je vais faire un petit tour

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lundi, octobre 30, 2006

Du courage de changer de route

Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis? J'en suis persuadé depuis longtemps. Je préférerais dire que la vrai intelligence est de savoir tout remettre en cause presque à chaque instant, ne jamais être dans la certitude sauf celle de la confiance en la vie, de savoir s'adapter à chaque situation en faisant fis de ses peurs, de ne pas hésiter à changer de chemin malgré le regard des autres, malgré l'éventuel « qu'en dira-t'on », malgré les justifications demandées mais qui ne regarde que nous, si tant est qu'il faille justifier chacun de nos actes.

Pourquoi ce sujet alors je suis tranquillement sur un beau catamaran dans un de ces petits paradis carabiens que les occidentaux se sont accaparés pour encore mieux profiter et des richesses, et du climat des pays tropicaux. Curaçao, c'est Amsterdam sous l'alizé. On peut aimer. On peut être séduit. Moi, je trouve triste à mourir de ne pouvoir se déplacer dans le monde sans réussir à se séparer de sa culture au point de l'installer telle quelle sur une île par ailleurs si jolie.

Mais le sujet n'est pas là. Je vous parlerai peut-être plus tard de Bonaire et Curaçao, des flamands roses, des fonds merveilleux, du Papiamentu, du sourire des blacks, toujours aussi cool malgré leur passé d'esclave, du fric à foison, du stockage du pétrole pour mieux profiter des variations de cours du Baril, d'un aéroport dont je me souviendrai longtemps, de plongées merveilleuses? Non, le sujet n'est pas là.

Le sujet, c'est le changement de route. Pas le mien, bien qu'il soit aussi d'actualité mais ma route me mène là où elle veut, pas là où je l'ai prévu. Je ne prévois plus rien? Le changement de route, c'est celui de Grand Citron Vert, plus précisément celui d'Etienne et Maggy, leurs propriétaires.

A leur départ, il y a un peu plus d'un an, le voyage devait durer trois, quatre ou cinq ans avec un tour du Monde comme finalité. Un rêve lointain qui allait se réaliser, qui prenait corps jours après jours depuis plus de quatre ans. Un vrai bonheur à partager. Et je ne suis pas peu fier d'avoir un tant soit peu participer à ce début de l'aventure, la plupart du temps exaltante car pleine d'espoirs et de rêves.

Et puis il y a eu plein de péripéties. Plutôt de celles qui refroidissent. Il y a eu des moments merveilleux aussi. Beaucoup. Mais des attentes du départ, point ou trop peu? Les rencontres n'étaient pas là. Enfin, pas celles qu'ils s'étaient imaginés. Celles avec les habitants des lieux croisés. Pour plein de raisons. Et puis la perspective du Pacifique n'allait pas vraiment améliorer l'affaire. Enfin, pas tout de suite. Alors voilà, ils ont décidé de changer de voyage. De retourner dans cette Casamance et ses habitants qu'ils aiment tant et qu'ils ne sont pas allés voir avec GCV, faute de temps. Cette Casamance où ils partagent avec les autres, beaucoup plus que sur leur bateau (bien qu'ici il apporte du rêve). Cette page d'histoire se termine donc sur cette île des Antilles Néerlandaises. Pour mieux écrire celle qui leur plaît vraiment, au fond d'eux-mêmes.

Je dois avouer que je les comprends. Depuis cinq mois que je suis à bord de GCV, je n'ai pas fait le vingtième de rencontres avec des locaux hors milieu nautique que lors de mon voyage à terre. Après avoir défendu ce mode de voyage comme idéal pendant des années dans les deux magazines où j'ai travaillé comme lors de nombreuses discussions, je ne le crois plus. Du moins pas comme ça. Il s'agirait de passer dans des lieux hors des routes classiques, de rester plus longtemps là où l'on se sent bien quitte à se passer des incontournables, de parler la langue du pays. Indispensable. Le microcosme des plaisanciers autour du monde ou de l'Atlantique, n'est pas forcément ce que l'on fait de plus intéressant, de plus ouvert à l'extérieur. Je ne m'étendrai pas sur le sujet mais quelques fois, ça donne presque envie de vomir. Vraiment. Mais cela ne regarde que les personnes en question. Il y en a aussi de fabuleux, je vous rassure.

