je vais faire un petit tour

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samedi, janvier 20, 2007

Un moustique salvateur ?

Il fait nuit. Je suis sur le siège arrière d'un taxi, dans un demi-sommeil. La banlieue et ses panneaux publicitaires défilent par la fenêtre. Mes yeux s'attardent sur le croissant de lune qui lui, reste fixe. Je pense à ce mois et demi passé en France de retrouvailles qui sont allés vite, trop vite certainement. Toutes ces choses qui n'ont pas été dites? Toutes ces choses qui n'ont pas été faites? faute de temps.

A la rencontre de deux de ces longs cordons de bitumes qui sillonnent la région parisienne, les voitures n'avancent plus. Un engorgement. Un trop plein? Trop de voiture, ici à cet instant. Je souris quand je remarque que l'on longe l'énorme parking de l'usine PSA-Citroën d'Aulnay-sous-Bois. Il y a trop de voitures mais on continue à en construire. Pour avoir plus. Pour avoir mieux. Comme si ça permettait d'être plus, d'être mieux?

C'est un peu ce qui ressort de ce séjour ? en dehors des retrouvailles ? dans notre beau pays. Une profusion impressionnante. Une surabondance surabondante. Du trop presque agressif. Partout. Toujours. Et puis, à côté, malgré cette période de fête, des personnes au regard triste, au visage insatisfait, à la moue quotidienne. Une grosse envie (aiguisée par les publicitaires toujours plus ingénieux) d'avoir pour croire que l'on est, pour ne pas penser à être.

Et puis les tentes le long du canal Saint-Martin. Et puis des jouets qui n'amuseront que quelques minutes et retrouveront ceux de l'an dernier dans le placard. Et puis des records de vente de psychotropes. Et puis des divertissements toujours plus riches, toujours plus cher. Et puis les Restos du C?ur, la Banque Alimentaire, qui ne devaient pas durer. Et puis l'avalanche de calories indigestes sur les tables. Et puis des cris toujours aussi alarmistes sur l'avenir de la planète Terre qui nous accueille. Et puis cette course folle vers le toujours plus qui ne fait qu'aggraver l'état présent. Et puis des politiques déconnectés qui ne peuvent trouver de réponses adaptées. Et puis des citoyens qui attendent tout d'eux sans se regarder dans la glace. Et puis? Et puis? Et puis?

Alors bien sûr ce n'est de la faute de personne. C'est toujours l'autre, ou plutôt le système, cet espèce de grand sac responsable de tout et bien pratique parce qu'il n'a pas de responsable. Ou bien c'est la faute de tout le monde même si chacun nous faisons un petit quelque chose dans notre coin. Mais, ça ne doit pas être assez vu l'évolution accélérée vers la catastrophe. Comme disent certains : « pour aujourd'hui, on ne peut plus faire grand-chose, alors essayons au moins de penser à demain, à après? » Pessimiste, alarmiste, défaitiste? Plutôt réaliste et optimiste pour pas que le bilan de nos générations soit si négatif que cela.

Finalement rien de nouveau mais après une récréation de quelques mois, ça saute à la figure, ça gène, ça choque, ça affole. Drôle de monde aux idées cartésiennes mais au fonctionnement absurde et immature...

Heureusement, il y a la famille, les amis, qui m'ont montré qu'il y avait autre chose que cette profusion, que ce qui fait vivre, c'est le c?ur pas le portefeuille, qu'il soit à droite ou à gauche. Des moments fabuleux, toujours trop courts, où l'on montre juste que l'on va à peu près bien là où est chacun, que la route continue parce qu'on le veut, parce qu'on l'a choisit.

Ce fut une course un peu effrénée commencée tranquillement dans un lit d'hôpital (du moins après quelques après mon admission aux urgences). Une halte un peu curieuse qui m'a permis finalement de reprendre contact doucement depuis un endroit protégé. Puis une escale revigorante à la montagne pour respirer un bon coup avant d'attaquer la tournée des grands ducs qui s'est accélérer au fur et à mesure qu'on avançait. C'était génial de passer chez chacun prendre un pot, déjeuner ou dîner, au mieux dormir et passer quelques jours. C'était génial mais épuisant parce que mon organisme n'était plus habitué à toute cette profusion. Mais merci, jamais ça n'a été un déplaisir. Mais, un mois et demi à ce rythme,je n'aurai pas tenu? Dois-je remercier le moustique qui m'a transmis le palu ? Allez savoir?

Je suis bien arrivé à Curaçao mardi dernier. Un petit coup de fièvre histoire marquer le coup, vite guérit grâce à la médecine douce de Michel. qui part avec moi.  J'ai retrouvé un Grand Citron Vert qui s'alanguissait près de son quai. Dès demain samedi, il va regaloper sur la mer pour traverser celle des Caraïbes et se poser en Haïti, sur l'île à Vache exactement, pour quelques mois je crois. Il paraîtrait que c'est un des pays les plus pauvres du monde. De la profusion à la rareté, il n'y a qu'un pas? Non ?

A tout à l'heure

 

PS : Merci à tous ceux qui ont répondu d'une manière ou d'une autre à mon petit mail de début décembre. Je vous tiendrai au courant de ce à quoi tout cela aura servi.

Merci à tous ceux qui m'ont accueilli, toujours avec le sourire, toujours avec envie malgré un quotidien pas toujours facile. J'écrivais au début de ce voyage que les liens ne se défaisaient jamais. Aujourd'hui, j'en suis encore plus sûr.

Merci à celles et ceux que je n'ai pas visité de ne pas m'en vouloir. On va dire que ce sera plus agréable de causer près du barbecue l'été prochain?

Si vous voulez mettre un peu de piquant et d'animation dans cette campagne qui s'annonce plutôt morne, allez signer l'appel pour que ce bon José se présente ( http://www.unisavecbove.org/ ). Il parait qu'il risque de faire campagne depuis sa cellule de prison pour avoir couper quelques pieds de maïs pas très naturels. Au moins il ne dépensera pas trop de carburant pour faire sa campagne?

1 Comments:

  • salut Patrick,
    ça fait plaisir de te lire à nouveau, je me suis sentie bien seule sans tes récits et commentaires depuis plusieurs semaines... mais ça y est, tu nous en mets dès ce début d'année plein les neurones à réfléchir et savourer ta prose : merci !!!
    J'avais espéré avoir le plaisir de te croiser dans les allées du Salon Nautique ou par hasard sur un quai de Bretagne, mais il me faudra attendre d'autres temps, d'autres lieux... le départ de la Mini peut-être ?
    Merci de continuer à nous ouvrir les yeux, nouzot' pov' attardés consuméristes, sur les réalités de nos existences bien trop matérialistes... ce matin j'ai tout bonnement envie de me regarder dans la glace comme tu dis, parce que j'ai fait mon marché avec mon panier (et non pas leur cabas en synthétique) en allant à pied jusqu'au magasin (et non en voiture)... le vent mauvais ne m'a pas trop gênée et comme çà j'ai pu constater que les lilas bourgeonnent...
    Merci encore, j'espère bientôt te lire à nouveau. Et c'est promis, je regarde le site de José, avant d'aller voir si Jo Le Guen, de retour de sa transat à la rame, a repris du collier...
    Bonnes bises et attention aux yen-yens !

    By Anonymous Anonyme, at 11:08  

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