je vais faire un petit tour

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mercredi, juillet 19, 2006

10 mois... et toujours du bonheur

Le bassin s'était vidé de l'agitation du départ de chaque concurrent. Les pontons étaient déserts. Le moteur d'Edulis ronronnait depuis un moment. Des amis sont venus faire un dernier "à tout à l'heure" forcément émouvant. Le bateau s'est déhalé du quai. Un dernier regard, un dernier salut et puis... Ne plus se retourner. Ce voyage, qui me mènerait je ne sais où,  je le sentais au plus profond de moi. Il ne fallait plus penser à ses dernières semaines de séparations émouvantes avec tous ceux qui enveloppaient ma vie depuis des années. Passage de l'écluse. Des saluts, des regards connus qui sourient. Et puis, le grand chenal qui mène au delà des Minimes. Ne plus se retourner. Ne plus jamais se retourner. Le voyage, c'est devant, c'est le présent à 100%. C'est l'avenir à court terme qui se présente chaque matin au réveil. Les premiers jours de navigation vers le Canaries s'annonçaient au mieux. Un joli prémisse pour la suite. Tout devait bien se passer. Tout allait bien se passer. Le sourire, comme le soleil, était sur mon visage.
C'était il y a exactement 10 mois. Soit un peu plus d'une année scolaire.
Une année scolaire, ce peut être très long pour les enfants, très court pour les adultes. Pour moi, c'est un peu des deux. J'ai l'impression d'être parti depuis des siècles. A la fois, ce départ de La Rochelle me parait encore tout proche. Ces dix mois on été particulièrement riches  - je l'ai souvent dit - en rencontres, en paysages enjôleurs, en expériences diverses... Il y a eu aussi des fins et des séparations difficiles mais pour mieux encore remplir le coeur. Ces dix mois ont été riches aussi intérieurement. Ma vision de la vie a évidemment évolué, vers plus de simplicité, de sérénité, d'acceptation de l'imprévu, d'ouverture. Mes buts ne sont plus les mêmes, moins influencés par l'importance du paraître ou de l'utile de notre société. Je ne sais pas ce que je suis venu chercher sur cette route mais j'y ai trouvé beaucoup de choses, notamment à l'intérieur de mon être. Une impression d'en savoir de moins en moins tout en comprenant de mieux en mieux.
Et puis cette petite voix qui s'est faite une place de plus en plus importante pour devenir presque primordial. Et après une période de doute quant à un éventuel retour relativement proche, avec un retour à un ersatz de ce que j'ai vécu avant, forcément insatisfaisant, j'ai aujourd'hui la certitude que je dois continuer. Vers où ? "A l'ouest, toujours à l'ouest" a écrit Jack Kérouac, l'écrivain culte de la beat génération dans les années 60-70. Et l'ouest, vu du pont d'un bateau sur les côtes du Vénézuela, c'est plutôt séduisant, surtout que le vent nous y pousse. C'est cette petite voix qui me le dit. Elle transforme ça en une grande sensation de sérénité, un peu comparable à celle que j'ai eu quand j'ai pris ma décision de partir pour ce long voyage, mais en plus intense. J'ai encore à rencontrer, découvrir, admirer, boire ce calice rafraîchissant et étincelant que nous offre chaque jour la vie...
Bon, ça ne veut pas dire que l'on ne se reverra pas. Je n'y tiens pas. Les liens créés au court des années sont encore bien là et je n'ai aucune envie de les couper. Je pense bien jeter, le temps d'un aller et retour, un voile sur mon principe de ne pas prendre l'avion, histoire que les liens qui nous unissent ne s'évanouissent pas sous une couche de poussière pouasseuse, histoire que la richesse du passé nourrisse encore mieux notre présent, histoire que l'on se paye encore quelques bonnes parties de rigolade et de convivialité. Le voyage n'est pas un oubli, c'est une grange à souvenir toujours en mouvement qui s'emplit chaque jour.
C'est l'univers tellement connu de la vie sur un bateau qui m'a offert la réponse- un peu aussi cette marche revigorante vers le Roraima-, après cette route qui n'en finissait pas entre Cuzco et Puerto La Cruz qu'il fallait parcourir en un temps limité. Une course après le temps qui m'empêchait de voir clair. La douceur des mouvements au mouillage, le bruit du clapotis le long de la coque, les réveils sans bus à prendre ou visites à faire, les quelques bricolages du bord, la vie qui coule tranquillement au rythme de l'humeur, m'ont rendu une certaine clairvoyance et offert cette certitude. Le tour aux Roques avec ces fonds et ses poissons si beaux, un disfrutage riche vers les mouillages de la côte, une perspective de cabotage tranquille entre côtes et îles du Vénézuela puis de la Colombie me montrent que j'ai raison. C'est peut être l'âge - j'ai eu un an de plus le jour où la France a battu le Portugal. Je vous réserve d'ailleurs une surprise quand j'aurai mis les photos en ligne...- mais je vois mon avenir avec une certaine confiance même si je ne sais pas ce que je ferai ne serait-ce que dans une semaine... Cela aussi, c'est bon.
Après plusieurs semaine de silence sur ce blog, le retour peut paraître un peu brut, moins voyagineur qu'avant. Pas du tout voyagineur d'ailleurs. C'est plus du ressenti, un autre partage de mon voyage qui n'est évidemment pas sans questions - comment pourrait-il l'être ? - et sans réponses. Je vous promet que dès que l'on aura fini les quelques travaux qui occupent à présent nos journées et que l'on aura mis le cap à l'ouest, je reprendrai le blog plus régulièrement mais d'ici là, il faudra se contenter de ce qui me passe dans la tête en attendant ce qui me passera devant la tête.
A tout à l'heure
 
PS : Merci à tous ceux qui m'ont encouragé à reprendre l'écriture de ce carnet de voyage électronique et à tous ceux qui malgré les semaines éloignés continuent de me donner des nouvelles. C'est bon aussi d'être vivant aux yeux de ceux que l'on connaît...

3 Comments:

  • :)

    By Anonymous Anonyme, at 15:03  

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    By Anonymous Anonyme, at 13:35  

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