je vais faire un petit tour

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dimanche, février 11, 2007

Dans l'orphelinat...

C'était un mercredi. Celui du « grand saut ». Je n'allais plus faire des visites de quelques heures mais m'installer à l'orphelinat, prendre possession de la chambre qui m'était attribué, commencer des travaux que je ne connaissais pas. J'eu quelque mal à me mettre en route trouvant toujours quelque chose à faire avant de me mettre sur le chemin. Après un bon repas et une courte mais efficace sieste, sac sur le dos, je me mettais en route. Le chemin, je le connaissais : Trou Milieu et ses mornes, Soulette et ses grands « bâtiments pays », Canobert et son atmosphère tout' douce, Grands Sables et ses habitants souriants et enfin Madame Bernard, lieu du marché du lundi et du jeudi et fief des congrégations catholiques ainsi que de l'orphelinat Saint François.

En marchant, je croise de nombreuses personnes, habitantes ou passante. « Bonjou', comen ça va ? » « papimal, i vou ? » « papimal, ad pitar ». Le chemin me paraît plus court que la première fois. L'habitude certainement. J'arrive enfin à l'orphelinat en sueur évidemment. Je vais voir Michel tout de suite. Il m'accueille chaleureusement, m'ouvre ma chambre, m'explique moult petits détails puis me laisse m'installer. La chambre fait un peu moins de 10 m2. Les mûrs, peints en blanc, sont un peu décrépis. Le plafond commence à montrer des points de faiblesse,. Le sol est en béton lissé. En plus de la porte, deux ouvertures avec des volets pivotants permettent   de profiter un petit peu de la lumière du jour. Un lit simple et un bureau aménage le lieu. Un coup de balais, je secoue le matelas, installe le drap, la moustiquaire que me prête Michel et un fil de fer qui me servira à étendre mes affaires.

Michel me propose de faire le grand tour de l'orphelinat. A mon passage précédent, je n'avais pas tout vu particulièrement dans le fond du terrain après le manguier. D'abord des latrines condamnées car pleines mais qui servent toujours? A côté, des douches et la machine à laver que Michel à fait venir, un ancien pédalo auxquels les pédaliers ont été connectés avec un gros tambour. Le pavillon qui était l'antenne de l'ONG Terre des Hommes sert aujourd'hui un peu pour tout. Le fond du terrain en pente qui va être cultivé. Aux extrémités hautes et basses les grands murs, du fait d'un défaut de conception, ont cédé lors du dernier cyclone, laissant deux ouvertures béantes pour accéder à l'orphelinat et ses trésors. Les habitants du village viennent puiser de l'eau au puits déjà à peine suffisant à l'orphelinat. De nombreux matériels divers disparaissent aussi régulièrement. S?ur Flora n'a pas les finances pour réparer?

Plus haut et en revenant vers le bâtiment principal, un atelier d'ébénisterie tenu par des anciens pensionnaires de l'orphelinat. Sur le terrain, des cochons paissent tranquillement mais laissent aussi leurs déjections à l'air libre. Les enfants se promènent en toute liberté par ici? Nous retournons vers l'entrée pour découvrir l'atelier de couture en face de la pharmacie et du laboratoire et un espèce de foyer où logent des adultes, anciens pensionnaires de l'orphelinat ou autres. S?ur Flora accueille facilement?

Le soleil s'apprête à se coucher. C'est l'heure de la douche. Michel, ingénieux, a remplacé le classique seau par un réservoir avec une vanne qui permet de se doucher avec les deux mains libres et de consommer un peu moins d'eau. On va voir les enfants qui mangent. Je salue S?ur Flora qui me souhaite la bienvenue puis Michel emmène quatre handicapés chanter sous la voûte étoilée. Je le suis avec quelques petits qui chantent avec bonheur. Les autres enfants sont devant la télé à regarder une série quelconque et sans grand intérêt. On passe au repas. Je demande à quoi je pourrais être utile pendant mon séjour. Rien de bien précis pour l'instant si ce n'est la bibliothèque à ranger et une petite plaquette de présentation de l'orphelinat et une carte pour remercier les généreux donateurs. Je masserai aussi les handicapés ainsi que les plus jeunes pensionnaires.

Sébastien, un autiste qui se tape la tête quand il est en crise, s'énerve. Michel le prend pour l'emmener dehors sous les étoiles et essayer de le calmer. Il m'appelle à la rescousse pour l'aider. Je ne sais quoi faire sinon une manipulation de réflexologie sur les pieds. Rapidement, sous notre effet complémentaire, le grand enfant se calme et sourit calmement. La cloche sonne, les enfants vont se coucher. La petite Evelyne, qui m'a adopté dès mon deuxième passage, pleure dans un coin. Je la prend dans mes bras et vais la mener calmement jusqu'à son lit. Il est 8h30. Nous regagnons nos pénates avec Michel. Petite discussion devant les cocotiers. Michel me parle du projet de Soeur Flora de mettre fin à son programme de bain pour les handicapés qu'il a mis en place il y a huit ans à cause du coût trop important mobilisant du personnel et parce que des canadiens lui ont proposé une piscine qu'elle installerait dans l'orphelinat. Il est dépité. J'essaye tant bien que mal de le rassurer et de bien s'occuper de ce programme tant qu'il existe encore. Nous nous souhaitons la bonne nuit. Avant de m'endormir, je prends conscience de l'ampleur des problèmes de l'orphelinat.