Donc GCV ne passera pas Panama. Moi non plus. Du moins cette fois-ci. Maggy et Etienne me font confiance pour prendre soin de leur GCV jusqu'au printemps voire l'été prochain, s'il n'est pas vendu d'ici là. Comme ils m'ont fait confiance pour tant de choses depuis le début de leur aventure. Je leur en remercie. Je ne les remercierai jamais assez pour tout ce que j'ai vécu avec eux ou sans eux sur ce bateau, tout ce que leur aventure m'a permis directement ou indirectement de vivre.

En tout cas, cette décision, que je sentais venir depuis déjà plusieurs jours, que je pressentais depuis plusieurs semaines, est très courageuse. Pour les engagements qu'ils ont pris avec tant de gens et qui sont forcément un peu remis en cause. Pour ce que tous ceux qui n'ont jamais osé sauront médire. Pour s'exposer très vite aux regards des autres en France. Pour revenir sur tout ce qu'ils avaient dit auparavant. Parce que changer de direction aussi radicalement n'est jamais facile. Juste pour avoir eu le courage de la prendre et ne pas s'enfoncer, comme tant d'autre, dans leur décision première, je leur tire mon chapeau.

En ce qui me concerne, je rentre en France en décembre après avoir fait un dernier petit tour sur le continent avec mon sac à dos, puis je reviens sur GCV avec un programme encore flou mais qui devrait me mener aux Grandes et Petites Antilles puis en France en Juin si le bateau n'est pas vendu (les Scuzy, ça vous dit une transat retour ? Wharf Wharf?). Mais d'ici-là, de l'eau aura coulé sous les coques de GCV?

A tout à l'heure

PS : Encore une nouvelle étiquette à me coller? Broker. Je suis chargé de la vente de GCV à un prix très intéressant. Il s'agit d'un Ville Audrain 44, plan Lerouge de 1986. Il est parfaitement équipé pour partir en famille (deux vrais cabines doubles, une cabine semi double et une autre d'appoint) voir le grand monde avec deux beau moteur Volvo d'un an, des voiles d'un an encore parfaite, de l'équipement électronique comme il faut, une sellerie complètement refaite. Le prix est à proposer. Etienne et Maggy sont prêts à étudier toutes propositions. Si vous êtes intéressé ou connaissez quelqu'un qui le serait, il peut me contacter sur mon mail ( patbenoiton@gmail.com).

De même qu'un copain qui vient de terminer son voyage actuellement vend son Lagoon 44 d'un an dans un état parfait et super bien équipé. La philosophie de conception n'est pas la même mais le prix non plus? Son prix 490 000 euros avec un leasing à éventuellement reprendre. Même chose, si vous connaissez quelqu'un d'intéresser, merci de lui donner mon contact.

Pour moi, ces deux ventes me permettront de voyager un peu plus longtemps?

jeudi, octobre 26, 2006

Immersion

Cela faisait longtemps que je le souhaitais. Longtemps. Trop longtemps ? Peut-être pas. Pour bien apprécier les choses, surtout aussi forte, il faut savoir choisir le bon moment, ne pas se précipiter. Donc cela faisait longtemps. Et comme tant d'autres choses qui me tente, qui m'attire, je repoussais, je ne voulais provoquer, je préférais faire confiance à la vie pour m'indiquer quand ce sera le mieux. Et le moment est venu. Tranquillement. Devenant évident, jours après jours.

