Du courage de changer de route
Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis? J'en suis persuadé depuis longtemps. Je préférerais dire que la vrai intelligence est de savoir tout remettre en cause presque à chaque instant, ne jamais être dans la certitude sauf celle de la confiance en la vie, de savoir s'adapter à chaque situation en faisant fis de ses peurs, de ne pas hésiter à changer de chemin malgré le regard des autres, malgré l'éventuel « qu'en dira-t'on », malgré les justifications demandées mais qui ne regarde que nous, si tant est qu'il faille justifier chacun de nos actes.
Pourquoi ce sujet alors je suis tranquillement sur un beau catamaran dans un de ces petits paradis carabiens que les occidentaux se sont accaparés pour encore mieux profiter et des richesses, et du climat des pays tropicaux. Curaçao, c'est Amsterdam sous l'alizé. On peut aimer. On peut être séduit. Moi, je trouve triste à mourir de ne pouvoir se déplacer dans le monde sans réussir à se séparer de sa culture au point de l'installer telle quelle sur une île par ailleurs si jolie.
Mais le sujet n'est pas là. Je vous parlerai peut-être plus tard de Bonaire et Curaçao, des flamands roses, des fonds merveilleux, du Papiamentu, du sourire des blacks, toujours aussi cool malgré leur passé d'esclave, du fric à foison, du stockage du pétrole pour mieux profiter des variations de cours du Baril, d'un aéroport dont je me souviendrai longtemps, de plongées merveilleuses? Non, le sujet n'est pas là.
Le sujet, c'est le changement de route. Pas le mien, bien qu'il soit aussi d'actualité mais ma route me mène là où elle veut, pas là où je l'ai prévu. Je ne prévois plus rien? Le changement de route, c'est celui de Grand Citron Vert, plus précisément celui d'Etienne et Maggy, leurs propriétaires.
A leur départ, il y a un peu plus d'un an, le voyage devait durer trois, quatre ou cinq ans avec un tour du Monde comme finalité. Un rêve lointain qui allait se réaliser, qui prenait corps jours après jours depuis plus de quatre ans. Un vrai bonheur à partager. Et je ne suis pas peu fier d'avoir un tant soit peu participer à ce début de l'aventure, la plupart du temps exaltante car pleine d'espoirs et de rêves.
Et puis il y a eu plein de péripéties. Plutôt de celles qui refroidissent. Il y a eu des moments merveilleux aussi. Beaucoup. Mais des attentes du départ, point ou trop peu? Les rencontres n'étaient pas là. Enfin, pas celles qu'ils s'étaient imaginés. Celles avec les habitants des lieux croisés. Pour plein de raisons. Et puis la perspective du Pacifique n'allait pas vraiment améliorer l'affaire. Enfin, pas tout de suite. Alors voilà, ils ont décidé de changer de voyage. De retourner dans cette Casamance et ses habitants qu'ils aiment tant et qu'ils ne sont pas allés voir avec GCV, faute de temps. Cette Casamance où ils partagent avec les autres, beaucoup plus que sur leur bateau (bien qu'ici il apporte du rêve). Cette page d'histoire se termine donc sur cette île des Antilles Néerlandaises. Pour mieux écrire celle qui leur plaît vraiment, au fond d'eux-mêmes.
Je dois avouer que je les comprends. Depuis cinq mois que je suis à bord de GCV, je n'ai pas fait le vingtième de rencontres avec des locaux hors milieu nautique que lors de mon voyage à terre. Après avoir défendu ce mode de voyage comme idéal pendant des années dans les deux magazines où j'ai travaillé comme lors de nombreuses discussions, je ne le crois plus. Du moins pas comme ça. Il s'agirait de passer dans des lieux hors des routes classiques, de rester plus longtemps là où l'on se sent bien quitte à se passer des incontournables, de parler la langue du pays. Indispensable. Le microcosme des plaisanciers autour du monde ou de l'Atlantique, n'est pas forcément ce que l'on fait de plus intéressant, de plus ouvert à l'extérieur. Je ne m'étendrai pas sur le sujet mais quelques fois, ça donne presque envie de vomir. Vraiment. Mais cela ne regarde que les personnes en question. Il y en a aussi de fabuleux, je vous rassure.
Donc GCV ne passera pas Panama. Moi non plus. Du moins cette fois-ci. Maggy et Etienne me font confiance pour prendre soin de leur GCV jusqu'au printemps voire l'été prochain, s'il n'est pas vendu d'ici là. Comme ils m'ont fait confiance pour tant de choses depuis le début de leur aventure. Je leur en remercie. Je ne les remercierai jamais assez pour tout ce que j'ai vécu avec eux ou sans eux sur ce bateau, tout ce que leur aventure m'a permis directement ou indirectement de vivre.
En tout cas, cette décision, que je sentais venir depuis déjà plusieurs jours, que je pressentais depuis plusieurs semaines, est très courageuse. Pour les engagements qu'ils ont pris avec tant de gens et qui sont forcément un peu remis en cause. Pour ce que tous ceux qui n'ont jamais osé sauront médire. Pour s'exposer très vite aux regards des autres en France. Pour revenir sur tout ce qu'ils avaient dit auparavant. Parce que changer de direction aussi radicalement n'est jamais facile. Juste pour avoir eu le courage de la prendre et ne pas s'enfoncer, comme tant d'autre, dans leur décision première, je leur tire mon chapeau.
En ce qui me concerne, je rentre en France en décembre après avoir fait un dernier petit tour sur le continent avec mon sac à dos, puis je reviens sur GCV avec un programme encore flou mais qui devrait me mener aux Grandes et Petites Antilles puis en France en Juin si le bateau n'est pas vendu (les Scuzy, ça vous dit une transat retour ? Wharf Wharf?). Mais d'ici-là, de l'eau aura coulé sous les coques de GCV?
A tout à l'heure
PS : Encore une nouvelle étiquette à me coller? Broker. Je suis chargé de la vente de GCV à un prix très intéressant. Il s'agit d'un Ville Audrain 44, plan Lerouge de 1986. Il est parfaitement équipé pour partir en famille (deux vrais cabines doubles, une cabine semi double et une autre d'appoint) voir le grand monde avec deux beau moteur Volvo d'un an, des voiles d'un an encore parfaite, de l'équipement électronique comme il faut, une sellerie complètement refaite. Le prix est à proposer. Etienne et Maggy sont prêts à étudier toutes propositions. Si vous êtes intéressé ou connaissez quelqu'un qui le serait, il peut me contacter sur mon mail ( patbenoiton@gmail.com).
De même qu'un copain qui vient de terminer son voyage actuellement vend son Lagoon 44 d'un an dans un état parfait et super bien équipé. La philosophie de conception n'est pas la même mais le prix non plus? Son prix 490 000 euros avec un leasing à éventuellement reprendre. Même chose, si vous connaissez quelqu'un d'intéresser, merci de lui donner mon contact.
Pour moi, ces deux ventes me permettront de voyager un peu plus longtemps?
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