Immersion
Cela faisait longtemps que je le souhaitais. Longtemps. Trop longtemps ? Peut-être pas. Pour bien apprécier les choses, surtout aussi forte, il faut savoir choisir le bon moment, ne pas se précipiter. Donc cela faisait longtemps. Et comme tant d'autres choses qui me tente, qui m'attire, je repoussais, je ne voulais provoquer, je préférais faire confiance à la vie pour m'indiquer quand ce sera le mieux. Et le moment est venu. Tranquillement. Devenant évident, jours après jours.
D'abord, une confiance de plus en plus forte en moi. Une pratique de plus en plus maîtrisée mais toujours en devenir. Une aide qui a su me guider, me donner de riches conseils. Une sérénité agréable en situation. Mais, comme souvent, je voulais aller plus vite que la musique. Et les éléments ont su me montrer qu'il fallait prendre le temps, apprécier chaque étape de la progression, mieux sentir à chaque nouvelle confrontation, laisser monter en moi l'envie, me préparer à être prêt.
Il a fallut des jours, des semaines. Des tas de lieux. Des tas de situations différentes. Des essais réussis ou ratés. Des annulations progressives de peurs pourtant ancrées bien au fond de mon être. Des tentatives folles, inespérées, couronnées de succès encourageants. Je trouvais de plus en plus de bonheur dans cette exploration de sensations à peine effleurées jusqu'à maintenant.
On m'a beaucoup aidé aussi. Forcément, ce type d'expérience ne peut apporter autant lorsqu'on est seul. D'ailleurs, est-elle possible ? On progresse plus vite au contact des autres, surtout quand ils sont comme soi en recherche, en apprentissage. On prend plus confiance en soi, comme on donne plus confiance aussi.
Alors, sont arrivées des conditions idéales. J'avais envie. Le lieu, les conditions s'y prêtaient. Je me suis décidé. Je me suis lancé. Sans peurs, juste une petite appréhension avant l'heure H mais rien de paralysant, juste de quoi avoir son attention en éveil presque total pour apprécier pleinement ce moment exceptionnel et unique. Les éléments s'étaient - comme d'habitude quand on fait bien les choses - ligués pour que tout se passe au mieux. Et cela a été merveilleux et prometteur.
Je m'étais rarement senti aussi bien. Autant en harmonie avec moi, avec ce qui m'entoure, avec ceux qui m'entourent. Rarement aussi libre dans cet élément que je côtoie depuis si longtemps mais qui n'est pas et ne sera jamais aussi naturel que je le souhaiterai. J'étais bien, très bien, tellement bien? Il parait qu'après mon visage était éclairé de bonheur. Je ne l'ai pas vu mais je peux vous dire qu'à l'intérieur, ça bouillonnait d'une joie sans limite, d'envie d'aller plus loin, de remerciement pour ce qui venait d'arriver. Et ça bouillonne toujours. Mais je ne veux pas me précipiter. Je sais que je suis sur une bonne voie. Elle saura me dire quand il faudra continuer plus avant.
Oui, je ne me suis jamais senti aussi bien avec l'eau, dans l'eau. Déjà, avec masque et tuba, on découvre, on visite, on observe. D'abord depuis la surface, et puis on s'essaye à plonger, avec cette impression d'oppression qui s'amenuise petit à petit ? on n'est plus libre, on n'est plus maître de la situation (l'ait-on quelquefois ?), on ne peut plus respirer. Et puis on commence à rester de plus en plus longtemps au fond, à se calmer pour mieux observer, pour mieux vivre l'instant. On va plus profond aussi. On s'amuse dessous, à se retourner pour voir la surface à l'envers avec ses reflets bizarres, à nager comme les dauphins, à nager avec les poissons, à suivre les majestueuses raies qui volent dans l'eau ou les tortues qui se baladent tranquillement. On chasse aussi pour la pitance du bord. Tout cela avec de plus en plus de naturel, d'aisance, de ressenti inné.
Malgré tout, même si l'on est toujours plus à l'aise. Il y a des limites. Il y a une limite principale : la respiration. Ce besoin que l'on a de respirer, de nourrir notre corps d'oxygène. Le temps passé sous l'eau est limité. On se dit alors : « la bouteille ! ». Mais on pense tout de suite (pourquoi est on si souvent négatif?) que ce ne sera qu'un pis-aller.
Je peux vous dire que ça n'a rien à voir avec un pis-aller. C'est génial ! Oui, génial ! C'est génial de respirer sous l'eau. De nager au milieu des poissons sans qu'ils soient effrayés. De pouvoir descendre jusqu'à douze mètres sans oppression, sans ce besoin inné de respirer. De se poser tranquillement devant une patate de corail et regarder qui vit dessous. De se retourner vers la surface et de regarder les reflets à l'envers aussi fascinant que vu d'en haut, d'observer la coque d'un bateau au mouillage se dandiner sous l'effet de la houle, de prendre le temps d'apprécier comment ce monde sous-marin est immense et richissime, envoûtant et rassérénant, limpide et secret. Pourtant les conditions de ce baptême n'étaient peut-être pas idéales (quoique de toute façon meilleures qu'en piscine à Gennevilliers?), en groupe de six, avec un moniteur anglophone et dans un des paysages sous-marins les moins riches de Bonaire, tout de même un des plus beaux spots de plongée au monde. C'est vrai que j'ai vu plus joli sous l'eau, que mes compagnons de plongée étaient un rien perturbés et perturbants, que d'extérieur tout cela ressemblait plus à une usine à faire plonger du monde qu'à un centre de découverte intérieure de la substantifique moelle du monde sous-marin. Mais, je m'y étais préparé. J'étais particulièrement bien accompagné. Je me foutais totalement de l'éventuelle supra beauté des fonds puisque ce n'était pas encore le but. Je voulais découvrir un état. Je pense en avoir apprécié sa liqueur.
A la fin de la plongée, le moniteur m'a dit qu'il m'avait trouvé étonnement bien et à l'aise, qu'il fallait que je continue. Ça venait du fond du c?ur. Et je n'avais pas besoin de ses paroles pour le savoir. Mais ça fait plaisir de savoir par les autres aussi.
Merci pour cette première immersion.
A tout à l'heure
PS : Vous avez peut être su qu'il y avait des élections municipales à Bordeaux pour permettre à Juppé de retrouver ses attributions d'élu après quelques malversations parisiennes. Cela fait déjà quelques jours qu'il a retrouvé son siège de maire dans, malheureusement la grande indifférence des Bordelais (c'est sûr qu'à force de se foutre de la gueule du peuple celui-ci se détourne des urnes?). Juste pour vous dire que l'ami Pierre Hurmic et tous les copains Verts ont fait un score supérieur à 10%. Il y a encore du boulot pour choper la mairie mais c'est déjà pas mal? Bravo à tous, je viendrai trinquer avec vous en décembre?
2 Comments:
bais alors, y lavait oublier qui lavait commencer comme ça dans un ventre? c'est bien d'avoir pu réessayer!!
Moi, c'était à 2 en méditerranée avec l'ami Yann!!
c'est bonnard petit frère!
By Anonyme, at 23:52
ta manière d'écrire et de faire vivre ce que tu ressens me rappelle un livre de Raphael Prougeau, "la quille est tombée dans le trou"
tu connais un éditeur?
By Anonyme, at 00:07
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