je vais faire un petit tour

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samedi, mars 17, 2007

Le canote à Lifen

C'était un dimanche. J'avais bien dormi. En voyant le ciel bleu, la lumière encore dorée, le sourire me vint tout seul, comme souvent…

Grand Citron Vert était calme et se réveillait tranquillement en se mouvant autour de son ancre. Intérieurement, je savais que nous n'allions pas travailler pour l'hôtel. Mais qu'importe. Cela me laissait du temps pour écrire, peindre ou autre.

Après le petit déjeuner, Lifen est venu avec un grand sourire. C'était le grand jour pour lui. Il avait fini de faire coudre ses voiles. Son mât était gréé sur son canote. Il l'avait essayé la veille. Mais, aujourd'hui, il voulait m'emmener… Quand j'eu la confirmation de l'hôtel, le sourire de Lifen redoubla. Qu'importe les 100 dollars Haïtien qui s'envolait avec la nouvelle, la navigation avec moi sur son canote était plus importante. « Je viens te chercher à 11h missié Patrick » « Patrick Lifen, siouplé, Patrick sans Missié »

11h pétante, le canote s'amarre à GCV. Je ne suis pas à bord. Didier, à l'hôtel, m'entretien du fait que je pourrai m'installer là, dans la petite kay près de la plage, qu'il lui faudrait un mec comme moi, mais en indépendant, pour organiser les loisirs des clients : voile, cheval, plongée… « Et puis, tu pourrais organiser des courses de bâtiments pays pour les locaux. Ça ferait de l'animation entre les villages… » J'y penserai… Tout en sachant très bien qu'organiser les loisirs de quelques nantis qui viennent prendre le soleil et oublier Port au Prince dans ce bel endroit ne m'intéresse nullement voire me rebute profondément.

Lifen m'attend. C'est beaucoup plus important. Son grand fils est là avec lui. Le canote fait autour de six mètre. La coque, tout en bois, est en V et s'évase jusqu'à l'arrière pour devenir presque plate. L'immense grand-voile est à poste tenu par son long gui (la bôme) et son pic, les deux en bambou. Le fils déroule le foc. Lifen borde la grand voile avec l'écoute que je lui ai donné la semaine passée. Pas de poulie. L'écoute passe dans un trou dans le tableau arrière. Quand il y a peu de pression, le frottement suffit au blocage. Quand l'air rentre, il fait un nouvel aller-retour sur le gui et bloque l'écoute par une bande su l'écoute même… J'ai eu un instant envie de lui donner des solutions pour facilité le système. Mais, ça marche tellement bien que je me tais.

On sort de la biae. Cap vers la grande terre. Il y a à peine dix nœuds. On glisse tranquille. Bien sûr, un voilier serait sidéré de la forme de la grand voile neuve avec tous ses plis partout. Mais la encore, ça marche et plutôt pas mal. On remonte bien au près. Au rappel passif, je savoure ; Quel bonheur de pouvoir naviguer local avec un capitaine fier, simple et compétent, bien loin du marin timoré qui travaille sur GCV. La journée est belle. Nous sommes presque les seuls sur ces eaux habituellement si pleines de voile. Tout est calme. Ça glisse en douceur. La vie vous réserve de beaux moments parfois.

Lifen commande son fils pour larguer une ligne. Le vent rentre un peu. On ballaste avec des sacs de sable. Je fais un peu de rappel comme en dériveur pour le fun et me rappeler mes jeunes années en 420. Le vent n'est pas encore assez fort pour faire contrepoids en s'appuyant sur les avirons complètement à l'extérieur du bateau. Je laisse mon esprit gambader. C'est bon. L'orphelinat est bien loin. Ce sont de nouvelles joies, très différentes.

Lifen me tire de mes rêveries pour me confier la barre. Je m'installe sur le petit pont arrière. La barre est équilibrée. Le cap est stable. Un vrai bonheur. On remonte vers le petit îlot Permontois. Lifen est concentré sur sa ligne. Son fils me regarde un peu étonné de voir un blanc avec un grand chapeau de paille prendre du plaisir sur le bateau de noir de son père. Décidément le monde n'est pas comme celui que l'on lui a écrit à l'école. On vire de bord pour rentrer déjà. Mais le petit déjeuner est déjà loin. Je leur propose qu'après l'arrivée, on se fasse une grande plâtrée de riz avec des œufs et des tomates. On est au travers. La canote file bien. Les sourires sont sur nos visages. Je m'amuse à la barre et profite du petit tirant d'eau pour raser le gros rocher qui marque l'entrée de la baie de Cacoq.

