C'était le dimanche de Pâques. J'étais dans le petit village de Guaqui, sur les rives du lac Titicaca. Le froid et une angine m'empêchait d'apprécier totalement l'environnement dans lequel j'étais. Ce dimanche était gris, un peu pluvieux, le village se reposait des agapes de la veille. Je m'étais forcé à sortir de dedans mon sac de couchage lui-même protégé par trois couvertures de laines. Couvert au maximum que je le pouvais, je suis allé me promener sur les rives du lac, vers l'ancien port, la gare puis le long du lac entre quelques roseaux où gambadaient de ci delà quelques cochons. Et puis au milieu des grandes herbes, j'ai vu le tas d'immondices, principalement des bouteilles, des sacs et toutes sortes d'emballages qui avaient comme point commun d'être en matière plastique. Si personne n'allait les brûler - ce qui n'est de toute façon pas une solution vu les émanations nocives de gaz de toutes sortes -, tout cela resterait pendant plusieurs siècle avant de disparaître totalement.
Rien de bien nouveau, me direz-vous. Mais, cette triste découverte m'a fait réfléchir, une fois de plus. Autrefois, les personnes qui habitent ici jetaient tout dans la nature : déchets organiques, papier, carton, boites de fer blanc. Tout disparaissait peu à peu. Les dernières, plus longues à disparaître, rouillaient en quelques mois avant de disparaître totalement au bout d'une dizaine d'années, nourrissant quelque peu la terre qui les accueillait. Le verre, quant à lui, ne disparaît jamais mais ce recycle lui-même en sable quand il se brise, avec l'aide du vent, de l'eau et des pierres. Puis sont arrivés les plastiques, le fer traité ou peint et l'aluminium, matières produites pour durer qui mettent donc du temps à disparaître totalement. Mais, si dans nos sociétés, nous avons suivis cette évolution en organisant tant bien que mal, et souvent en faisant l'autruche, le recyclage. Ici, rien ou presque n'a été fait. Les multinationales ont mis en vente tous leurs produits markétés dans de superbes emballages parait-il plus pratiques, certainement moins chers, en tout cas plus polluants, qui rejoignent leurs ancêtres, dans les champs, les rivières, les forêts ou les fleuves (toutes les villes bordant l'Amazone, les bateaux qui y naviguent jettent leurs détritus dans l'eau...). Avec ces nouveaux emballages, on a jeté une nouvelle petite bombe à retardement pour l'environnement.
Ça m'a fait prendre conscience d'une manière de faire de notre civilisation : on prend, on profite, on jette. Différemment : on découvre, on exploite, on abandonne. Ou encore : on attire, on pressure. Bref, on trouve un bon filon, on l'exploite au maximum sans faire attention aux conséquences quelles soient humaines ou environnementales, et quand le filon est épuisé, de plus en plus rapidement aujourd'hui, puisqu'il faut devenir de plus en plus riche, de plus en plus vite, on va chercher ailleurs en laissant tomber tout ce qui entourait cet exploitation. C'est vrai aujourd'hui. C'était vrai hier. L'Amérique du Sud, à l'instar de Potosi, de la forêt auricanienne, de l'Amazonie, des rives atlantiques du Brésil où la surexploitation des terres avec la canne à sucre, puis le café, le cacao les a réduit à la désertification. J'en ai déjà parlé de tout ces lieux que le capitalisme à laisser tomber voire laisser dans une misère à peine supportable.
