je vais faire un petit tour

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mardi, octobre 17, 2006

Memoire du passe

Cela faisait plusieurs jours qu'on tournait autour. Sans vraiment savoir ce qu'elle était. Juste une photo dans un guide nautique en anglais. Un regard rapide sur une carte. Puis une discussion où l'on était d'accord pour aller là-bas.

La petite voix, encore elle?

Cela faisait donc plusieurs jours. Elle est apparue sur l'horizon, d'abord. Imposante au-dessus de petites îles coralliennes refuges de mangrove. Le pied vert, le flanc ocre, la tête verte et plate. Imposante et fantomatique car pleine de secrets, forcément. Depuis le mouillage de Boca Seca, où nous avons laissé volontairement sur le fond de sable la signature de GCV et où nous nous sommes sentis si bien à chasser, plonger, se balader le long de la longue plage, regarder le soleil se coucher. Elle nous regardait depuis le nord ouest, mais encore loin. Depuis Cayo Sombrero où nous avons joué au Robinson quelques jours. Elle nous observait de l'ouest, plus proche mais aussi plus cachée. Enfin, depuis Chichiriviche et le Cayo Los Muertos où nous avons ravitaillé et testé notre faculté à enlever un bout dans l'hélice? Elle s'est rapprochée et nous invitait du sud ouest, cette fois-ci juste de l'autre côté d'une mince bande de terre. Inconsciemment nous nous sommes sentis prêts. Nous nous y sommes dirigés.

Un premier mouillage, d'approche, dirons-nous. Pour ne pas rentrer directement dans le site. Pour ne pas tout gâcher par la précipitation. A distance raisonnablement respectueuse mais suffisamment proche pour déjà s'imprégner.

Les pieds verts de mangrove. Le corps ocre de falaises. La tête verte d'arbres imposants aux troncs tortueux et majestueux et plate comme le sont les montagnes de calcaire. Une vraie invitation à la découverte malheureusement impossible depuis la rive. La végétation est impénétrable comme pour garder un secret. Mais, tout le reste de la journée, pour le coucher du soleil, dans la nuit, sous la lune naissante, puis au petit matin, pour renaître avec les éléments qui nous entourent, le regard ne la quitte plus, comme aimanté.

Ces falaises imposantes, magnétiques, impressionnantes sont d'origine corallienne. Depuis sept millions d'années, elles se font sculpter par la pluie et le vent. Plus que sculpter, architecter, reconstruit pour offrir aujourd'hui des vallées, des cavernes, des puits profonds et verdoyant, des cratères profonds et protecteurs. Une mémoire de la mer à ciel ouvert. Une mémoire d'un peuple, les Caquetios, qui en avait fait un sanctuaire de vie. Ce que nous redonne l'endroit aujourd'hui. Cette puissance, cette sérénité, vient certainement de là.

Le lendemain de notre arrivée, nous nous sommes rapprochés franchement. Nous devions être prêts. GCV, à présent à moins de cinquante mètres de la rive, est à présent juste au pied d'une des plus hautes falaises, à quelques brasses du puits le plus important. Nous y allons tous ensemble avant le coucher du soleil faire notre Qi Kong quotidien. Tous les six, pour la première fois. Tous les six au fond de ce puit profond d'une centaine de mètres. Tous les six dans cette atmosphère un peu inquiétante, entre cris de chauve-souris et bruissements dans les branchages. Tous les six à faire les mêmes exercices régénérant. Il règne entre nous une atmosphère étonnante. Une union que nous ne dominons pas. Peut-être une communion. Le lieu nous unit dans cette prise d'énergie commune. Nous en sortons sereins, nourris, ensemble?

Le lendemain, avant le levez du soleil, je retrouve des sensations rencontrées au Machu Pichu, à Iguaçu, devant les glaciers en Patagonie et dans tant d'autres lieux riches spirituellement. Je suis assis sur la poutre avant, jambes pliés, bras retenant le corps aux genoux. Je me sens tout petit devant cette falaise qui se colorie peu à peu. En même temps, je ne fais qu'un avec elle, comme si nous étions en dialogue intime. Je ne comprends pas. Je laisse faire. Je laisse vivre cet instant exceptionnel que je ne maîtrise pas. Je suis submergé par la beauté, par le magnétisme, par l'énergie du site. C'est peut être trop. Je ne sais pas encore recevoir autant. Pour calmer ce bouillonnement intérieur, je vais seul, plus loin, dans une autre excavation à l'entrée étroite. L'endroit fut certainement sacré. L'est toujours si l'on en croit l'ultra présence de l'infini fétichisme humain à travers ces moult vierges en plâtre, ces photos de personnes certainement en détresse ou en demande, de grades d'officiers ou sous-officiers peut-être partis à la guerre. En tout cas, il émane du lieu quelque chose de puissant, encore une fois.

Je grimpe entre les rochers et la végétation, m'assoie sur une grande pierre presque plate. Je reste là, seul, respirant ce lieu que je sais que je ne recroiserai plus. Quelques dizaines de minutes plus tard, je reviens à moi et me réfugie dans le grand arbre aux multiples racines qui accueille le visiteur sur la plage. Il connaît bien le lieu, lui. C'est chez lui. Ces racines puisent l'énergie de la terre mère, la multiplicité de ce que donne la Pacha Mama, pour l'unifier dans son large tronc rassérénant et l'emmener vers le ciel.

A bord de Petit Citron Vert, l'Optimist du bord, mon moyen de transport préféré dans les mouillages, je ressors de l'endroit très troublé. J'ai besoin d'être seul. En rejoignant GCV, je sais que je ne peux pas. J'intériorise, quitte à ce que mon silence soit désagréable. J'ai besoin de digérer tout ce que ce lieu m'a offert. Il faut du calme. Extérieur comme intérieur. Pas facile?

GCV s'éloigne. Les falaises du Cerro Chichiriviche rapetissent. On retourne au village récupérer les cours du CNED de Tom, refaire un dernier plein de frais. Demain, nous partons vers les Aves, îlots perdus dans la mer des Caraïbes. Autre lieu, autres sensations, autre voyages intérieurs et partagés.

A tout à l'heure
 
PS : Depuis, nous sommes allés aux îles Aves, deux groupes d îles coralliennes paumes dans la mer des Caraïbes. Disfrutage au soleil, chasses passionnées et de plus en plus fructueuses et nouveau rythme sur le bateau avec l'arrivée des cours du CNED. C est studieux le matin. Nous sommes sur l'île de Bonaire qui appartient aux Antilles Néerlandaises. On part pour Curaçao Dimanche. Tout cela a un petit air occidentale dans la manière de vivre. Je vous raconterai promis jure.
Petit message a tous ceux qui m'ont envoyé des mails et a qui je n'ai pas répondu. Je prendrai du temps a Curaçao. Ici la vie est trop trépidante ou farniente pour passer sa vie dans les cyber café. La bise
 

2 Comments:

  • Cette manière de faire passer ce que tu ressens me fait penser au livre de Henri Gougaud "les 7 plumes de l'aigle". On s'y croirait presque!
    Pierre

    By Anonymous Anonyme, at 08:40  

  • comment tu n'est pas en permanence au cyber café rhum !!! pour ta peine 2 mois de plus sans sursis.bien fait nous on restes prés de la cheminée bien au chaud comme toi ,courage et abientot janiffe

    By Anonymous Anonyme, at 16:36  

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