je vais faire un petit tour

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mercredi, septembre 28, 2005

Trois jours que nous sommes arrivés à Puerto Calero sur l'île de Lanzarote aux Canaries. Trois jours pour essayer de revenir sur terre. Pas facile.
La traversée depuis La Rochelle a vraiment été exceptionnelle. Je ne crois n'avoir jamais vécu de navigation aussi intense d'un bout à l'autre sans accrocs, sans temps mort. Du bonheur tout du long... Les conditions météo ont été exceptionnelles avec du vent portant (venant de l'arrière) ni trop fort et ni trop faible. Un équipage formidable ayant le même objectif de bien être. Des levers et des couchers de soleil ou de lune magnifique. Une vision intérieure et toute nouvelle pour moi de la Mini Transat. De la pêche juste ce qu'il faut (2 thons, 2 coryphènes) et puis des moments exceptionnels comme le lever de la pleine lune sur l'île d'Oléron la première nuit, un bel "à tout à l'heure de la terre", un petit pncement au coeur de quitter tout celà et puis un sourire franc confirmant que j'ai fait le bon choix. Le sillage durait dans les rayons de lune plus longtemps qu'à l'habitude comme pour ne rien oublier des très bons moments que j'ai vécu les semaines avant le départ. Merci.
Il y a eu aussi la dernière nuit. Le vent est monté plus fort. Les vagues ont grossi. Nous n'avions aucune envie de réduire la toile mais sans prendre de risque. Nous nous sommes partagés la barre avec Eric, le skipper et propriétaire d'Edulis, pour assurer un minimum. Pendant cinq heures, nous ne sommes pratiquement jamais descendus en dessous de 10 noeuds avec des surfs à plus de 20 noeuds. Cela sous de gros nuages tout rondouillards, les étoiles et le croissant de lune qui jouait à cache-cache et des passages un grand mur noir nous faisait face. Grand souvenir... J'en frémis encore.
Depuis notre arrivée, les journées sont bien fades dans la marina insipide de Puerto Calero. Nettoyage et entretien du bateau, coups de mains aux coureurs et soirées arrosées à les écouter raconter leur course les yeux brillants. Rigolo mais il est grand temps de sortir de cette prison dorée pour aller voir les volcans et le reste de l'île. Eric rentre en France demain. Je pense prendre le bateau pour aller voir l'île de Graciosa au nord de Lanzarote. L'ami Seb m'en avait décrit le plus grand bien après son passage en 1997.
Jolie surprise qui fait chaud au coeur. Mes chroniques sur le site de la Transat 6,50 plaisent beaucoup. Depuis notre arrivée, je reçois des félicitations et des encouragements de toutes parts. Je pense que ces petites chroniques, écrites souvent de nuit, aide les proches des coureurs à mieux vivre la course en touchant du doigt ce qui est vécu sur l'eau. Un trait d'union bénéfique qui m'amuse.
Voilà pour aujourd'hui, avec certe un peu de retard.
Est-ce besoin de le dire, ça baigne... Avec les quelques bonnes nouvelles, notamment familiale, que j'ai reçu de France par mail et téléphone, le bonheur n'est pas loin d'être total. Que demander de plus ? Que demain soit encore tapissé de petits bonheurs bénéfiques.
A tout à l'heure...

samedi, septembre 17, 2005

Voilà, c'est l'heure du départ. Plus que quelques heures. Les derniers préparatifs. Les atoutaleures sur le ponton. Le départ des coureurs du ponton et puis enfin nous. Edulis, le bateau sur lequel j'embarque, franchira l'écluse du bassin des chalutiers de La Rochelle vers 15h30. Après, c?est l'océan qui s?ouvrira à nous. Ne pas se retourner. Ne pas penser à tous ceux qu'on laisse, à tout ce qu'on laisse. Ne penser qu'à l'avenir qui s'annonce plus que bien. Dès ce soir, le vent sera portant., la nuit éclairée par la pleine lune. Autour de nous, les petits bolides sous spi à fond. Ce sera beau.
Le programme n'arrête pas de changer depuis que je suis ici. La balade à l'intérieur du Brésil s'est transformée en croisière d'un mois et demi le long du Brésil sur Edulis. Déjà les premiers rendez-vous se dessinent pour dans un mois et demi. Après le programme patagonien se dessine tout doucement après un noël certainement Porteño, à Buenos Aires.
D?ici là, il y a la Transat et un peu de boulot pour suivre les concurrents. Je ferai une chronique quotidienne sur le site de la course, www.transat650.org Ce sera ma vision de ce qui se passe sur l'eau.
Il est 9h du mat et je suis impatient d?être en mer. Ce mois d'au revoir, de moments calmes, de fêtes, de partage toujours a été à la fois riche de moments exceptionnels mais aussi un peu éprouvant? C'est pas facile de vous laisser. Je pense aussi que ce n'est pas facile de rester. Mais il ne faut pas laisser la source de vie se tarir. Il faut l'alimenter toujours de nouveaux rêves, de nouveaux mouvements qui font la vie. Sans mouvement, la vie disparaît. N'oublions donc pas de bouger toujours?
Allez, j'y vais.Vous allez me manquer. Je penserai souvent à vous. Donnez de vos nouvelles pour que les liens restent en mouvement.
Prenez soin de vous et des votres.
Le temps, la distance ne sont rien face aux sentiments.
A tout à l?heure

