aller et retour en voiture au point que des bouchons monstrueuex se sont formes aux entrees de Santiago. Les bureaux de votes ferment a 16 heures et commence alors l'attente car il n'y a point d'estimation super precises des la fermeture des bureaux de vote. A la television, on assiste en direct au depouillement dans certains bureaux de vote theoriquement indicatif de la tendance nationale. Sur la chaine appartenant a Pineras, le candidat liberal, on montre les bureaux de vote plutot a droite... La maison est sur le canal local qui est plutot conservateur et ou l'on fait de meme. On entend plus le nom de Pinera que celui de Bachelet. Les visages s'assombrissent alors que nous mangeons a huit autour de la minuscule table de la cuisine. Et puis pour le dessert,on passe sur la chaine nationale. Les nouvelles y sont beaucoup plus optimistes et avant meme que l'on connaisse des resultats unpeu plus surs, Mercedes sort dans la rue en criant des "Michele, Michele" avec une grande photo de la candidate socialiste souligne d'un puissant "Soy contigo" (je suis avec toi). Sa fille et sa petite fille, Francis Constanza, etudiante en architecture a Santiago, ont beau lui dire d'attendre les resultats definitif, rien n'y fait, la grand mere sait au fond d'elle que sa candidate favorite est le nouvelle presidente du Chili. Elle nous a reserve une bouteille de "champagne", un mauvais cidre deguise en vin petillant, et veut l'ouvrir. La chose est faite des les resultats definitifs. Nous sortons ensuite pour nous diriger vers la Plaza de Armas pour feter l'evennement avec les villageois. Les defiles de voitures klaxonnantes, les sourires sur les visages, les embrassades, les discours plein d'espoir, tout cela est tres emouvant. La journee s'est fini avec un diner tres tardif mais tres joyeux et arose (devant l'interdiction de la vente d'alcool pendant les 24 heures de l'election, nous avions fait quelques reserves la veille en prevision).
Au cours de ce diner, la passion politique passee, Mirta nous raconte que Mercedes est proprietaire avec ces freres et soeurs d'une ile a l'entree du canal de Chacao, entre le continent et Chiloe. Je lui demande de suite si il y a un moyen d'y acceder. Et tout ce met en place alors tout seul. Un pecheurs est contacte des le matin et nous partons a une grosse dizaine vers l'ile San Sebastian accompagne par le frere de Mercedes, 83 ans, costume, les cheveux blancs impeccablement tires vers l'arriere, l'air fier et aussi bavard et interessant que sa soeur. L'ile est au moins aussi grande que Houat en Bretagne et la famille y a vecu jusque dans les annees 50. Ils y ont notamment accueillis des missionnaires protestants pendant la dictature de 31 qui voyait d'un sale oeil tout ce qui n'etait pas catholique... Les Lions de mer, les pingouins et les oiseaux de toutes sortes sont les maitres des cotes, tandis qu'a l'interieur paissent quelques vaches et moutons. Il n'y a plus aucune trace des maisons, toutes en bois et la nature a repris ses droits qui ne devait pas etre bien entames tout de meme.
Nous sommes mercredi. Cela fait plus d'une semaine que je suis la. L'ami Quebecois termine son onzieme jour. L'ambiance est toujours aussi bonne et comme dit Louis Guillaume avec l'accent de le belle province "ici, je depense beaucoup moins que si je me deplaçais. Il n'y a pas le bus et puis on mange bien et a pas cher." Tous les sors depuis lundi on se dit que le lendemain on part, lui vers le nord et le continent, moi vers le sud pres de la reserve naturelle dans un petit village face a l'ocean. Et le lendemain soir, nous sommes toujours la. Combien de temps cela va-t'il durer ? Suspens...
A tout a l'heure

3 Comments:

  • Salut M. Benoiton,
    j'ai enfin le temps de lire quelques extraits de votre séjour à Chiloé, depuis la joute verbale entre Dom Bour et Pyl, je me promettais de me laisser voyager au fil de votre plume... C'est comme d'habitude un régal, malgré les défauts de votre clavier glaouche !
    J'ai l'impression de relire F Coloane (Tierra del Fuego) ou I Allende (la maison aux esprits), c'est passionnant...
    Surtout profitez en bien et coninuez à nous raconter, nou'zot pov occidentaux linchés par les promesses de nouveaux attentats de Ben L ou les incitations à la haine nucléaire de notre pdt chichi... c'est toujours çà de pris, un bon coup de vent de Patagonie et je me délecte avec vous de ces huîtres du bout du monde, moi qui n'ai que celle d'Yvon Daniel à La Trinité à me mettre sous la langue... ce qui n'est déjà pas si mal, je le conçois et suis consciente de ma chance !!!
    Bonne continuation, donc, hasta pronto vous lire encore et merci !

    By Anonymous Anonyme, at 09:30  

  • hé bé le PAT y va finir par prendre du poids à nous parler de bouffe comme ça, il me tarde de le voir en photo...

    By Anonymous Anonyme, at 12:40  

  • c'est marrant j'étais en train de penser la même chose ! Sans doute parce qu'ici à la Trinité on commence à se peser pour aller naviguer en monotype...
    En tout cas, Pat, je lis avec intérêt tes tribulations qui donnent bien envie d'armer son sac à dos.
    muchos besos y suerte
    Kro

    By Anonymous Anonyme, at 19:33  

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