je vais faire un petit tour

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mercredi, avril 12, 2006

Sur les pas des dinosaures...

Ça commence dans une toute petite rue. Il fait noir depuis peu. Ça grouille autour de deux bus jaunes. Des bus Volvo surélevés qui datent certainement de quelques dizaines d'année. Des mômes ordonnent des caisses et des sacs sur le toit. Des petites femmes à chapeau melon, des enfants qui braillent, des hommes au visage buriné, des mômes de dix ans aux expressions d'adulte s'installent sur les sièges un petit peu défoncé. J'ai une place tout devant à côté d'une grosse femme à l'air autoritaire. Mon sac à dos a rejoint les autres bagages sur le toit. Il est 19 heures. D'après les prévisions, on doit arriver vers deux heures du matin. Toro Toro n'est pourtant qu'à 180 km...
Pourquoi Toro Toro ? Pourquoi ce bled paumé au bout d'une route dans la montagne ? Je ne sais pas. Sur le guide que j'avais, il n'y avais que quelques lignes pourtant peu engageante. J'aime bien les fins de route. J'avais besoin de calme, de campagne, d'un petit village perdu. Et puis, comme souvent, je sentais qu'il fallait y aller.
La route a commencé par une course entre les deux bus. La route est belle, asphaltée. Il faut prendre de l'avance sur l'horaire. On double allègrement bus urbain, voitures ou taxis. Au bout d'une grosse heure, et après une petite pause dîner (poulet, riz, tomate, pomme de terre - Kdu la patate est originaire d'ici, c'est un vrai paradis pour toi...), on emprunte une route sur la gauche, asphaltée elle aussi. Les premiers virages arrivent, puis les pavés et enfin la terre. L'allure a largement faiblit. Le chemin est étroit, les virages nombreux. La lune permet de voir que nous traversons régulièrement des lits de torrents, pour ne pas dire certaines fois de rivière. Je m'assoupis quelques fois mais pour mieux me réveiller sous l'effet de quelques secousses. Heureusement, mon pote Renaud m'accompagne dans les oreilles. A mes pieds, deux mômes dorment profondément. Dans le couloir entre les sièges, certains s'assoupissent debout...
Nous arrivons enfin au bout de la route. Soulagement. Un patron d'hôtel vient chercher quelques ravitaillements. Je le suis volontiers pour me jeter dans les bras de Morphée. J'avais déjà passé la nuit d'avant dans un bus... A mon réveil, vers midi, le village est bien animé mais calme. Je vais déjeuner dans un petit restau. Soupe pâte, verduras, patate, puis steak fin et trop cuit avec... riz, patate et tomate. Je passe une partie de l'après midi à faire la sieste sur un banc de la place centrale avant de m'allonger sur mon lit pour dévorer un bouquin que l'on venait de me donner. Je dîne dans un boui-boui près de l'hôtel (je ne vous décris pas e menu...)avant de me taper la causette avec le patron de l'hôtel sur une gros cailloux cubique qui fait office de banc face à la place. Puis je vais me coucher heureux. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas passé une journée comme cela dans mon activité préférée : la dilettante...
J'avoue, je ne me suis pas taper sept heures de bus éprouvante seulement pour lire un bouquin dans un village tranquille. Il y a un parc autour du village. Je vais me renseigner au bureau du parc dès potron minet. Là je n'ai rien à décider. Un couple de Français, Claire et Renaud, ont déjà fait le travail pour moi. Un guide, obligatoire,  va nous rejoindre une demi heure plus tard pour nous emmené dans des grottes et voir des traces de pas de dinosaures... Si, si de dinosaures. On part tout gaillard accompagné d'un américain un peu paumé qui se nourrit de Valium... Le coin n'est pas si touristique que cela car nous sommes les quatre seules étrangers.
