« Je vais te raconter une histoire vraie. Au zoo de Moscou, voilà bien des années, un ours de Sibérie est né, de parents en captivité. A l?âge respectable de dix-sept ans, des scientifiques ont tenté une expérience : ils ont délibérément et largement ouvert la porte de la cellule de l?imposant plantigrade, puis s?en sont allés, le laissant seul et se dissimulant à deux pas de là pour observer ses réactions. L?ours était donc né en captivité. Il n?avait jamais connu la liberté, jamais vu d?autre paysage
que les grilles de sa cage. Il passait ses journées accroché aux barreaux, regardant perpétuellement dehors, au loin, avec
un regard infiniment triste. En découvrant ce jour-là la porte ouverte et aucun gardien à l?horizon, notre quintal velu et leste a d?abord fait le geste de se précipiter au-dehors? avant de se raviser, de s?asseoir et de réfléchir longuement et intensément. Bien sûr, la porte de la liberté lui était grande ouverte, mais à bien y regarder, dans sa cage, il n?avait pas besoin de se battre pour survivre, pas besoin de s?angoisser pour se nourrir, il n?avait jamais la moindre initiative à prendre, jamais le moindre risque à affronter. Après un long moment, le farouche ours de Sibérie s?est alors relevé doucement. Il a fait demi-tour et, la démarche pesante comme jamais, s?est installé tout au fond de sa geôle, sans bouger, en attendant le retour de ses gardiens ».
Ça donne à méditer, non ?
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