je vais faire un petit tour

www.flickr.com

mardi, mai 02, 2006

L'autre Machu Pichu

Il fallait y aller. Je ne sais pas pourquoi. Un pressentiment, comme d'habitude. Cette cité perdue au milieu de la montagne. A une très grosse journée de marche du premier village et de la première route. Peu visitée. Encore entre les mains des archéologues. La grande majorité du site est encore sous la végétation dense et luxuriante.
Donc j'y suis allé. Oh! pas tout seul. Avec un guide et tout le matériel aussi (tente et tout le toutim...). Je voyage léger... Le jour du départ, à l'aube, le guide m'attend pour me dire... que nous ne partons plus. Des trois anglais qui devaient venir avec nous, deux ont le mal de l'altitude et sont cloués au lit avec une bonne diarrhée... Ça arrive. Résultat, j'ai un jour de plus à Cuzco et je profite de ce réveil matinal pour aller voir quelques églises dont la cathédrale gratuitement.. Tout le monde sait que chaque matin, il y a messe... J'ai bien fait - non d'aller à la messe mais de rentrer dans ces églises. J'ai pu encore voir que rien n'est trop beau pour prier le seigneur. L'or doit rapprocher du ciel... Cette journée m'a permis d'alléger encore mon sac et d'acheter quelques disques de musiques locales.
Départ à l'aube le lendemain pour quatre heures de route en voiture avec le guide, le cuisinier et une Canadienne mais sans les Anglais toujours cloués sur le trône. On arrive dans un petit village, Cachora, au bout de la route. Une mule nous attend avec son muletier préféré. Et puis le chemin, large au début, laissant la place à un petit camion, et puis de plus en plus étroit et rocailleux. Ça monte, un peu d'abord, puis de plus en plus jusqu'à un col d'où l'on a une superbe vu sur le Cerro Salcantay (5800 m). Là grande descente sous le soleil jusqu'au campement qui dominait la rivière Apurimac. Nous sommes à moins de 2500 mètres. Il fait chaud. C'est la première fois depuis plus d'un moins et demi que je suis si bas... Ça fait du bien. Il ne fait pas froid quand le soleil se couche.
Départ à l'aube le lendemain pour arriver jusqu'au site à 1200 mètres au-dessus. On ne le voit pas. On l'a juste deviné la veille. Une marque horizontale sur le flanc verdoyant de la montagne au loin. Maintenant, on sait seulement qu'il est derrière le sommet au-dessus de nous. Bien après ces lacets qui n'en finissent pas. On y arrivera finalement après sept heures de marche. Fatigué évidemment. Mais ça valait la peine. Une petite heure de plus depuis le campement et on se retrouve seuls sur le site. Sur un col comme le Machu Pichu. Sur le chemin, apparaissent quelques ruines cachées au milieu de la végétation. On a l'impression d'être Hiram Bingham, le découvreur du Machu Pichu. Fabuleux !
C'est moins impressionnant que le Machu Pichu mais Choquequirao a aussi son côté magique. Sa situation en pleine végétation et son accessibilité un peu difficile, d'abord. Le fait que ce serait une des dernière cité Inca construite, peut être même après la conquista espagnole. L'architecture a beaucoup évolué. Les fenêtres notamment sont plus grandes et on retrouve de ci de là quelques techniques empruntées aux nouveaux arrivants. Les Incas devaient être tranquilles ici... Comme dans tous les lieux où ils se sont installés, il existe une atmosphère particulière. On y ressent un bien être étonnant, comme une force émanent de la terre ou de la roche. Ces lieux n'était pas choisi par hasard. Outre l'emplacement stratégique, sa discrétion, il devait répondre aux exigences des prêtres pour leur relation avec le cosmos.
Le site n'a été nettoyé qu'à 35 %. Il a pourtant été découvert avant le Machu Pichu. Mais son éloignement et sa difficulté d'accès a découragé les exploitants de sites touristiques les plus téméraires. Pour monter le matériel ici, c'est soit à dos de mule, soit à dos d'homme. En descendant, nous croiserons des Péruviens avec de gros tubes de canalisation sur l'épaule pour l'aménagement des sanitaires de l'aire de camping... Le gouvernement du Pérou veut ouvrir plus avant le site pour désengorger le Machu Pichu qui reçoit en pleine saison plus de 4000 visiteurs par jours, dont 3 à 500 qui viennent à pieds par le chemin de l'Inca... Ça ne va pas sans poser des problèmes dans cet environnement privilégié. Il y a même un projet sur l'autre versant de la vallée d'un grand complexe touristique avec héliport et liaison par téléphérique avec Choquequirao. Espérons que les Français qui dirige le nettoyage du site et qui finance indirectement (en annulant une partie de la dette de l'Etat péruvien qui reste le maître d'oeuvre et le pilote du devenir du site), va user de son influence pour empêcher cela...
Après avoir vu le soleil se coucher depuis le site, on est monté le voir se lever le lendemain et depuis les bâtiments religieux. Un grand moment. Nous n'étions que le guide, Karin et moi, chacun dans son coin, en silence. Une parenthèse exceptionnelle où l'on se sent en accord total avec l'envirronnement. On se sent serein et plein de force après un moment comme cela.
De quoi, redescendre avec de l'entrain... Et il en fallait car la descente fut éprouvante surtout pour les genoux. Surtout, après le pont enjambant l'Apurimac, le chemin remonte. Et nous sommes allés au delà du col avec une arrivée de nuit, épuisé. Heureusement qu'Alfredo, le cuistot, toujours de bonne humeur malgré le chemin, était là pour nous préparer un petit plat légume et viande accompagné de papas fritas. Il espère pouvoir ouvrir bientôt son restaurant à Cuzco. Vu ce qu'il arrive à cuisiner sur les chemins, ce sera une bonne adresse.
Le retour le lendemain fut plus simple et surtout plus court... La fatigue était largement présente dans les jambes mais j'étais heureux d'être monté là haut (je n'y étais pas allé à Rio...). Et puis, j'ai eu une petite surprise au premier campement. Un couple de jeune Français, équipés eux, était là. On engage la conversation comme souvent et très vite, on se rend compte que nous avons des connaissances en commun, notamment Anne Caroline et Luc, amis de très longue date, et Julie de l'île de Ré. Loïc est son frère et j'ai fait quelques tours dans la Coccinelle décapotable jaune de son père il y a quelques années en Vendée. Quant à Agnes, je lui ai acheté mes fruits sur le marché de Portes au mois d'août pendant l'exposition au Hangar à Sel. Le monde est tout petit je vous dis...
Demain je quitte les montagnes. Je pars vers la grande forêt via Lima. Un grand trajet en bus avant de profiter enfin des vrais températures des Tropiques...
A tout à l'heure

PS : Vous pensez qu'on va laisser faire l'Ami Morales nationalisé ses champs de pétrole ? A quand une intervention américaine, un putsch ou un assassinat ?
Et Villepin, c'est quand qu'il rentre chez lui ? Et José, il y va ou non ?
Scuzy pour lelien sur le portrait de Douste. J'avais oublié que les archives étaient payantes...