je vais faire un petit tour

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lundi, août 28, 2006

Le temps s'est arrêté...

Pour vous, je ne sais pas. Bien que ce soit les longues vacances réparatrices d'été. Mais pour moi, c'est clair. Depuis que j'ai remis les pieds sur un bateau, en l'occurrence Grand Citron Vert, je ne vois pas les jours passés. Nous sommes déjà à la fin du mois d'août. J'ai l'impression d'avoir embarqué hier. Cela fait presque trois mois. Que l'on est encore seulement au début de ce nouveau périple. Ce qui n'est pas faux dans les faits ; nous sommes qu'au début de la route. Mais trois mois tout de même. Une longue pause dans le voyage. Ou plutôt une nouvelle étape bien différente. Quand je pense qu'il y a quelques mois tous les trois ou quatre jours, j'écrivais quelques choses de nouveau sur ce blog. Qu'aujourd'hui, je vous livre quelques réflexions à deux Bolivars une fois de temps en temps. Je devais avoir la bougeotte ou besoin d'avancer pour engranger le plus possible. Aujourd'hui, j'ai certainement besoin d'arrêter ce chemin sans fin, au moins un moment, pour mieux digérer tous ces mois de découvertes, rencontres, appréciation intense, nourritures offertes par les terres que je croisais. C'était dense, intense, riche, très riche.
A présent, à disfruter tranquillement à bord de GCV, je digère. Je revis certains passages. Je vois des images de d'autres. C'est amusant. C'est rassérénant. Cela me montre que j'ai bien vécu ces moments et qu'il fallait que je les vive. Il m'arrive aussi d'en dessiner, d'écrire de nouveaux après le vol de mon livre de voyage à Iquitos.
Au fil des mouillages où nous restons souvent plusieurs jours le long de cette côte vénézuelienne qui montre de superbes endroits - et ce n'est pas fini -, je laisse les souvenirs remontés, tranquillement. Non point par mélancolie - je n'en ai pas l'ombre d'une trace. Plutôt pour mieux apprécier la richesse de ce qu'il reste de ce périple. Les petits villages de pêcheurs des îles de Coche ou de Cubagua, les criques encaissées et vertes du Parc National de Mochima, les îles bordées de corail d'Arapos les longues plages de sables blancs de Tortuga et ses îlots satellites et même, cette marina sans âme de Puerto La Cruz où nous faisons une escale technique de quelques jours avant de partir vers l'archipel des Roques, cette vie simple qu'offre la vie à bord d'un voilier de croisière, tout cela me donne le temps de revivre tranquillement ces derniers mois, de faire une sorte de point, tout en profitant pleinement de cette chance que j'ai, tous les jours, de voir le soleil se lever dans des cadres magnifiques, de pouvoir plonger quand j'en ai envie dans des eaux turquoises, de lire ou peindre quand bon me semble, de partager des moments de vie simple avec une famille que j'apprécie.
Cette vie me plaît avec ces joies simples, son rythme tranquille sans pression et une intensité réelle de moments pleins. Ces instants à préparer les repas en essayant d'offrir toujours le meilleurs des aliments qui me passent entre les doigts. Les séances de dessins ou de collages ou les longues explications à toutes les questions des deux matelots du bord. Les cours d'Optimist avec Tom. Les concours de plongeon avec Tim. Les partages du thé avec Maggy. Le soin apporté au bateau. Les superbes apéros préparé par Etienne. Les discussions souvent profondes en fin de repas du soir quand les deux piles électriques du bord sont parties se coucher. Le Chi Kong du matin sur la poutre avant. Les balades à terre à la découverte de manière de vivre différentes. Les rencontres avec d'autres plaisanciers au long court. Les heures à lire (j'ai même commencé la bible), à peindre, à écrire, à méditer ou à simplement regarder la mer ou le paysage. Ne dit-on pas que le bonheur est une succession de chose simple ? Je le crois. Il n'ai pas la peine d'aller chercher midi à quatorze heures, comme dit l'expression populaire.
Cette petite vie qui se déroule sous mes pieds, sous mes yeux, appréciée de mon âme, me sied donc à ravir aujourd'hui. J'ai appris la simplicité. J'ai appris à me contenter de ce que la vie m'apporte, à goûter chaque instant à remercier chaque matin la nouvelle journée qui m'est offerte. Comme je l'ai lu dans un livre qui m'a beaucoup marqué dans ce voyage : "C'est pour cela que nous sommes au monde : Pour inventer la vie !"
A tout à l'heure