mardi, septembre 13, 2005

Samedi était une belle fête. Une fête pour dire à tout à l?heure à tous les amis. Le lieu est magique. Les convives aussi? L?instant ne pouvait être alors que magique. Et il l?a été au-delà de toutes mes espérances. L?aube n?en était que plus belle sur les marais de l?île de Ré.
Après une soirée comme celle-là, on comprend mieux ce que tisser des liens veut dire. On comprend mieux que c?est une des choses les plus importantes dans la vie.
Tous ceux qui m?ont permis d?être ce que je suis aujourd?hui étaient ici. Ceux qui n?étaient pas là physiquement étaient tout de même présents. Je le sentais.
La séparation physique ne fut pas toujours facile. Mais les liens sont toujours là et la distance géographique n?y pourra rien.
Le départ est à présent dans quatre jours. Les derniers détails vont être vite réglés. J?ai à présent hâte de voir le sillage d?Edulis derrière moi. Que le voyage commence réellement. Que ce blog soit enfin ce qu?il doit être : un liens entre ce que je vais vivre et vous.
Merci encore pour cette fête. Votre présence m?a vraiment beaucoup touché? Grâce à cela, je pars encore plus serein.
A tout à l?heure

jeudi, septembre 08, 2005

Dans le même livre, il y a cette petite histoire racontée par un militaire soviétique qui acconpagne le groupe.
« Je vais te raconter une histoire vraie. Au zoo de Moscou, voilà bien des années, un ours de Sibérie est né, de parents en captivité. A l?âge respectable de dix-sept ans, des scientifiques ont tenté une expérience : ils ont délibérément et largement ouvert la porte de la cellule de l?imposant plantigrade, puis s?en sont allés, le laissant seul et se dissimulant à deux pas de là pour observer ses réactions. L?ours était donc né en captivité. Il n?avait jamais connu la liberté, jamais vu d?autre paysage
que les grilles de sa cage. Il passait ses journées accroché aux barreaux, regardant perpétuellement dehors, au loin, avec
un regard infiniment triste. En découvrant ce jour-là la porte ouverte et aucun gardien à l?horizon, notre quintal velu et leste a d?abord fait le geste de se précipiter au-dehors? avant de se raviser, de s?asseoir et de réfléchir longuement et intensément. Bien sûr, la porte de la liberté lui était grande ouverte, mais à bien y regarder, dans sa cage, il n?avait pas besoin de se battre pour survivre, pas besoin de s?angoisser pour se nourrir, il n?avait jamais la moindre initiative à prendre, jamais le moindre risque à affronter. Après un long moment, le farouche ours de Sibérie s?est alors relevé doucement. Il a fait demi-tour et, la démarche pesante comme jamais, s?est installé tout au fond de sa geôle, sans bouger, en attendant le retour de ses gardiens ».
Ça donne à méditer, non ?

Salut,
Dans un de mes dernier travaux avant départ, la relecture et la mise en page du bouquin de l'ami Pierre qui a fait Renne-Moscou en patin à roulette en 1989, il y a ce petit poème de Julos Beaucarne. Je vous laisse le lire?

Le Voyageur

Le voyageur est coiffé de lune et habillé d?étoiles.
Il n?a pas ici bas de cité permanente. Nomade, gitan, bohémien, « baraqui » de l?existence, il vogue entre les deux eaux des rencontres, il remonte le cours des ans dans le kaléidoscope des visages, il attrape au passage un regard qu?il garde comme un trésor.
Le voyageur est sans bagage... Un soir ici, un jour là-bas, il n?a pas le temps d?attacher un arbre à son service mais toutes les forêts sont à lui.
Le voyageur va plus profond comme un laboureur tourne en rond sur une terre un peu trop dure.
Il s?enracine dans le vent comme ceux qui font des courses et mangent l?air avec leurs dents.
Le voyageur est dans l?espace un grain de sable qui se déplace et qui connaît avec la nuit la patience des galaxies ;
le voyageur vous dit : « bonsoir » et tout à l?heure déjà repart.

Le Voyageur, extrait de « Voyage à la lisière de l?infini », textes et illustrations de Julos Beaucarne,
collection Légendes du Réel, Le Fennec éditeur