Ici, à Margarita, c'est un peu la même chose qui s'est passé avec le tourisme. Les Etazuniens (les Américains sont les habitants de tout le continent...) ont trouvé cette île tout à fait à leur goût pour aller cuir au soleil, boire de la bière et dépenser leur dollars en boite de nuit et dans les machines à sous. Le gouvernement vénézuelien d'alors s'est précipité sur l'occasion pour en faire une zone franche, où donc les taxes ont été réduite à zéro. Résultat comme partout dans le monde dans ce cas là : urbanisme sauvage et construction souvent non-terminée. L'investisseur à tous les droits. L'état s'écrase, quand ses représentants ne touchent pas au passage. Le dollars coulait ici à flot. Et comme partout où ce genre de tourisme existe, il est accompagné de la prostitution, de la drogue et autres compromissions diverses. Et puis en 1992, Chavez est arrivé, non comme Zorro, mais comme un homme qui voulait que le peuple vénézuelien profite un peu des réserves de pétrole de leur pays. Il a fait un grand bras d'honneur aux Etats Unis. S'est fait renverser comme sait si bien le faire la CIA, mais un peu moins violemment que dans les années 70 - c'est à dire sans tuer le cef d'état renversé. Résultat aux élections qui ont suivies, le grain de sable de l'Amérique du Sud s'est fait réélire presque plébisciter. Entre autres conséquences pour le pays, les touristes étazuniens, de peur de l'image du nouveau président que les médias ont su lui torcher, ont fui l'île de Margarita. Résultat : partout des immeubles non terminés, des commerces fermés, une impression de pays abandonné dans de nombreux quartiers. Le centre de Porlamar garde toutefois ses quelques rues piétonnes avec boutiques de luxe et ses hôtels boites à sardines avec vue sur la mer. Mais l'impression première, comme les suivantes, est d'être dans un endroit à présent oublié du tourisme de masse et de ses dollars, avec les conséquences que cela a pu avoir sur les habitants de l'île : l'envie d'avoir autant que ceux qui viennent griller au soleil, le tentation logique de voler ceux qui ont, l'insécurité, un peu de misère, une déstabilisation totale de l'économie locale. Heureusement, l'ambiance ici est carabienne. Les gens gardent le sourire et le sens de la vie. La fête est partout et le plus souvent possible. Et puis les Vénézuelien se sont réaccaparés leur perle des Antilles, presque que pour eux.
Au milieu de tout ça existe un petit noyau de plaisanciers voyageurs ou non. Le Vénézuela n'est qu'à trois jours de mer de la Martinique et est à l'abri normalement des cyclones. Nombreux sont ceux qui viennent s'abriter ici le temps de la longue saison qui dure de début juin à décembre. Porlamar est un des spots - une centaine de voiliers y mouille. Chacachacare, à l'autre bout de l'île, en est un autre avec un chantier qui permet de faire l'entretien du bateau au sec avec tout le confort des chantiers européens, voire plus. Et puis la côte abrite de nombreux endroits tout aussi accueillant.
Cela fait deux mois que GCV est arrivé à Porlamar. Je l'ai emmené aux Roques, puis sur la côte vers Mochima. On a fait un petit tour sur l'île de Coche avec la GCV's family*. On attend encore quelques matériels pour finir les travaux. Et puis on trace la route. On est tous impatient. La ôte d'abord puis les Roques où l'on compte bien rester plusieurs semaines tranquillement à plonger dans cet aquarium géant avec des journées sans travaux. Après la Colombie, les San Blas et... le Pacifique.
A tout à l'heure
* la GCV's family pourrait englober tous ceux qui de près ou de loin ont fait que ce bateau est ce bateau, mais au coeur de cette histoire, il y a quatre personnes de grande valeur : Maggy, Etienne et leur deux matelots rigolos, Tom et Tim..
4 Comments:
Ah les salauds ils sont partout... mais tu nous dis pas ce que tu en as fait?
Bob
11:50 AM
By Anonyme, at 01:00
le retour en france il y a un mois a ete dur, on repart au mexique pour quelques semaines!
au fait on adore ta nouvelle coupe et c'est toujours un plaisir de te lire! besos claire et reno
By Anonyme, at 01:01
on peut témoigner qu'avec eux "pas de blabla des actes".....
By Anonyme, at 20:09
Grand citron vert! nous nous sommes rencontrés,(l equipage d Equinox Alexandra et Etienne et son papa)à La rochelle puis à Tenerife,apres la tempete!!!
j ai suivi un moment votre periple et puis depuis qqs annees plus rien
Si vous tombez sur ce message un petit coucou serait le bien venu.
Alexandra Etienne et Elise apres une annee sont revenus à toulouse,Elise a eu un petit frere Virgile,et Equinox vient de changer de proprietaire et va repartir pour une nouvelle aventure.
Bien amicalement,jeanmarie le papa d Etienne
By Unknown, at 17:02
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