je vais faire un petit tour

www.flickr.com

mercredi, avril 26, 2006

Vers la cité presque perdue...

Il faisait encore nuit. Il pleuvait aussi. Tout pour plaire. Le chemin n'était pas éclairé. Et puis la pluie s'est arrêté au moment de quitter la route pour emprunter le chemin fait de marches au milieu d'une végétation dense et encore endormie. Ça grimpe dur mais j'étais prévenu et puis ça ne devrait durer pas plus d'une heure et demi d'après l'office du tourisme. Je dois aller assez vite car je double deux groupes. Pourtant je n'ai pas l'impression de forcer. Plus j'avance, plus le jour arrive. On devine quelques montagnes cernés par les nuages qui se détache dans le ciel plus clair. Les oiseaux s'éveillent aussi. Deux américains parlant forts et avec des grand bâtons de randonnées me doublent juste avant d'arriver là-haut. Sur le parking du site, à la fin du sentier, ils sont heureux, ils n'ont mis moins de 50 minutes. Pour ma part, je ne sais pas et à vrai dire, je m'en fiche totalement. Je viens voir le soleil se lever sur le Machu Pichu. La performance, si c'en est une, ne m'intéresse pas.
Le site est ouvert. Le premier bus vient d'arriver avec une vingtaine de personne. Mais pour le lever de soleil, ce sera dans une autre vie. Nous sommes dans les nuages. On devine de temps à autres les ruines. Je m'installe un peu à part à un endroit dominant le site pour prendre mon petit déjeuner tranquille. C'est un peu magique comme ambiance. Les nuages passent, plus ou moins gros, et jouent avec les ruines, les recouvrant complètement ou les découvrant par parties. Et puis d'un coup, tout se découvre, la totalité du site et les deux pains de sucre derrière dont le plus haut s'appelle Huaynu Picchu, comme sur les photos que j'ai vues et revues.
Il y a de plus en plus de monde qui pour la plupart parlent, et fort qui plus est. Je m'en vais et rentre dans la cité. La magie continue. Les nuages sont revenues. Je me promène au milieu de murs taillés dans la roche. Je monte des marches proches du vide qui n'est que cotonneux. J'arrive dans un lieu en hauteur, un peu dégagé avec une énorme pierre taillé au milieu. C'est Intihuatana, le lieu où les prêtres faisaient leur imploration au soleil pour qu'il vienne le plus souvent possible pour réchauffer les hommes et nourrir les cultures. Je reste longtemps ici. Je m'y sens bien malgré le brouillard dense. J'y suis seul aussi. Il se dégage quelque chose de fort d'ici. Je finis par continuer la visite. Un groupe de quelques personnes vient d'arriver. Je descend de nombreuses marches tantôt côté falaise, tantôt côté site. Ça ne change rien. C'est comme si je marchait dans du coton. J'arrive dans un endroit plan avec de la végétation et de grosses roches non taillées. Les oiseaux jouent dans les branches. Il y a de superbes fleurs qui n'attendent que le soleil pour se dévoiler totalement.
Je reprend des marches et arrivent devant une entrée avec un guichet. C'est le chemin pour aller au Huayna Picchu. A vrai dire je ne sais pas où je m'engage. Le brouillard est encore dense. Le chemin escarpé monte et descend au milieu de la végétation toujours aussi dense. Et puis ça monte, beaucoup plus et le chemin est de plus en plus escarpé, avec des marches inégales. Parfois, il y a un câble pour se tenir et pour s'aider à monter. Je ne sais toujours pas où le chemin mène. Et puis j'arrive au pied de plusieurs terrassements avec des constructions au-dessus. C'est étroit pour passer, notamment le grand escalier final. Il y a le vide tout près. J'avoue que je ne suis pas complètement à l'aise mais je grimpe tout de même. Au sommet, un tas de grosses roches enchevêtrées. D'autres sont là. Nous sommes au milieu des nuages toujours. On ne voit évidemment rien mais on sens qu'autour c'est le grand vide, qu'il n'y a que la vallée près de 800 mètres plus bas. On reste, silencieux, pour récupérer, pour profiter du lieu. Et puis ça se découvre petit à petit. Il y a de plus en plus de monde. Je descend un peu et me trouve un coin tranquille au milieu des ruines. J'aperçois