je vais faire un petit tour

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vendredi, mars 03, 2006

Un voyage, surtout quand on est seul, est peuplé de rencontres. Jusque là, je n'ai pas été dessus, on peut même dire que le chemin jusqu'ici a été plutôt riche a ce niveau. Après Upsallata, je suis donc allé á Mendoza, ville grande comme Bordeaux et sa banlieue á peu près. C'est aussi la capitale de la viticulture en Argentine. C'est une étape un peu obligatoire pour aller dans le nord. Et actuellement, c'est la Vendimia, la fête des vendanges. Il n'est pas de meilleurs moments pour y aller, me suis je dit. Mais arriver là bas, j'ai un tout petit peu déchanté. La ville, détruite entièrement au début du siècle par un tremblement de terre (et oui, comme à Valparaiso, la terre tremble régulièrement ici...), n'a aucun charme et puis le grand spectacle de la Vendimia demande de réserver, chose que je n'avais évidemment pas faite. Je me suis fait une raison en decidant de me balader au hasard des rues et des grandes places arborées en allant aux différentes festivités publiques.
Ainsi, le premier soir, après avoir déambulé dans la grande rue principale piétonne (un peu comme la rue Sainte Catherine mais en moins longue), je m'installe à la terrasse d'un café au bord de la grande place Independenzia pour boire une bière et profiter de cette belle soirée de fin d'été... Et puis, á la table d'à coté, un Argentin, accompagné de deux copains, me demande du feu. Je leur donne. Et la soirée continue calmement. Une demi heure plus tard, je vois le même type prendre une cigarette, mais toujours sans feu, je lui fais signe que je lui lance le briquet, chose qu'il a compris, étonné, une fois le briquet à ces pieds. Grand fou rire à leur table que je renchérie volontiers. Et il m'invite à leur table pour partager leur bière.
Commence alors une soirée un peu folle. On discute, on se présente. L'un, Juan, est technicien en studio et chanteur dans un groupe pop, l'autre, Martin, est étudiant en journalisme et le troisième, Fredy, je sais pas ce qu'il fait mais il est un grand admirateur des écrivain français, Baudelaire, Raimbaud, et surtout Vian, Prévert et les surréalistes (pour ceux qui doute du rayonnement culturel de la France dans le monde, je leur conseille de venir en Argentine et au Chili où ils ont une grande admiration pour notre pays). On parle littérature bien-sûr. On échange des noms d'auteurs. Et puis on parle musique aussi, pop principalement. ET là, je dis merci à Seb et Kdu pour m'avoir inculqué quelques connaissances de groupe de Manchester et d'ailleurs. Ça m'a permis de soutenir la conversation... Ils sont fans de Belle et Sébastien, notamment...
Au cours de la conversation, je me rend compte que deux d'entre eux connaissent Leslie, une étudiante française en Science Politique qui est là pour un an et que j'ai croisé á Ancud. Le monde est petit... Bessi, l'amie de Fredy nous rejoint et elle, connaît très bien la patronne de l'hospedaje dans laquelle je suis. Le monde est très petit...
Nous allons ensuite tous ensemble á la place Italia où il y a les festivités du jour orienté vers l'Italie. Un concert au centre de la place entouré de nombreux stand de gastronomie italienne. On se gave d'excellents raviolis et autres petites pizzas ainsi que de vin argentins. Sur la scène, se succèdent des groupes de tangos, de chansons romantique à la Romazzotti et même des airs d'opéra. Nous sommes assis sur la pelouse. Autour de nous plein de groupes de jeunes. Tout cela à un air un peu irréaliste qui n'est pas pour me déplaire... La soirée se finit fort tard et avec un peu d'ivresse dans chaque poche. Nous nous échangeons nos mails et puis repartons chacun de notre côté. Je ne les ai pas revu.
J'ai quitté Mendoza hier soir pour un petit bled au nord du nom de Villa Union qui a l'avantage d'être près de deux parcs nationaux, le Talampaya et le Ischigualasto (á vos souhait...), tous deux patrimoines de l'humanité. Mais j'y reviendrai quand j'y serai allé. Après une demi nuit passé dans le bus et une autre demi passé dans un bar de La Rioja à attendre mon bus. J'arrive enfin à Villa Union où je trouve un petit hôtel pas cher où je m'étale dans le grand lit avec bonheur. Après la grosse sieste et une bonne douche, je me dirige vers le seul restaurant de la place. Un client, qui n'est apparemment pas Argentin (blond, les yeux bleus, un rien gringo...) me dévisage (aurait-il reconnu en moi un non-argentin ?) et m'adresse la parole dans un espagnol parfait puis dans un français parfait ayant deviné d'où je venais á mon accent et á ma confirmation orale.
David, c'est son nom, est Australien et travaille dans le vin. Il est oenologue. Il a travaillé pendant huit ans á Bordeaux. Je vous dis que le monde est tout petit... Je l'invite á ma table et nous voilà partis á parler de la place du Parlement, de la rue Sainte Catherine et des nuits des Capus. Parti depuis 5 ans, il me demande si ça changé. Je lui explique le tramway, les quais, le centre piétonnier, la Bastide, les Chartrons... Ça lui donne envie de rentrer et puis à moi aussi un petit peu, c'est chouette Bordeaux...
Mais non je rentre pas. Parce que justement le monde est tout petit et puis il est à la fois très grand avec plein de choses á voir. Alors, pour l'instant, je ne pense pas trop au retour. Venez plutôt vous...
Vous verrez, le monde est vraiment tout petit.
A tout à l'heure...