Après deux heures de marches sous le soleil déjà chaud (un vrai bonheur, ça aussi) en passant devant l'aéroport international de Toro Toro (un vague chemin où beaucoup hésiterait à s'engager avec leur voiture rutilante), nous arrivons devant l'entrée de la grotte où nous nous engouffrons gaillardement dans des conditions qui ferait pâlir le  moindre guide de spéléologie : une vielle corde de nylon et deux lampes dont l'une - celle de Eugenio, notre guide - à l'alimentation électrique plus que douteuse. Nous avons confiance et le suivons dans le ventre de la terre, notre Pachamama à  tous (Pachamama est le terre mère chez les Quechuas et les Amaris). Glissades sur la roche humide, passage délicat sans rien voir, petite veine étroite où l'on se contorsionne, hésitation d'Eugenio devant deux failles différentes, rien ne nous aura été épargné jusqu'à arriver à un petit lac souterrain avec une cascade. Pause, pour nous et dans le temps. Silence. Nous laissons les éléments nous imprégner. Extinction des feux. Noir total. Juste la musique de l'eau. Rien à ajouter...
Nous retrouvons au bout de deux heures, la pleine lumière du jour. C'est bon aussi. Petit pique nique puis on reprend le chemin du village. Nous avons envie de voir d'autres lieux. Eugénio nous emmène voir des peintures rupestres dans un canyon superbe puis les fameuses traces de pas de dinosaures. C'est assez impressionnant. Je savais que ça existait. J'en ai même parlé dans le petit livre-jeu sur le Lot. Mais de voir ces énormes marques dans la pierre, c'est impressionnant. La journée se finira dans la court de la maison qu'occupe Eugénio à boire du vrai café (la Bolivie est un grand producteur de café mais dans les épiceries, on ne trouve que du Nescafé, merci Nestlé...) et une tisane pour moi, évidemment.
Reste un problème. Outre la durée de voyage, il n'y a pas de service quotidien de bus. Aujourd'hui mardi part le dernier bus avant la fin de semaine. Je serai bien resté plus longtemps mais, comme je l'ai déjà dit, d'autres lieux m'appellent. Il n'y a plus de place assise dans le bus. On force un peu la mains pour embarquer quand et nous nous retrouvons debout dans l'allée centrale pour tout le voyage avec une bonne dizaine d'autres personnes. Au bout de quatre heures de route, petit arrêt déjeuner (...) et, avec Claire et Renaud, nous craquons, nous décidons de rejoindre les trois mômes qui voyagent sur le toit, á l'air libre. Notre américain préféré reste à l'intérieur. Il doit nous trouver définitivement cinglé avec les balades d'hier. Nous avons appris sur le tard qu'il était claustrophobe... Ce petit voyage sur le toit est un vrai bonheur. Pas tout á fait confortable mais avec une vue sur cette magnifique vallée imprenable. Surtout on respire le bon air de la campagne et on est assis...
Nous sommes à présent revenus à Cochabamba. Je pensais repartir dans la foulée à La Paz. Le sort ou plutôt l'actualité bolivienne en a décidé autrement. Les transporteurs sont de nouveau en grève et la ville est bloquée. L'ami Evo Morales a décidé que les entreprises de bus devaient payer plus d'impôt et celle-ci ne sont évidemment pas d'accord. Allez, un petit effort les gars. Soyez un peu solidaire avec la politique social et indépendante de votre nouveau président. D'ailleurs, il parait qu'il est en ville. Décidément, on se suit...
A tout á l'heure

2 Comments:

  • renaud a deja finit ton bouquin, je le lis et apres je l'offre a quelqu'un (de sympathique biensur) a la seule et unique condition que ce livre ne quitte jamais l'amerique latine. l'idee d'un bouquin voyageur me plait bien...
    bise claire

    By Anonymous Anonyme, at 21:29  

  • renaud a deja finit ton bouquin, je le lis et apres je l'offre a quelqu'un (de sympathique biensur) a la seule et unique condition que ce livre ne quitte jamais l'amerique latine. l'idee d'un bouquin voyageur me plait bien...
    bise claire

    By Anonymous Anonyme, at 21:29  

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