je vais faire un petit tour

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jeudi, mai 25, 2006

Au fil de l'eau...

Je suis loin de la mer mais de l'eau ici, il y en a partout. La descente en bateau de transport depuis Pucallpa m'en avait déjà donné une petite idée avec ce fleuve qui n'en fini pas de s'élargir avec un débit assez impressionnant. Le paysage est un peu monotone mais il offre de telles couleurs qu'on ne se lasse pas de la regarder. Cette grande bande vert gazon entre le marron du fleuve et le bleu ou le gris du ciel sent la vie. C'est le poumon du monde, comme ils aiment á le dire ici, mais cette immense forêt est aussi un foyer de vie pour des milliers de types d'animaux de toutes sortes, du royal anaconda (que je n'ai pas eu la chance de croiser) aux nombreux insectes. Pendant cette douce descente de neuf jours au milieu du fleuve - bien que souvent le bateau rase les rives -, on se sent extérieur á la forêt. Il fallait donc y aller voir.
Et surprise, dans cette grande forêt, l'eau est encore ultra présente. Les rives ne sont que rarement franches, seulement quand le relief prend un peu de hauteur. Sinon, c'est une espèce de grande mangrove mais sans palétuviers. Dans quatre ou cinq mètres d'eau, les arbres ont fait leur domaine. Les troncs émergent de l'eau pour laisser leurs rameaux de feuille s'épanouir. Des milliers de mètres carrés de chaque bord du fleuves qui forment un dédales de canaux calmes et reposants. C'est dans ce milieu que j'ai passé deux jours, dans une maison flottante á dormir dans des hamacs et á manger les délicieux poissons qui vivent ici. Ce n'était pas sans me rappeler mon passage dans le Pantanal quelques milliers de kilomètres plus au sud au tout début de ce voyage. La faune y est tout aussi foisonnante mais la densité de la forêt la rendent plus discrète. Quelques Jacaré, des oiseaux de toutes sortes et notamment des perroquets de toutes tailles en pagaille et puis des dauphins. J'avais déjà vu les dauphins roses qui peuplent le grand fleuve, depuis le bateau. Ils sont calmes et relativement indifférents - on est loin des dauphins tout fou de l'Atlantique ou de Chiloe. Ceux qui vivent dans les canaux sont gris, font trois mètres á peu prés et on un bec très long et fin. Ils sont tout aussi calme et discret mais savent être joueurs aussi.
Après s'être exclusivement baladé en canoë ou en barque á moteur (des moteurs deux temps avec des lignes d'arbres très longues, relativement difficile á manoeuvrer...), nous avons enfin mis pieds á terre pour pénétrer dans le royaume des plantes de toutes sortes. A la suite de notre guide, Ruben, on s'éloigne de la rive entre les arbres. Tout de suite, l'humidité, qui déjà est ultra présente, se fait presque étouffante. Je pense qu'il doit être presque impossible de se sécher totalement ici. La densité de la végétation frappe aussi. Des plantes - les mêmes que celles que nous appelons d'appartement dans notre beau pays... Vous avais-je dit que les ficus ornent au Pérou les rues comme nos bons vieux platanes ? - aux larges feuilles tapissent le sol entre les troncs d'arbres de toutes tailles, dont des immenses, aux troncs de plusieurs mètres de circonférence, qui affichent 600 á 700 ans et que l'on coupe sans complexe pour faire les meubles de nos salons. Pratiquement á chaque nouvel arbre, Ruben s'arrête et nous explique que les feuilles de celui-ci sont bonne pour le mal de tête, contre la Malaria ou pour la digestion, que celle-ci en pansement permet de cicatriser et désinfecter les plaies. L'Amazonie est une grande réserves de plantes médicinales que la médecine occidentale commence á peine á découvrir et... á piller.
On entend les oiseaux mais sans les voir tant la densité est importante. On voit quelques singes qui sautent d'arbres en arbres. Mais surtout, ce sont les insectes qui se montrent le plus. Quelques moustiques mais surtout des fourmis de toutes tailles de la plus minuscule á des énormes grosses comme une phalange de la main. Et elles sont voraces. En restant trente secondes sur leur passage dans le petit chemin, elles ont commencé á grimper á plusieurs dizaines sur nos chaussures et á s'attaquer au pantalon malgré le répulsif á insectes pourtant très efficace. Il a fallu donner de grande tape pour nous en débarrasser définitivement. J'ai eu le malheur d'en laisser une s'infiltrer á l'intérieur du pantalon et elle m'a mordu goulûment le mollet... Et puis, on a croisé celle que tout le monde craint : la mygale. J'en avais déjà vu des mortes mais vivant c'est beaucoup plus impressionnant. La notre n'était pas dans les plus grandes, grosse comme le poing tout de même, mais de la voir s'agiter dans tous les sens, voir sa bouche s'ouvrir et se fermer goulûment et regarder ces grosses pattes poilues se refermer avec puissance, ne donne aucunement envie d'aller plus loin dans la connaissance avec la bête...
Et puis l'eau, ici, vient aussi du ciel. Pas tout le temps, nous sommes á peu près en saison sèche, bien que le terme soit peu approprier et les pluies sont relativement rares. Du bateau, en descendant le fleuve, on voyait les gros cumulus se former au-dessus de la forêt. Des trucs énormes et très hauts, avec l'enclume au-dessus, comme dans les bouquins de météo. Étonnamment on les voit mieux ici qu'en mer. Peut être parce que on était plus haut... Mais quand les nuages approche. Ça ne plaisante plus. Les éclairs, la pluie violente avec des gouttes énormes, le vent... J'ai retrouvé l'ambiance du pot au noir. D'ailleurs, l'Equateur n'est plus très loin et je pense que demain matin, j'aurai de nouveau la tête á l'endroit et nous serons dans le même hémisphère...
Manaus, au milieu de cette puissance, est, avec son million d'habitants, une ville fourmillante et sans grand intérêt. Quelques jolis bâtiments, des parcs, des rues très commerçantes, des quartiers de maisons flottantes, des centaines de bateaux à étages comme ceux que j'ai emprunté ou plus petits, et puis le fleuve, toujours lui. Enfin, devant Manaus, c'est le Rio Negro qui se jette quelques kilomètres plus en aval dans l'Amazone. J'en part ce soir sans regret pour traverser la grande forêt en bus malheureusement de nuit. Entre Boa Vista et la frontière avec le Vénézuela, je pense que j'en verrai quelques kilomètres...
A tout á l'heure

PS : Ici, c'est déjà le mondial. Les Brésiliens ne parlent que de ça et suivent la préparation de leur équipe en Suisse quasiment en direct. Partout, dans les rues, on peut acheter maillots, drapeaux, short, lunettes enfin tout ce qu'on peut faire avec les couleurs brésiliennes... Autant vous dire que le passage de notre VRP national, Chirac, passe totalement inaperçu. D'ailleurs, il y a eu dans Le Monde un interview très intéressant de Lula le Président Brésilien. http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3222,36-775237@51-768451,0.html