D'abord, une confiance de plus en plus forte en moi. Une pratique de plus en plus maîtrisée mais toujours en devenir. Une aide qui a su me guider, me donner de riches conseils. Une sérénité agréable en situation. Mais, comme souvent, je voulais aller plus vite que la musique. Et les éléments ont su me montrer qu'il fallait prendre le temps, apprécier chaque étape de la progression, mieux sentir à chaque nouvelle confrontation, laisser monter en moi l'envie, me préparer à être prêt.

Il a fallut des jours, des semaines. Des tas de lieux. Des tas de situations différentes. Des essais réussis ou ratés. Des annulations progressives de peurs pourtant ancrées bien au fond de mon être. Des tentatives folles, inespérées, couronnées de succès encourageants. Je trouvais de plus en plus de bonheur dans cette exploration de sensations à peine effleurées jusqu'à maintenant.

On m'a beaucoup aidé aussi. Forcément, ce type d'expérience ne peut apporter autant lorsqu'on est seul. D'ailleurs, est-elle possible ? On progresse plus vite au contact des autres, surtout quand ils sont comme soi en recherche, en apprentissage. On prend plus confiance en soi, comme on donne plus confiance aussi.

Alors, sont arrivées des conditions idéales. J'avais envie. Le lieu, les conditions s'y prêtaient. Je me suis décidé. Je me suis lancé. Sans peurs, juste une petite appréhension avant l'heure H mais rien de paralysant, juste de quoi avoir son attention en éveil presque total pour apprécier pleinement ce moment exceptionnel et unique. Les éléments s'étaient - comme d'habitude quand on fait bien les choses - ligués pour que tout se passe au mieux. Et cela a été merveilleux et prometteur.

Je m'étais rarement senti aussi bien. Autant en harmonie avec moi, avec ce qui m'entoure, avec ceux qui m'entourent. Rarement aussi libre dans cet élément que je côtoie depuis si longtemps mais qui n'est pas et ne sera jamais aussi naturel que je le souhaiterai. J'étais bien, très bien, tellement bien? Il parait qu'après mon visage était éclairé de bonheur. Je ne l'ai pas vu mais je peux vous dire qu'à l'intérieur, ça bouillonnait d'une joie sans limite, d'envie d'aller plus loin, de remerciement pour ce qui venait d'arriver. Et ça bouillonne toujours. Mais je ne veux pas me précipiter. Je sais que je suis sur une bonne voie. Elle saura me dire quand il faudra continuer plus avant.

Oui, je ne me suis jamais senti aussi bien avec l'eau, dans l'eau. Déjà, avec masque et tuba, on découvre, on visite, on observe. D'abord depuis la surface, et puis on s'essaye à plonger, avec cette impression d'oppression qui s'amenuise petit à petit ? on n'est plus libre, on n'est plus maître de la situation (l'ait-on quelquefois ?), on ne peut plus respirer. Et puis on commence à rester de plus en plus longtemps au fond, à se calmer pour mieux observer, pour mieux vivre l'instant. On va plus profond aussi. On s'amuse dessous, à se retourner pour voir la surface à l'envers avec ses reflets bizarres, à nager comme les dauphins, à nager avec les poissons, à suivre les majestueuses raies qui volent dans l'eau ou les tortues qui se baladent tranquillement. On chasse aussi pour la pitance du bord. Tout cela avec de plus en plus de naturel, d'aisance, de ressenti inné.

Malgré tout, même si l'on est toujours plus à l'aise. Il y a des limites. Il y a une limite principale : la respiration. Ce besoin que l'on a de respirer, de nourrir notre corps d'oxygène. Le temps passé sous l'eau est limité. On se dit alors : « la bouteille ! ». Mais on pense tout de suite (pourquoi est on si souvent négatif?) que ce ne sera qu'un pis-aller.

