Retrouvailles...
Cela faisait plus d'un an qu'on n'avait pas eu un contact vraiment direct. Un dialogue intime s'entend. On s'est juste croisé rapidement en août, à l'île de Ré puis à La Rochelle, le temps des derniers "à tout à l'heure". Mais, comme souvent avec les très proches, on essaye de faire ça sans dire les choses, parce qu'il est des mots au moment d'une séparation qui la rende encore plus lourde à supporter. Et puis, le croisement des regards souvent en dit plus long. Alors, on s'était dit "salut, à tout' ", un peu rapidement, avec un sourire complice en sachant qu'on se retrouverait quelque part autour de la terre, que la complicité de plusieurs années, les soins apportés, échangés, reprendraient.
C'est vrai qu'il y a eu des moments d'intense partage, de superbes instants que l'on ne peut oublié, où, en plus de la complicité, les éléments s'en mêlent pour que ce soit encore plus beau. Je ne les énumèrerai pas tous mais je me souviens notamment d'un après-midi passé ensemble entre Normandie et Bretagne. Bertrand Cantat récitait son long poème "Nous n'avons fait que fuir" mis en musique par ses complices de Noir Désir pour une seule et unique fois en public. Le ciel, les éléments se liaient à ce poème pour donner l'ambiance : ciel gris plein de contrastes, vent fort, quelques rayons de soleil furtif entre les nuages. Tout glissait autour de nous. Tout s'était lié pour que l'instant soit inoubliable. Il le fut. Une osmose totale avec l'environnement. J'y repense toujours avec un peu d'émotion. Je pense que l'on est deux ainsi...
Des moments comme celui-ci, il y en a eu beaucoup, souvent partagés avec d'autres amis. Il y en eu d'autres moins pleins mais tout aussi intenses. Des heures à s'occuper l'un de l'autre, à panser les plaies du passé, à préparer l'avenir, juste à entretenir le présent pour ne pas oublier qu'on est là l'un pour l'autre. Cette relation forte, ponctuée d'éloignements réparateurs pour prendre l'air et faire le point de temps à autres, a duré trois ans, avant la grande séparation. On a alors fait chacun notre chemin sur des routes parallèles et dans la même direction. J'ai même eu une petite histoire de quelques mois avec une vieille connaissance. Mais, on a évidemment fini par se recroiser. C'était évident. Inéluctable.
Cela s'est passé ici, au Venezuela, sur l'île de Margarita où nous sommes encore aujourd'hui. C'était une fin d'après midi. J'arrivai à l'instant du sud. Son arrivée remontait à quelques jours et de l'ouest. Le moment aurait pu être très chaleureux mais, aller savoir pourquoi, nous sommes restés un peu en retrait l'un et l'autre. En ce qui me concerne, j'avais envie de me poser après ces mois à gambader de villes en villages au gré du hasard. Je me disais qu'on se retrouverait quand l'esprit serait reposé. J'ai découvert alors un trait de caractère dont je ne me souvenais pas, je n'en avais, je crois, pas connaissance. Dès que l'on s'est retrouvé seuls, il y a eu une première crise un peu défiante, genre "je casse ça exprès et les yeux dans les yeux". Limite scène de ménage. Je n'ai pas compris. J'ai réparé sans rien dire. Sans questions. Puis le lendemain, ça a recommencé. J'ai réagit pareil. Je ne comprenais pas. J'avais l'impression que l'on était alors redevenu deux étrangers. Après un an de séparation, on ne sait jamais ce qui peut se passer. Souvent, on imagine les retrouvailles. On les idéalise souvent beaucoup trop. Alors, comme la réalité ne ressemble jamais à ce que l'on fantasme et à ce que l'on attend de trop, on est déçu. Souvent, jusqu'à en souffrir. Quel dommage !
J'ai cru à cela au début. Et à une possible vengeance bête à cause de ma froideur non calculé aux premiers instants des retrouvailles. Et puis les jours sont passés, l'un après l'autre, avec son petit acte presque mesquin. Au début, j'essayai de faire au mieux. Et puis la pression du trop bien faire m'a fait évidemment faire des erreurs, faire mal. J'ai eu peur qu'il fut trop tard. Alors, la dernière solution était de ne plus faire attention. L'indifférence peut parfois être bénéfique...
Et puis, finalement, ça s'est décoincé une nuit. Je pense que l'on souffrait trop chacun de notre côté. D'un seul coup, j'ai ressenti ce sentiment de plénitude qui m'avait quitté. C'était sous la lune. Il y avait quelques étoiles. La brise était douce et rafraîchissante. Les éléments étaient calmes. J'ai respiré un grand coup. Je me suis imprégné de l'instant. Je sentais que j'étais accompagné dans ce moment. Nous étions deux. De nouveaux, ensemble. Enfin ! C'était bon. J'ai bu les minutes qui passaient en appréciant au mieux, l'une après l'autre.
