je vais faire un petit tour

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dimanche, janvier 21, 2007

Un moustique perturbateur

Cela commence par les articulations. Celle des pieds, je crois. Puis ça remonte jusqu'aux genoux et les membres supérieurs s'en mêlent. Les mains qui s'ankylosent puis les coudes et les épaules. Enfin un léger mal de tête. Rien de bien grave ni pénible. Juste du lancinant. Après une bonne nuit, une bonne journée d'activité, tout disparaît et ne laisse rien derrière lui.

Et puis ça revient, les pieds, les genoux, les mains, les coudes, les hanches, les épaules, la tête, le dos avec un espèce de stress qui se met en place contre ce mal, en l'encourageant finalement. La fièvre monte et ça repart. Un peu de paracétamol ou autres acteurs pour faire baisser la fièvre. Là, on se dit, c'est bon.

Quelques jours, et puis, les pieds, les genoux, les mains, les coudes, les hanches, les épaules, la tête, le dos, le stress, la fièvre qui monte, l'impression de froid de plus en plus forte, l'impuissance face au mal qui envahit, qui empêche de garder la tête froide (sans mauvais jeu de mots?). Quand on a déjà vécu ça , on sait au fond de nous, mais on ne veut pas y croire. Pas déjà. Pas si rapidement. La dernière crise, c'était il n'y a qu'un mois et demi. Alors on va à l'hôpital pour confirmation et la confirmation arrive vite. Cette fois-ci, c'était tranquille, juste 39,8° de température et 24 heures d'hôpital pour voir comment je supporte la Malarone.

C'était samedi matin à l'heure où nous devions prendre la mer. La crise à commencer en rentrant des ultimes courses, et la température est montée toute la nuit. Quand je suis arrivée à l'hôpital, la température redescendait. J'ai faillit écrire le même scénario et attendre une nouvelle crise qui aurait été réellement insupportable.

Le moustique que je disais salvateur pour m'avoir laissé un peu de temps tranquille avant de me lancer dans le grand bain des retrouvailles, s'est rappelé à moi. Je crois qu'il est toujours salvateur. Le premier coup, c'était pour me pauser. Là aussi je pense. La salle commune où je me suis retrouvé pendant ces 24 heures - où ils n'ont pas l'habitude de voir des blancs vu les regards des autres malades (on choisit avant d'être hospitalisé la catégorie de l'hôtellerie. J'ose espérer que c'est la seule chose que l'on choisit...) - m'a montré combien j'avais de la chance d'être là où je suis depuis tant d'année, m'a montré que plutôt qu'être refermé sur mes petits problèmes, mes douleurs passées, mes projets auxquels on ne croit qu'à moitié, « parce que ce serait trop beau », m'a montré que cette traversée sera peut-être la seule avant plusieurs mois et qu'il fallait la boire comme un sirop rare, m'a montré combien  il fallait être heureux de sa vie à chaque instant sans se dire « oui mais », « attention demain ! ». Oui demain peut-être affreux mais si l'on a bien vécu aujourd'hui, il le sera beaucoup moins. Je crois de plus en plus que la vie est ainsi.

Tout cela juste pour dire que nous ne sommes pas partis samedi parce que j'ai fait une rechute de Paludisme, ou Malaria, que je souhaite que nous partions demain mais, qu'étant toujours sous traitement, je reste prudent sur mon état physique général et donc sur notre départ.

Elle est pas belle la vie ?

A tout à l'heure