C'est un livre. Un petit livre que m'a donné Ségo à Buenos Aires à Noël. Un livre de poche écrit par Henry Gougaud. "Les sept plumes de l'aigle", c'est son titre, m'a fait venir ici, sur les rives sud du lac Titicaca. Je ne sais pas si je venais rencontrer "El Chura" ou quelque autre chose. Mais comme pour Chiloe, Cafayate ou Toro Toro, j'ai ressenti qu'il fallait que je vienne suivre les traces du personnage principal de ce roman. Je ne sais pas non plus si j'ai trouvé quelque chose à part une bonne crève dont je n'arrive pas à me débarrasser. Je mens. J'ai trouvé ici des personnes fabuleuses, passionnés, festives et un endroit pas comme les autres.
J'ai quitté La Paz sans trop de regret avec un des nombreux collectivos (ici ce sont des Hiace Toyota que l'on remplit au maximum pour rentabiliser au mieux le voyage, 7 bolivianos soit moins d'un euros pour 80 km) qui partent toute la journée du quartier du cimetière. Pendant le voyage, après avoir de nouveau admiré la vue sur La Paz depuis les hauteurs (600m d'altitude entre le point le plus bas et le plus haut...), je m'assoupis un peu et me réveille juste avant Tiwanaku. Pas bien réveiller, je passe l'arrêt au bord de la route et relativement loin du village. Je descend au village d'après Guaqui qui est divisé en deux, le pueblo et le puerto. L'un et l'autre sont relativement morts. On me conseille d'aller au port pour trouver de quoi dormir. En route, je croise la procession du Vendredi Saint, le prêtre, ses enfants de coeur, le corps du Christ crucifié dans une vitrine et ses ouailles sont encadrés par les militaires en armes et suivis par la fanfare, militaire elle aussi. L'alliance du sabre et du goupillon fonctionne toujours pour mieux avoir la maîtrise du peuple...
Arrivé au port, le premier hôtel est plein. Les musicien, me dit-on, non ceux de la procession mais ceux du bal du lendemain. Dans l'autre hôtel, même chose : plein. Dernier espoir, une maison qui accueille de temps à autres des groupes. Pas de place non plus. Avec philosophie, je vais manger mon premier poulet frit, frite, riz, en me disant qu'il y aura bien quelqu'un pour m'accueillir. Après manger, je retourne sur les conseils de la patronne du restau, au premier hôtel. Très sympa, son patron me dégage finalement une chambre. Le confort est minimum, l'odeur forte, les araignées nombreuses, les sanitaires totalement absent (comme dans tout le village) mais je m'en contente largement. La perspective de passer une nuit dehors avec le froid qu'il fait sur les rives du Titicaca à 3700 m d'altitude ne m'enchantait pas du tout.
Dès le lendemain matin, presque à l'aube, je pars pour Tiwanaku et ses ruines. Je suis un peu fébrile. Est-ce le froid de la nuit ou la perspective d'aller parler avec les ruines ? Je ne sais pas. Reste que je resterai toute la journée à me balader dans le site alors que les groupes passent relativement rapidement. Je me suis posé dans de nombreux endroits à respirer le lieu, tranquillement.
Tiwanaku était le centre des territoires de la civilisation du même nom qui s'étendait du Lac Titicaca aux vallées descendant sur le pantanal bolivien, aux nord-est de l'Argentine et aux nord du Chili jusqu'à San Pedro de Atacama. Elle est nés autour de 1600 avt JC pour atteindre son apogée juste avant l'arrivée des Incas en 1200 après JC. Tout ce qu'on admire chez les Incas, les constructions monumentales avec des pierres énormes déplacés sans l'aide de la roue qu'ils ne connaissaient pas, les systèmes d'égoût, d'irrigation, la maîtrise de l'agriculture en escalier, la connaissance de l'astrologie... était déjà présent dans la civilisation Tiwanaku.
