je vais faire un petit tour

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mercredi, juin 07, 2006

La mère de toutes les eaux

C'est une montagne plate. On la voit de la route quand on vient du sud. Quand on vient du nord, elle est caché par sa voisine le Kukenan (qui veut dire en langue indienne locale, "l'endroit d'où l'on peut se jeter". Du haut de la falaise, les suicides pour rejoindre les dieux ont été en effet nombreux...). Enfin, on la voit quand elle n'est pas caché dans les nuages. La plaine est à 1200 mètres, le plus bas des Tépuys à 2000 et le Roraima culmine à 2700 m. Les nuages qui accumule l'humidité de l'Atlantique et de la forêt s'accroche au grand plateau pour se vider avant de continuer leur route vers l'ouest.
On m'avait prédit de l'humidité, de la pluie, du froid. On est en effet loin de la belle saison... Le groupe est formé d'un couple Scoto-Irlandais à l'humour décapant, d'une charmante Australienne volontaire dans une association caritative ici, d'un Vénézuélien étudiant le cinéma dans une école à Hollywood et de ma pomme qui doit pour le coup sortir du tréfonds de ma mémoire la caisse anglais. Le guide Gustavo s'avère très sympa. Les deux premier jours sont consacrés à l'approche, relativement cool avec 5 à 6 heures de marches chaque jours sur un terrain relativement plat. Le soir du deuxième jours, on arrive au pieds du mur. L'expression prend ici tout son sens. 900 mètres au-dessus se casse ce que nous poursuivons. T'y vas ou t'y vas pas... Une pluie battante accompagne cette soirée. On est tous à se regarder en se demandant ce que va être la suite...
Et puis le lendemain, le mur est complètement dégager sur toute sa large de plusieurs kilomètres. Le soleil éclaire de ses rayons dorés la cime de la forêt que nous allons traverser. En route sur un chemin escarpé et à la pente angulée. Nous ne sommes plus dans la Gran Sabana, cette grande surface sans pratiquement aucun arbre suite à un grand incendie il y a dix ans qui a rasé quelques milliers d'hectares (quand on parle de déforestation, la route entre Manaus et le Vénézuela qui est au coeur de la forêt amazonnienne est au milieu d'une grande bande de plusieurs kilomètres sans aucun arbre. C'est très impressionnant et on se rend mieux compte qu'ici encore on va direct dans le mur - ok c'est un peu facile pour revenir à mon sujet d'origine...). On est au coeur de la jungle mais une jungle d'altitude tout aussi dense mais moins étouffante. Végétation luxuriante, plantes endémiques, papillon superbe et de toute les tailles (le grand bleu qui nous a accompagné restera gravé dans ma mémoire. C'était magique de voir ces grandes ailes nous aérer... Le chemin se transforme vite en lit de petit torrent. Nous avons la chance que la pluie de la veille n'est pas été trop forte. Le lit est presque sec. Nous passerons aussi sous des cascades de cent à deux cent mètres mais, pour la même raison, avec une bruine épaisse en guise de chute d'eau.
D'un seul coup le décors est devenu minéral. De grosses roches noires aux formes étonnantes. Peu de végétation mais des plantes carnivores, des orchidées, des arbustes dès qu'un peu de sable rose leur laisse la place de croître. Avant de rejoindre le campement, nous restons une bonne heure à disfruter (de disfrutar en espagnol, profiter, jouir. Nous sommes plusieurs à vouloir oeuvrer pour que le verbe apparaisse dans la langue française) au sommet du mur avec une vue dégagé sur la Gran Sabana. Il est des moment plus fort que d'autre... Et ce n'est que le premier de ce petit séjour dans ce monde magique. Les indiens Pémons considèrent le Roraima comme une montagne sacrée au delà de sont nom (qui veut dire mère de toutes les eaux, du fait de cette nombreuses chute d'eau), elle offre des champs de cristaux très énergisant et surtout une ambiance magique qui invite à la sérénité. Le camps est á flanc de falaise, dans une excavation nous abritant d'éventuelles pluies. Une fois les tentes montées, nous partons vers le point le plus haut de ce plateau tourmenté. Une fois là haut, une mer de nuage envahit peu à peu toue la surface à nos pieds. La magie augmente. Nous ne savons plus où nous sommes, si tout cela est rêve ou réalité. De la magie, sans conteste. Dîner arrosé d'une bouteille de rouge chilien. Pour ma part, cela faisait longtemps que je n'avais pas bu de ce petit nectar bien sympathique au palais... Magique je vous dit.
Après une bonne nuit réparatrice, nous sommes deux à nous réveiller juste avant l'apparition du soleil. Le porteur Peter, Pémons venant du Guyana, nous propose de nous emmener voir la jungle de son pays de l'autre côté du Tépuys. Là encore la magie est présente. Chose rare, le ciel est dégagé complètement laissant admirer la jungle alentour. Sur le chemin, nous traversons des champs de roches noires aux formes vraiment tourmentées, cachant parfois une petites vallée avec un lac au fond de sable rose et à la végétation presque luxuriante. Et puis on arrive à la fenêtre. Un trou dans la roche laissant un vide de 600 mètres en dessous, avec au fond la jungle. Plus loin, nous sommes au bord de la falaise avec les mêmes 600 mètres sous les pieds. On reste longtemps à disfruter de notre chance. Tous ceux avec qui j'ai parlé de l'endroit avant au village n'ont pas eu cette chance. D'ailleurs, quelques heures plus tard, quand nous reviendrons avec le reste du groupe, l'endroit sera dans les nuages... On sait tout de même baigné en milieu de journée dans un endroit appelé les jacuzzi, des petits bassins creusés naturellement dans la roche beige au fond de sable rose. L'eau y est plus froide que dans un vrai jacuzzi et seule les amis d'Irlande et d'Ecosse y resteront dix minutes... Un magnifique couché de soleil clôturera cette magnifique journée.
Pendant le retour, le Roraima nous fera des clins d'oeil en apparaissant de tant à autre pour que nous ne l'oublions pas - comment pourrait-on ? Le soleil sera aussi au rendez-vous. Les sourires autour de la bière de clôture du treck sont là pour témoigner que nous revenons d'un endroit à part qui nous a nourris de quelque chose de rare.
A peine rentré à Santa Elena, je me suis plongé dans le premier bus pour la côte. Sans pause, je me suis embarqué dans le ferry pour arriver sur l'île de Margarita et rejoindre en taxi le mouillage où m'attendait tranquillement Grand Citron Vert et son équipage. Nous nous étions quitté il y a dix mois sur les pontons de La Rochelle par un après midi émouvant. Nous nous retrouvons dans les sourires et avec une grande baignade autour du catamaran. Cela faisait près de trois mois que je n'avais pas vu la mer. Cela fait six mois que je n'ai pas fait de voilier, la période la plus longue depuis près de vingt ans... Est ce que je vais encore savoir ?
A tout à l'heure
 
PS : A présent sur l'eau je pense que les nouvelles seront plus espacées, mais aussi peut être encore plus riches... Et puis vous avez autre chose à faire. C'est pas le début de la Coupe du Monde ? Cannes, Roland Garros... Et puis aussi l'été. Vivez complètement votre présent...

2 Comments:

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    By Anonymous Anonyme, at 02:56  

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    By Anonymous Anonyme, at 06:17  

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