Depuis cette nuit là, tout est presque redevenu comme avant. Une petite crise rare quand mon attention était trop accaparée par une autre personne. Une autre personne, qui ne sait pas, peut faire involontairement, beaucoup de mal. Mais je revenais toujours, plus ou moins rapidement, mais toujours. Pour expliquer. Pour prendre soin. Pour donner. Ma liberté devenait alors plus grande. Avec le dialogue, tout va souvent mieux et chacun retrouve ses marques.
Alors est revenu le moment où nous sommes redevenus complices. Une vraie complicité, qui vient du coeur. On s'est posé. On s'est regardé. On a parlé. De tout, vraiment tout. Pour ne rien laisser dans un coin qui pourrait ressurgir après. On a mis des priorités. J'ai passé du temps. Je me suis laissé envahir pour que tout redevienne vraiment chouette. Il y a du boulot mais on va y arriver. Il fallait réparer tous les dégâts de cette incompréhension des dernières semaines. Je me suis presque retrouvé un an auparavant, quand on faisait au mieux pour guérir les maux du passé. C'est incroyable comment quelquefois on recréer des conditions pénibles - parce que, dans ces conditions, quelqu'un s'est occupé de soi - pour que, de nouveau, l'on s'occupe de soi.
Mais on va bientôt retrouver cette liberté qui a fait notre bonheur commun. Cavalcader sous le ciel étoilé. Glisser sur la houle régulière. Disfruter dans des eaux turquoise. Chauffer oisivement au soleil. Se rincer des eaux des grains. Se laisser caresser par une brise naissante. Jouer aux sauvages dans l'alizé soutenu. Il suffit que la confiance entre l'un et l'autre revienne. C'est tout.
Il est comme ça Grand Citron Vert. On s'est rencontré une première fois sur les pontons de Pornichet. On est parti faire un premier tour de Bretagne avec ses nouveaux maîtres. Des beaux moments : petit mouillage au cap de la chèvre, rencontre en mer avec son nouveau pote "Le père Jo", arrivée au petit matin à Roscoff en rasant les cailloux de Batz, un petit mouillage tranquille à Herm,... A partir de là, on n'a pas arrêté d'échanger en navigation comme au chantier. Je crois qu'il n'y a guère que Scuzy, le compagnon de la Mini que je connaissais mieux. Après plus de six mois passé à terre, j'avais un peu perdu le Ba BA. Les bords avec Edulis étaient bien loin. GCV me l'a rappelé jour après jour, en étant vigilant à ma moindre défaillance... A la moindre faille, la punition. Aucune latitude. Une jolie leçon que je ne pourrai oublier.
Vous ne pensiez pas que la relation avec un bateau était si difficile. J'en ai connu quelque uns entre les relations de travail, les copains de vacances, les compagnons de reportages, les maîtres des premières croisières, les guides des navigations en solitaire, le frère de la Mini Transat, les compagnons de voyage. Tous ceux qui m'ont donné du plaisir sur l'eau, qui ont fait confiance à mes quelques connaissances en navigation, à qui j'ai donné aussi, de qui j'ai parlé, avec qui on a partagé.
On dirait presque celle avec une personne. J'ai toujours trouvé un peu ridicule que les Anglais, alors que les animaux sont considérés dans leur grammaire comme des choses, personnifient les voiliers en parlant d'eux comme d'une femme. Je commence à comprendre vraiment pourquoi. Un bateau, il faut d'abord le séduire, lui montrer ses quelques talents mais en essayant de rester humble, en tout cas, jamais se vanter, être disponible quand il a besoin de nous, jouer l'indifférent dans les moments de tension pour ne pas envenimer les choses et puis, dans les coups durs, comme dans les moments les plus beaux, être à 100% présent. Et quand ça ne va pas comme il veut, il sait parfaitement vous rappeler les priorités, et ça peut faire mal ou beaucoup de bien... C'est pour ça qu'on les aime...
A tout à l'heure
6 Comments:
Bon bai on se dermandait de qui y parlait et puis on a fini par comprendre... et on attend que tu fasses des petits avec ton bateau...
pour la photo de ta boule a zéro... moi aussi je trouve ça bien quand je me baigne.. moi c'est le scrotum que j'ai de rasé tu devrais essayer! ça plairait à ton bateau
pb, cb, asm et kiki
By Anonyme, at 11:36
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By Anonyme, at 11:53
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By Anonyme, at 21:34
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By Anonyme, at 04:18
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By Anonyme, at 12:16
"y'a ben plus de mariées que d'contentes" qu'ils disaient, et
ben si ces hommes là parlaient de leur femme comme tu parles de
"ton bateau-amour".....§§
Mais heureusement plein d'autres
hommes ont compris !ouf !!
Heu, tu sais que tu n'étais pas
obligé de te faire tondre§§§
Je crois connaître un peu "GCV"
et je suis sûre que tu es déjà
pardonné pour "ta toute petite légère dérive même pas un abandon; ni une trahison, alors,"
By Anonyme, at 13:32
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