Etonnamment, on retrouve aussi des similitudes dans leur vision du monde avec celle des Chinois. C'est à creuser mais il divise aussi le monde entre le jour et la nuit, et tout ce que cela symbolise, pareillement au Ying et au Yang. Le respect de la terre mère, la Pachamama est le fond de tout. Tout cela a été balayé comme tant d'autres choses par l'arrivée des conquistadores. Ceux-ci n'hésitèrent d'ailleurs à détruire des parties entières des ruines pour construire les églises des villages de Tiwanaku et de Guaqui... Les ruines sont aujourd'hui en très mauvais état. L'ancienne pyramide n'est plus qu'un monticule de terre d'où ressortent quelques murs imposants. La végétation a repris un peu partout ses droits. Les fonds manquent pour remettre tout cela dans un état plus compréhensible...
Le gardien m'a aimablement pousser à l'extérieur du site à la fermeture. J'étais tout seul au soleil assis sur un tas de pierre... Le soir, il y avait fête au village, ou tout au moins, je le comprendrai le lendemain, une pré-fête, histoire de s'échauffer. Il y a deux orchestres qui jouent dans les rues. Certains dansent mais l'ambiance malgré les quelques feux d'artifices est plutôt froide comme la température. Mais sinus sont de plus en plus pris. Je n'irai pas inviter une jolie bolivienne. Morphée m'attend pour arranger cet état qui s'empire d'heure en heure. Le lendemain, malgré une nuit passée dans mon sac à viande en soie, mon sac de couchage et trois couvertures avec mon bonnet sur la tête, je me lève dans un état encore pire. De plus il pleut et il fait encore plus froid. Après le petit déjeuner (pain sec et thé très sucrée), je repars me coucher malgré les mômes du propriétaire qui veulent jouer avec moi. C'est tellement drôle un gringo, surtout qui fait des grimaces. A mon départ, il me serreront très fort pour que je ne parte pas...
L'après midi, je vais enfin voir le port. C'est important pour moi, les ports. Il y a de grands quais, des hangars abandonnés, des voies ferrées recouvertes par l'herbe, une ancienne gare, quelques barques et des pédalos pour se balader sur le lac. C'était du temps des belles heures des mines des hauts plateaux, Potosi et la partie au nord, le port d'exportation du minerai vers Puno au Pérou, de l'autre côté du lac, puis vers la mer en train aussi. L'activité y était très forte jusqu'à ce que tout soit abandonné avec la chute de la productivité. Aujourd'hui l'endroit est presqu'abandonné. Le village a perdu plus de la moitié de ces habitants. De nombreuses maisons en adobe sont en ruine. Le tourisme est un espoir pour ceux qui habitent ici. Mais il y a du travail. Luciano et Oscar, que je rencontreraient un peu plus tard et qui me feront visité le petit musée que le premier á créer qui parle á la fois de la faune, des cultures du tour du lac (Amayris et Quechuas) et qui montre de nombreuses pièces de terres des cultures Tiwanaku et Inca, veulent insuffler quelques choses en montant notamment un hôtel pouvant réellement accueillir les touristes, et pas seulement les chasseurs de puces comme moi. Ils m'ont parlé aussi d'un grand projet de musée dans les vieux hangars avec des investissements venant du Danemark. Ils m'ont donné rendez-vous dans deux ans. J'y serai peut-être les gars.
La musique n'a pas arrêté de toute la nuit. J'étais malheureusement pas en état. C'est dommage j'aurai bien aimé partagé la joie qui régnait dans le village. Mais plus de quarante serviettes en papier m'ont été nécessaire pour éponger ce qui me coulait du nez et, dès que j'étais dehors, j'étais envahi de frissons. C'était peut-être la perspective de quitté ce beau pays.
J'ai comme un goût d'insuffisance après avoir passé la frontière pour le Pérou tout à l'heure. J'ai l'impression d'avoir survolé ce pays très attachant, á la culture riche et aux régions très diversifiées, de l'Altiplano à l'Amazonie en passant par toutes les zones intermédiaires. Si je peux je reviendrai pour y passer plus de temps. Je suis ce soir de l'autre côté du lac à Puno. C'est une grande ville, en partie touristique, avec les îles proches. Je devrai y partir demain.
A tout à l'heure
1 Comments:
de Pierre personne à contacter si tu reste encore un peu
locolmos@hotmail.com sur msn
à plus
By Anonyme, at 14:36
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