L'eau est turquoise. La mer plate. Le sillage du bateau s'éloigne rapidement. Un petit et un dernier souffle nous emmène jusqu'à la petite pointe qui ferme le trou à cyclone où GCV est mouillé. Petite remontée au près en deux bords. J'apprête la manœuvre d'accostage en prenant garde aux risées. L'étrave vient mourir à quelques centimètres de la jupe. Je ne suis pas peu fier de la manœuvre…

Pendant que je fais cuire le riz et notre petit frichti improvisé, Lifen et son fils range les voiles. Mes deux invités apprécient ma cuisine et ne laisse rien de ce qu'il y avait dans la casserole. Ils me quittent après notre petite conversation digestive. Une petite sieste et je vais préparer mon sac pour ma semaine à l'orphelinat.

Meci anpil Lifen, des moments comme ça, aussi simple et intense, ça ne s'oublient pas.

A tout à l'heure

PS : Merci pour tous les mails que j'ai reçu pour les parrainages d'enfants et le financement des travaux du mur. Je sais que vous avez beaucoup de choses à faire, pleins de choses à penser. Mais, si pour les parrainages, rien ne presse (enfin tout est relatif), il n'en est pas de même pour le mur. Il y en a pour trois semaines au moins de travaux et j'aimerai bien qu'ils commencent (est-ce raisonnable de rêver à ce qu'il soit fini ?) avant mon départ dans la deuxième moitié du mois d'avril. Si vous avez quelques velléité pour apporter votre obole. Merci de me le faire savoir très vite.

2 Comments:

  • Je sais pas chez vous mais c'est illisible sur mon navigateur donc Ctrl-C/Ctrl-V :

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    C'était un dimanche. J'avais bien dormi. En voyant le ciel bleu, la lumière encore dorée, le sourire me vint tout seul, comme souvent…

    Grand Citron Vert était calme et se réveillait tranquillement en se mouvant autour de son ancre. Intérieurement, je savais que nous n'allions pas travailler pour l'hôtel. Mais qu'importe. Cela me laissait du temps pour écrire, peindre ou autre.

    Après le petit déjeuner, Lifen est venu avec un grand sourire. C'était le grand jour pour lui. Il avait fini de faire coudre ses voiles. Son mât était gréé sur son canote. Il l'avait essayé la veille. Mais, aujourd'hui, il voulait m'emmener… Quand j'eu la confirmation de l'hôtel, le sourire de Lifen redoubla. Qu'importe les 100 dollars Haïtien qui s'envolait avec la nouvelle, la navigation avec moi sur son canote était plus importante. « Je viens te chercher à 11h missié Patrick » « Patrick Lifen, siouplé, Patrick sans Missié »

    11h pétante, le canote s'amarre à GCV. Je ne suis pas à bord. Didier, à l'hôtel, m'entretien du fait que je pourrai m'installer là, dans la petite kay près de la plage, qu'il lui faudrait un mec comme moi, mais en indépendant, pour organiser les loisirs des clients : voile, cheval, plongée… « Et puis, tu pourrais organiser des courses de bâtiments pays pour les locaux. Ça ferait de l'animation entre les villages… » J'y penserai… Tout en sachant très bien qu'organiser les loisirs de quelques nantis qui viennent prendre le soleil et oublier Port au Prince dans ce bel endroit ne m'intéresse nullement voire me rebute profondément.

    Lifen m'attend. C'est beaucoup plus important. Son grand fils est là avec lui. Le canote fait autour de six mètre. La coque, tout en bois, est en V et s'évase jusqu'à l'arrière pour devenir presque plate. L'immense grand-voile est à poste tenu par son long gui (la bôme) et son pic, les deux en bambou. Le fils déroule le foc. Lifen borde la grand voile avec l'écoute que je lui ai donné la semaine passée. Pas de poulie. L'écoute passe dans un trou dans le tableau arrière. Quand il y a peu de pression, le frottement suffit au blocage. Quand l'air rentre, il fait un nouvel aller-retour sur le gui et bloque l'écoute par une bande su l'écoute même… J'ai eu un instant envie de lui donner des solutions pour facilité le système. Mais, ça marche tellement bien que je me tais.

