je vais faire un petit tour

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mardi, avril 24, 2007

Riches rencontres

C'était un dimanche. Cela faisait plusieurs jours que les pluies tropicales inondaient l'île. Profitant d'une grosse accalmie, Michel me proposa d'aller dire au-revoir à l'ami québécois Fat et de faire le tour des jardins communautaires de Soulette et Grand Barrière. L'air était encore humide. La terre grasse se collait à nos pieds. Une odeur chaude et profonde émanait du sol. Les feuilles des arbres laissaient de temps à autre des gouttes tombées pour nous rafraîchir. La plage de Grand Sable s'était ouverte par endroit pour laisser le trop plein d'eau du marigot s'évacuer nous obligeant à traverser des estuaires éphémères.

Après un bonjour à Jean-Pierre à Canober, nous avons entamé la montée glissante jusqu'à la kay de Fat au-dessus d'une petite falaise tombant dans la mer. Fat était là à terminer ses préparatif pour retourner dans son Québec chéri et fermer sa maison. Nous avons retrouvé là, Ludger, l'agronome haïtien qui conseille les deux jardins parrainés par Fat et Michel.

Adieu à Fat et départ pour Soulette pour voir et photographier le premier jardin. Les pluies, si elles ont bien arrosées les cultures, ont aussi provoqué ravinage et inondations. Le terrain a bien résisté dans l'ensemble. L'architecture des cultures et les quelques arbres présents certainement. Nous faisons le tour des cultures sur environ un hectare. Tomate, manioc, choux, potimarron, poivron, carotte, patate douce,… Tout pousse doucement mais surement sous les soins de Ludger et de Junior, l'un des responsables du jardin. On prend les photos de ce qu'on donné les graines données par l'ONG Kokopelli à Michel et on repart vers l'orphelinat. L'après midi, nous sommes allé vers Grand Barrière. Là le terrain, plus exposé, a plus souffert des pluies. Nombre de petites pousses se sont retrouvées en aval, au point le plus bas du terrain. Du travail à refaire ou à oublier… Ludger nous explique que l'idéal serait qu'il y ait des arbres autour du terrain pour retenir la terre. Des arbres…

Quelques jours plus tard, nous partons avec Michel sur la grande terre. Il veut me faire le tour des points stratégiques et des relations qu'il s'est tissé pendant ses quatorze années ici. D'abord, l'école-centre des métiers-orphelinat du Père Marc. Une grosse machine destinée à recueillir et remettre sur le chemin les enfants des rues : 550 enfants en trois lieux, 127 salariés. Des hectares de cultures à une demi heure des Cayes. Les enfants sont bien encadrés et réunis en petit village suivant leur âge. Très intéressant. Nous sommes loin de l'orphelinat St François…

En fin d'après midi, nous rejoignons René, le mari haïtien de Myriam, ancienne volontaire à l'orphelinat, pour nous diriger à Torbek où il habite tous les deux avec leur trois enfants. Myriam a transféré l'école qu'elle avait créée à Canober, sur l'île, ici en début d'année. J'avoue que j'étais impatient de cette rencontre. Depuis le début de mon séjour, Michel, Flora et tous ceux qui m'ont contacté par mail, me parlaient de Myriam. Je n'ai pas été déçu. Après la visite de la petite école en bord de route, nous avons longuement parlé autour de la table de leur maison. Beaucoup de l'orphelinat, de son organisation, de l'école, des enfants, des projets,… une soirée riche qui nous a fait du bien à tous.

A l'aube, nous quittons Torbek pour aller à Camp Perrin à une trentaine de kilomètre à l'intérieur, au pied des montagnes. Là bas, se nichent une pépinière monté par un Irlandais. Je dois y acheter le Manguier que je veux planter à l'orphelinat. On fait le tour des plantations. On choisit le manguier. Puis on part en balade après une halte dans la grande bambouseraie que tapissent aussi de vieux avocatiers. Sérénité. Nous nous arrêtons chacun près d'un arbre, peut être pour lui parler, pour lui puiser un peu de son énergie, pour nous rasséréner…

Puis, Michel m'emmène le long d'un canal ruisselant, vieux de la colonie française. Jusqu'à l'atelier école monté par un Belge il y a une vingtaine d'année. Il n'est malheureusement pas là. On se retrouve bientôt au milieu de grosses machines outils avec de gros bruits de ferraille. Après le calme de la bambouseraie, le contraste est fort… Mais l'installation est impressionnante. Pendant tout le chemin, Michel me raconte de nombreuses et belles histoires qu'il a vécu ici, avec un petit peu d'amertume dans la voix.

Nous retrouvons les Cayes d'où Michel rejoint Madame Bernard, tandis que je profite du bateau de l'hôtel pour revenir à Cacoq. A bord, il y a Yvan, un Suisse rencontré deux jours auparavant à l'orphelinat qui se repose à Port Morgan. Yvan a travaillé pendant plus de quinze ans pour le Haut Commissariat aux Réfugiés de l'ONU. Il connaît le système humanitaire par cœur. Je le questionne, lui demande nombre de précisions. Il raconte, explique patiemment. Nous parlerons ainsi longtemps dans le bateau puis au bar de l'hôtel. Encore une rencontre très riche.

Je peux rejoindre l'orphelinat riche de nouvelles connaissances, de nouvelles réponses, de nouveaux projets qui se profilent tout doucement dans la tête.

A tout à l'heure

 

PS : Je sais ces derniers temps, je n'ai pas été très bavard. C'est que mes derniers jours à l'orphelinat ont été encore plus occupés qu'à l'habitude et je n'ai pris que très peu de temps pour aller au bateau et donc écrire. Je vais essayer de combler le retard avant de partir vers les petites Antilles.