je vais faire un petit tour

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vendredi, avril 14, 2006

En Bolivie, la coca c'est in...

Elle est facile. Je sais. Mais pourquoi ne pas se laisser aller à la facilité ? Après tout, on n'est pas là pour se faire du mal...
Je suis à La Paz, capitale de fait de la Bolivie. Ici, siège le gouvernement et le parlement. Après Torotoro, ça fait un choc. Mais moins que je ne le pensais. Après avoir traversé une partie de l'altiplano, grande plaine à 4000 mètres d'altitude, toute plate entre les montagnes, nous avons entamé la descente en dominant toute la ville illuminée. Une jolie fin de voyage après la route superbe qui montait sur les flanc de vallée magnifique depuis Cochabamba. Je suis dans un petit hôtel pas cher avec des graffitis de routard partout sur les murs. C'est assez rigolo.
La Paz fait moins capital que d'autres villes. Elle n'est pas très importante, un peu plus d'un million d'habitant et surtout, elle est composé de nombreux cerros qui donne à chaque quartier un air de petite ville. Résultat, j'ai vu tout ce que je voulais voir en passant vite (je repars demain) dans la journée. Et particulièrement le petit musée de la Coca réalisé par des scientifiques, des historiens et des travailleurs sociaux pour mieux faire comprendre ce que représentait cette petite feuille pour le peuple andin. Si elle entre évidemment dans la composition de cette saloperie qu'est la cocaïne, elle est consommé chaque jour par des dizaines de milliers de personnes en Argentine (dans le nord), en Bolivie, au Pérou, en Equateur et en Colombie (où ils l'appellent la Patu ou pa too...) depuis très très longtemps. Au moins 2500 ans avant JC. Ces propriétés tonifiante, anesthésiantes, fluidifiante pour le sang et améliorante (?) pour la respiration sont aujourd'hui largement prouvé. D'ailleurs, les espagnols en arrivant ici, et particulièrement l'église,  l'ont d'abord prohibé sévèrement en la décrétant diabolique (de Diable...). Mais, quand ils se sont rendu compte qu'elle était indispensable pour un travail rentable dans les mines de Potosi, ils se sont empressés de ré autoriser sa consommation et, tant qu'à faire, de maîtriser son exploitation et sa commercialisation. Autant gagné sur tous les tableaux sur le dos des sauvages. Ne me faites pas dire ce que j'ai pas dire. Cela n'a rien d'hypocrite... Et après tout c'est un mode de fonctionnement qui a fait ses preuves depuis des siècle et qui continue aujourd'hui.
Ce n'est qu'au 19e siècle que l'on extrait pour la première fois de la cocaïne pure de ces petites feuilles, juste après qu'un certain Angelo Marini lance le vin de coca en France, l'ancêtre du Coca Cola qui en est à l'origine qu'une pale copie avec de l'alcool. La boisson la plus vendue au monde sera inventé que par l'interdiction de mélanger alcool et coca...
Un des premier consommateur de cocaïne est le célèbre Sigmud Freud, qui l'employait comme curatif pour ses patients. Il en a tellement pris qu'il a eu un cancer du nez. Il s'est rendu compte par la même occasion que la chose rendait dépendant. Aujourd'hui, la cocaïne naturelle est produite principalement dans des laboratoires clandestins dans la forêt amazonienne de Bolivie et de Colombie, soit très proche des lieux de culture du petit arbre. Les méchants ! Mais savez-vous que pour faire de la cocaïne, il faut quelques ingrédients chimique tel que l'éther ou l'acide sulfurique notamment produit et importé plus ou moins légalement par nos grands laboratoires pharmaceutiques, les Bayer, Merck et autres. Mais à eux, on ne dit rien. Il ne font que vendre ce qu'il produise après tout. Et puis, savez-vous qui consomme la cocaïne ? Les pays occidentaux évidemment. Particulièrement les Etats Unis qui avec 5% de la population mondiale consomme 50% de la production... Les pays occidentaux produisent aussi de la cocaïne synthétique, notamment la procaïne, qui est largement utilisé en gériatrie.
Pourquoi cette petite indignation ? Après tout, je m'en tape le coquillart tant de ceux qui fabrique en illégalité, que de ceux qui trafiquent et qui s'en mettent plein les poches directement ou indirectement (merci la Suisse, Monaco, Luxembourg, les Caïmans... car sans les banques il y aurait un peu moins de trafic. Pourquoi ? J'attends vos réponses) et aussi de ceux qui s'en mettent dans le nez de cette petite poudre blanche (sauf quand c'est des gens que je connais parce que j'ai vu de près les ravages rapides que ça peut faire...).
Ce petit coup de gueule donc, simplement parce que la consommation de la feuille de coca est prohibé par l'ONU depuis 1960 et que, de ce fait, les pays occidentaux utilisent ce moyen de pression pour faire plier la Bolivie notamment au bon vouloir des pays riches. En ce moment, les Etats Unis mettent une pression pas possible sur Evo Morales pour qu'il interdise définitivement la consommation de feuille de coca dans le pays, sous prétexte que ce serait la base de la consommation de cocaïne dans le monde. Il ferait bien mieux de savoir pourquoi il y a un million d'américains qui chaque année en consomme pour la première fois...
Ici, la feuille de coca se consomme depuis près de 5000 ans. Il a été prouvé que sa consommation est bonne pour l'organisme en altitude. Venez faire un petit tour ici et essayer de courir un cent mètres. Vous allez rigoler vert. D'ailleurs, si on l'utilise pour prolonger la vie en occident, c'est qu'il y a une raison. Surtout, c'est culturel et religieux. La Mamacoca est un bien divin, donné aux andins pour qu'ils puissent vivre dans ces contrées difficiles. Elle est un médiateur avec Dieu. Elle est un lien avec leur semblable, une marque de confiance entre les hommes et un symbole de bonne intention. Essayer d'interdire le vin en France, tiens. Je vous rappelle qu'outre ces facultés pour améliorer la convivialité, il représente aussi le sang du Christ. En dehors des grandes villes boliviennes, elle est consommé par 92% des hommes et 87% des femmes.
Ils sont déjà bien assez dans la merde et pas forcément de leurs faits. Ce serait pas mal qu'on leur foute la paix, qu'on les laisse tenter de sortir de leur misère et qu'après tous, on s'occupe de nos propres problèmes, non ? Il me semble que dans les rues des Etats Unis et d'Europe, il y a suffisamment de monde dans la rue, de personnes paumées ou qui ne savent pas où aller pour donner du travail aux Ministère du bien être des populations (tiens, il n'existe pas) pendant encore de nombreuses années. Tout simplement, on pourrait respecter ce qu'ils croient: Mais ça, c'est peut être plus dur d'imaginer que d'autres ne pensent pas comme nous...
Allez je vais mâcher quelques feuilles de coca. Il parait aussi que c'est anesthésiant...
A tout à l'heure
 
PS : Scuzy pour le retard dans les photos. J'ai des problèmes d'appareil photo (il est mort définitivement et j'en ai acheté un tout beau tout neuf) et de clés USB. Mais ça va se résoudre dès demain.