Réveil à 6h30. Chi Kong. Puis je rejoins Michel qui est déjà aux petits soins avec ses protégés à qui il donne un jus de fruit. Les enfants scolarisés prennent leur petit déjeuner en uniforme. Les plus petits attendent. Nous aussi. Au menu, une bouillie de céréale avec du pain. Du café pour les adultes? Le régime, quelque soit le repas, est composé de féculent cuit (Manioc, Riz, patates douces ou pomme de terre. Pas ou peu de légumes crus. Rarement des fruits.

Après le petit déjeuner, je m'attelle à ma mission : tri et nouveau rangement des livres avec une nouvelle étagère. A l'ancien classement, se sont rajoutés de nombreux tas très divers. Je classe, je range, je tri. Il y a presque de tout mais principalement des livres d'école, de médecine, religieux ou pour enfants. Le bas de la grande étagère est habité par quelques araignées et blattes. Je fais quelques pauses en parlant avec le comptable qui travaille sur le bureau attenant. Je vois l'heure du repas arrivé avec bonheur. Michel est partie aux Cayes pour diverses affaires et je mange seul avec S?ur Flora que je questionne sur la situation en Haïti qui s'avère de moins en moins brillante. Mais j'y reviendrai plus tard. Petite sieste indispensable et je retrouve mes livres qui auront trouvé tous une place en fin d'après-midi.

Après ma douche, je rejoins les enfants avec qui je joue un peu, que j'aide à rédiger des lettres à leur parrain ou marraine. Nous dînons avec S?ur Flora qui m'entretien de son projet de piscine, de son personnel immobilisé. Je lui parle des problèmes sanitaires que pourrait poser une piscine dans ce lieu mais qu'il pourrait y avoir aussi quelques intérêts. Nous changeons de sujet pour passer à l'orphelinat, aux difficultés financières et d'infrastructure. Je retourne dans ma chambre pour passer une bonne nuit avec un peu de lecture avant. Je suis épuisé et les yeux ne tardent pas à se fermer.

Le lendemain, je range une chambre du pavillon des volontaires pour accueillir l'assistant du médecin qui vient de s'installer dans le dispensaire de Madame Bernard. C'est le seul médecin de l'île qui l'attend depuis de nombreuses années. Je refais un passage dans la bibliothèque pour quelques menues finitions et je passe aux massages des handicapés. Ganté de caoutchouc, je déplie doucement les petits membres recroquevillés pour les ouvrir et faire circuler ce qui est bloqué depuis des années. La plupart des handicapés de l'orphelinat sont porteurs de déficiences physiques sévères accompagnées la plupart du temps de déficiences sensorielles et intellectuelles. Ces massages, que Jean-Luc m'a appris s'ils sont souvent douloureux à l'instant les mettent dans un état de bien-être ensuite qu'il est bon de regarder. Les visages sont sereins, les mains un peu plus ouvertes, les yeux apaisés. Ce n'est pas forcément facile comme intervention, principalement dans la tête, mais quand on voit le résultat, on sait qu'il faut continuer. Je continuerai donc pendant toute la durée de mon séjour ici.

J'ai terminé ma matinée en aidant à ranger la pharmacie parce qu'un contrôleur des services de santé venait faire une visite. Les cartons venu de France ou du Canada s'amoncelait dans le local. Il était temps de faire quelque chose. Je pense qu'une nouvelle étagère viendra compléter les rangements sous peu? Un travail en plus. Je crois que les occupations de toutes sortes ne vont pas manquer. Ça tombe bien, ça manque de cinéma ici?

A tout à l'heure

 

PS : La Taïga Family est partie ce matin vers les Jardins de la Reine, un collier d'îles au sud de Cuba. J'avoue que j'aurai levé l'ancre pour faire route avec eux. Mais il y a quelque chose au fond de moi qui me dit de rester ici. Je ne sais pas si j'y suis utile mais je crois que je n'y suis pas inutile. On va se revoir bientôt. Des relations comme ça, des liens comme ça, on ne peut pas les couper. A tout à l'heure Gaïa, Tahis, Magali et Jean-Luc. Profitez bien de votre voyage qui ressemble à celui que je souhaiterais faire un jour. Merci pour tout ce que vous m'avez apporté.

1 Comments:

  • Bon et bien frère Pat, nous pensons bien à toi et te souhaitons plein de courage;l'école en face te rapelle peut-être St Gab!? c'est bien les mêmes?
    Bon, faute de mieux, donne-nous un RIB international de la banque de l'orphelinat (IBAN)

    By Anonymous Anonyme, at 05:43  

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