PS : bonne fin de vacances et bon courage pour la rentrée...

jeudi, août 03, 2006

Le plastique, c'est fantastique !

C'était le dimanche de Pâques. J'étais dans le petit village de Guaqui, sur les rives du lac Titicaca. Le froid et une angine m'empêchait d'apprécier totalement l'environnement dans lequel j'étais. Ce dimanche était gris, un peu pluvieux, le village se reposait des agapes de la veille. Je m'étais forcé à sortir de dedans mon sac de couchage lui-même protégé par trois couvertures de laines. Couvert au maximum que je le pouvais, je suis allé me promener sur les rives du lac, vers l'ancien port, la gare puis le long du lac entre quelques roseaux où gambadaient de ci delà quelques cochons. Et puis au milieu des grandes herbes, j'ai vu le tas d'immondices, principalement des bouteilles, des sacs et toutes sortes d'emballages qui avaient comme point commun d'être en matière plastique. Si personne n'allait les brûler - ce qui n'est de toute façon pas une solution vu les émanations nocives de gaz de toutes sortes -, tout cela resterait pendant plusieurs siècle avant de disparaître totalement.
Rien de bien nouveau, me direz-vous. Mais, cette triste découverte m'a fait réfléchir, une fois de plus. Autrefois, les personnes qui habitent ici jetaient tout dans la nature : déchets organiques, papier, carton, boites de fer blanc. Tout disparaissait peu à peu. Les dernières, plus longues à disparaître, rouillaient en quelques mois avant de disparaître totalement au bout d'une dizaine d'années, nourrissant quelque peu la terre qui les accueillait. Le verre, quant à lui, ne disparaît jamais mais ce recycle lui-même en sable quand il se brise, avec l'aide du vent, de l'eau et des pierres. Puis sont arrivés les plastiques, le fer traité ou peint et l'aluminium, matières produites pour durer qui mettent donc du temps à disparaître totalement. Mais, si dans nos sociétés, nous avons suivis cette évolution en organisant tant bien que mal, et souvent en faisant l'autruche, le recyclage. Ici, rien ou presque n'a été fait. Les multinationales ont mis en vente tous leurs produits markétés dans de superbes emballages parait-il plus pratiques, certainement moins chers, en tout cas plus polluants, qui rejoignent leurs ancêtres, dans les champs, les rivières, les forêts ou les fleuves (toutes les villes bordant l'Amazone, les bateaux qui y naviguent jettent leurs détritus dans l'eau...). Avec ces nouveaux emballages, on a jeté une nouvelle petite bombe à retardement pour l'environnement.
Ça m'a fait prendre conscience d'une manière de faire de notre civilisation : on prend, on profite, on jette. Différemment : on découvre, on exploite, on abandonne. Ou encore : on attire, on pressure. Bref, on trouve un bon filon, on l'exploite au maximum sans faire attention aux conséquences quelles soient humaines ou environnementales, et quand le filon est épuisé, de plus en plus rapidement aujourd'hui, puisqu'il faut devenir de plus en plus riche, de plus en plus vite, on va chercher ailleurs en laissant tomber tout ce qui entourait cet exploitation. C'est vrai aujourd'hui. C'était vrai hier. L'Amérique du Sud, à l'instar de Potosi, de la forêt auricanienne, de l'Amazonie, des rives atlantiques du Brésil où la surexploitation des terres avec la canne à sucre, puis le café, le cacao les a réduit à la désertification. J'en ai déjà parlé de tout ces lieux que le capitalisme à laisser tomber voire laisser dans une misère à peine supportable.