    On sort de la biae. Cap vers la grande terre. Il y a à peine dix nœuds. On glisse tranquille. Bien sûr, un voilier serait sidéré de la forme de la grand voile neuve avec tous ses plis partout. Mais la encore, ça marche et plutôt pas mal. On remonte bien au près. Au rappel passif, je savoure ; Quel bonheur de pouvoir naviguer local avec un capitaine fier, simple et compétent, bien loin du marin timoré qui travaille sur GCV. La journée est belle. Nous sommes presque les seuls sur ces eaux habituellement si pleines de voile. Tout est calme. Ça glisse en douceur. La vie vous réserve de beaux moments parfois.

    Lifen commande son fils pour larguer une ligne. Le vent rentre un peu. On ballaste avec des sacs de sable. Je fais un peu de rappel comme en dériveur pour le fun et me rappeler mes jeunes années en 420. Le vent n'est pas encore assez fort pour faire contrepoids en s'appuyant sur les avirons complètement à l'extérieur du bateau. Je laisse mon esprit gambader. C'est bon. L'orphelinat est bien loin. Ce sont de nouvelles joies, très différentes.

    Lifen me tire de mes rêveries pour me confier la barre. Je m'installe sur le petit pont arrière. La barre est équilibrée. Le cap est stable. Un vrai bonheur. On remonte vers le petit îlot Permontois. Lifen est concentré sur sa ligne. Son fils me regarde un peu étonné de voir un blanc avec un grand chapeau de paille prendre du plaisir sur le bateau de noir de son père. Décidément le monde n'est pas comme celui que l'on lui a écrit à l'école. On vire de bord pour rentrer déjà. Mais le petit déjeuner est déjà loin. Je leur propose qu'après l'arrivée, on se fasse une grande plâtrée de riz avec des œufs et des tomates. On est au travers. La canote file bien. Les sourires sont sur nos visages. Je m'amuse à la barre et profite du petit tirant d'eau pour raser le gros rocher qui marque l'entrée de la baie de Cacoq.

    L'eau est turquoise. La mer plate. Le sillage du bateau s'éloigne rapidement. Un petit et un dernier souffle nous emmène jusqu'à la petite pointe qui ferme le trou à cyclone où GCV est mouillé. Petite remontée au près en deux bords. J'apprête la manœuvre d'accostage en prenant garde aux risées. L'étrave vient mourir à quelques centimètres de la jupe. Je ne suis pas peu fier de la manœuvre…

    Pendant que je fais cuire le riz et notre petit frichti improvisé, Lifen et son fils range les voiles. Mes deux invités apprécient ma cuisine et ne laisse rien de ce qu'il y avait dans la casserole. Ils me quittent après notre petite conversation digestive. Une petite sieste et je vais préparer mon sac pour ma semaine à l'orphelinat.

    Meci anpil Lifen, des moments comme ça, aussi simple et intense, ça ne s'oublient pas.

    A tout à l'heure


    PS : Merci pour tous les mails que j'ai reçu pour les parrainages d'enfants et le financement des travaux du mur. Je sais que vous avez beaucoup de choses à faire, pleins de choses à penser. Mais, si pour les parrainages, rien ne presse (enfin tout est relatif), il n'en est pas de même pour le mur. Il y en a pour trois semaines au moins de travaux et j'aimerai bien qu'ils commencent (est-ce raisonnable de rêver à ce qu'il soit fini ?) avant mon départ dans la deuxième moitié du mois d'avril. Si vous avez quelques velléité pour apporter votre obole. Merci de me le faire savoir très vite.

    By Blogger dino, at 13:24  

  • Pat, si tu modifie l'affichage de ton article, n'hésite pas à effacer mon commentaire précédent.


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    Hasta tout-à-l'heure!

    By Blogger dino, at 13:27  

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