de temps à autre le fond de la vallée. Et puis d'un coup, le site apparaît au milieu d'un brouillard diffus. Et puis ça se découvre totalement avec un rayon de soleil en prime. Fabuleux. Je reste là assis sur mes cailloux pendant je ne sais combien de temps, peut-être deux heures. C'est vraiment magique. Et puis la densité des visiteurs augmentent avec l'avancée dans la journée. Il est temps d'aller ailleurs, bien que j'ai vraiment du mal à partir. Toute la journée se passera ainsi à me poser dans un petit coin puis à le quitter. A l'heure de pointe vers 13-14 heures quand le site est assailli, je me suis carrément éloigné sur les terrassements qui entoure le site. Là où ils cultivaient maïs, quinua et patates. Déjeuner devant le site sous un autre angle. Au calme. C'était top. Après la petite sieste au soleil, je me suis éloigné de la zone pour voir un pont sur une falaise. En regardant tout ça, la ville perchée au milieu de nul part entre deux montagne et ce pont qui, pour continuer un chemin à flanc de falaise, a été élevé sur une mur d'une bonne dizaine de mètres, j'ai pensé à une phrase d'un écrivain qui s'appelle Brancusi qui disait "Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait." C'est vraiment ça.
Les Incas ont construit des lieux de vie dans des lieux inaccessible pour être tranquille et pour le bien-être des populations qui étaient tout ce qui importait au dirigeant, même lors de l'expansion de l'empire. Il s'agissait d'étendre leur philosophie de vie notamment "Ne sois pas voleur, ne sois pas menteur, ne sois pas paresseux..." C'était vraiment une civilisation où le bien-être de chacun passait avant le gain. Ainsi, l'or passait bien après les cultures.
Je suis retourné dans les ruines en milieu d'après midi. Le gros de la foule était redescendu vers le village dans la vallée pour prendre le dernier train qui rentrait sur Cuzco. Une pluie dense mais courte a fini le nettoyage du site, si je puis dire... Après une attente à l'abri de 15 minutes, le soleil est revenu. Nous n'étions plus qu'une grosse trentaine sur place. Suffisamment peu pour trouver un coin tranquille. J'ai refait un tour des endroits qui m'ont plu, les temples notamment et puis je me suis installé dans une pièce de l'ancienne maison de l'Inca, au centre de la ville avec vue d'en bas sur les bâtisses. Les rayons du soleil donnaient une lumière superbe. Les oiseaux avaient repris le gros des conversations de l'endroit. C'était calme. J'étais bien, très bien. J'aurai aimé que ça dure encore...
Au retour, après la fermeture du parc, alors que je dévalais le chemin si durement grimpé le matin, j'ai rencontré une femme péruvienne qui descendait tranquillement avec son petit garçon. Elle m'a proposé de l'eau et un morceau de gâteau. J'ai acheté le deuxième et j'ai fait un bout de chemin avec eux. On a bien rigolé avec le môme. Elle m'a expliqué que tous les jours, elle faisait l'aller et retour pour vendre gâteaux, boisson et friandise à la sortie du site. Elle emmenait son fils car il n'a pas encore l'âge d'aller à l'école. J'ai repensé aux Américains du matin. Chacun ses exploits...
A tout à l'heure

PS : Si vous avez un quart d'occasion de venir ici, venez. C'est vraiment magique. Et faites le avant d'avoir de l'arthrose. C'est physique et la vue depuis tout là haut est vraiment à couper le souffle.
Sinon, je suis toujours les affaires en France. Il y a un petit souci depuis quelques années avec le Centre d'Art Contemporain de Bordeaux, le CAPC qui a depuis sa création toujours été à la pointe avec une politique d'expos et d'acquisitions très intéressante. Après avoir réduit considérablement son budget, la ville de Bordeaux se sépare de son directeur qui est à l'origine de cette politique. Il y a un gros risque pour que le musée disparaisse au milieu d'un conglomérat municipal de musées. On ne peut pas laisser faire ça. On est d'accord ? Alors allez tous signer sur http://sauver-capc.blogspot.com/ . Merci pour lui...
Scuzy, il y a eu un petit problème pour l'envoie du texte sur Cuzco ci-dessous.