Ici, à Margarita, c'est un peu la même chose qui s'est passé avec le tourisme. Les Etazuniens (les Américains sont les habitants de tout le continent...) ont trouvé cette île tout à fait à leur goût pour aller cuir au soleil, boire de la bière et dépenser leur dollars en boite de nuit et dans les machines à sous. Le gouvernement vénézuelien d'alors s'est précipité sur l'occasion pour en faire une zone franche, où donc les taxes ont été réduite à zéro. Résultat comme partout dans le monde dans ce cas là : urbanisme sauvage et construction souvent non-terminée. L'investisseur à tous les droits. L'état s'écrase, quand ses représentants ne touchent pas au passage. Le dollars coulait ici à flot. Et comme partout où ce genre de tourisme existe, il est accompagné de la prostitution, de la drogue et autres compromissions diverses. Et puis en 1992, Chavez est arrivé, non comme Zorro, mais comme un homme qui voulait que le peuple vénézuelien profite un peu des réserves de pétrole de leur pays. Il a fait un grand bras d'honneur aux Etats Unis. S'est fait renverser comme sait si bien le faire la CIA, mais un peu moins violemment que dans les années 70 - c'est à dire sans tuer le cef d'état renversé. Résultat aux élections qui ont suivies, le grain de sable de l'Amérique du Sud s'est fait réélire presque plébisciter. Entre autres conséquences pour le pays, les touristes étazuniens, de peur de l'image du nouveau président que les médias ont su lui torcher, ont fui l'île de Margarita. Résultat : partout des immeubles non terminés, des commerces fermés, une impression de pays abandonné dans de nombreux quartiers. Le centre de Porlamar garde toutefois ses quelques rues piétonnes avec boutiques de luxe et ses hôtels boites à sardines avec vue sur la mer. Mais l'impression première, comme les suivantes, est d'être dans un endroit à présent oublié du tourisme de masse et de ses dollars, avec les conséquences que cela a pu avoir sur les habitants de l'île : l'envie d'avoir autant que ceux qui viennent griller au soleil, le tentation logique de voler ceux qui ont, l'insécurité, un peu de misère, une déstabilisation totale de l'économie locale. Heureusement, l'ambiance ici est carabienne. Les gens gardent le sourire et le sens de la vie. La fête est partout et le plus souvent possible. Et puis les Vénézuelien se sont réaccaparés leur perle des Antilles, presque que pour eux.
Au milieu de tout ça existe un petit noyau de plaisanciers voyageurs ou non. Le Vénézuela n'est qu'à trois jours de mer de la Martinique et est à l'abri normalement des cyclones. Nombreux sont ceux qui viennent s'abriter ici le temps de la longue saison qui dure de début juin à décembre. Porlamar est un des spots - une centaine de voiliers y mouille. Chacachacare, à l'autre bout de l'île, en est un autre avec un chantier qui permet de faire l'entretien du bateau au sec avec tout le confort des chantiers européens, voire plus. Et puis la côte abrite de nombreux endroits tout aussi accueillant.
Cela fait deux mois que GCV est arrivé à Porlamar. Je l'ai emmené aux Roques, puis sur la côte vers Mochima. On a fait un petit tour sur l'île de Coche avec la GCV's family*. On attend encore quelques matériels pour finir les travaux. Et puis on trace la route. On est tous impatient. La ôte d'abord puis les Roques où l'on compte bien rester plusieurs semaines tranquillement à plonger dans cet aquarium géant avec des journées sans travaux. Après la Colombie, les San Blas et... le Pacifique.
A tout à l'heure
 
* la GCV's family pourrait englober tous ceux qui de près ou de loin ont fait que ce bateau est ce bateau, mais au coeur de cette histoire, il y a quatre personnes de grande valeur : Maggy, Etienne et leur deux matelots rigolos, Tom et Tim..