Je peux vous dire que ça n'a rien à voir avec un pis-aller. C'est génial ! Oui, génial ! C'est génial de respirer sous l'eau. De nager au milieu des poissons sans qu'ils soient effrayés. De pouvoir descendre jusqu'à douze mètres sans oppression, sans ce besoin inné de respirer. De se poser tranquillement devant une patate de corail et regarder qui vit dessous. De se retourner vers la surface et de regarder les reflets à l'envers aussi fascinant que vu d'en haut, d'observer la coque d'un bateau au mouillage se dandiner sous l'effet de la houle, de prendre le temps d'apprécier comment ce monde sous-marin est immense et richissime, envoûtant et rassérénant, limpide et secret. Pourtant les conditions de ce baptême n'étaient peut-être pas idéales (quoique de toute façon meilleures qu'en piscine à Gennevilliers?), en groupe de six, avec un moniteur anglophone et dans un des paysages sous-marins les moins riches de Bonaire, tout de même un des plus beaux spots de plongée au monde. C'est vrai que j'ai vu plus joli sous l'eau, que mes compagnons de plongée étaient un rien perturbés et perturbants, que d'extérieur tout cela ressemblait plus à une usine à faire plonger du monde qu'à un centre de découverte intérieure de la substantifique moelle du monde sous-marin. Mais, je m'y étais préparé. J'étais particulièrement bien accompagné. Je me foutais totalement de l'éventuelle supra beauté des fonds puisque ce n'était pas encore le but. Je voulais découvrir un état. Je pense en avoir apprécié sa liqueur.

A la fin de la plongée, le moniteur m'a dit qu'il m'avait trouvé étonnement bien et à l'aise, qu'il fallait que je continue. Ça venait du fond du c?ur. Et je n'avais pas besoin de ses paroles pour le savoir. Mais ça fait plaisir de savoir par les autres aussi.

Merci pour cette première immersion.

A tout à l'heure

PS : Vous avez peut être su qu'il y avait des élections municipales à Bordeaux pour permettre à Juppé de retrouver ses attributions d'élu après quelques malversations parisiennes. Cela fait déjà quelques jours qu'il a retrouvé son siège de maire dans, malheureusement la grande indifférence des Bordelais (c'est sûr qu'à force de se foutre de la gueule du peuple celui-ci se détourne des urnes?). Juste pour vous dire que l'ami Pierre Hurmic et tous les copains Verts ont fait un score supérieur à 10%. Il y a encore du boulot pour choper la mairie mais c'est déjà pas mal? Bravo à tous, je viendrai trinquer avec vous en décembre?

mardi, octobre 17, 2006

Memoire du passe

Cela faisait plusieurs jours qu'on tournait autour. Sans vraiment savoir ce qu'elle était. Juste une photo dans un guide nautique en anglais. Un regard rapide sur une carte. Puis une discussion où l'on était d'accord pour aller là-bas.

La petite voix, encore elle?

Cela faisait donc plusieurs jours. Elle est apparue sur l'horizon, d'abord. Imposante au-dessus de petites îles coralliennes refuges de mangrove. Le pied vert, le flanc ocre, la tête verte et plate. Imposante et fantomatique car pleine de secrets, forcément. Depuis le mouillage de Boca Seca, où nous avons laissé volontairement sur le fond de sable la signature de GCV et où nous nous sommes sentis si bien à chasser, plonger, se balader le long de la longue plage, regarder le soleil se coucher. Elle nous regardait depuis le nord ouest, mais encore loin. Depuis Cayo Sombrero où nous avons joué au Robinson quelques jours. Elle nous observait de l'ouest, plus proche mais aussi plus cachée. Enfin, depuis Chichiriviche et le Cayo Los Muertos où nous avons ravitaillé et testé notre faculté à enlever un bout dans l'hélice? Elle s'est rapprochée et nous invitait du sud ouest, cette fois-ci juste de l'autre côté d'une mince bande de terre. Inconsciemment nous nous sommes sentis prêts. Nous nous y sommes dirigés.

Un premier mouillage, d'approche, dirons-nous. Pour ne pas rentrer directement dans le site. Pour ne pas tout gâcher par la précipitation. A distance raisonnablement respectueuse mais suffisamment proche pour déjà s'imprégner.

Les pieds verts de mangrove. Le corps ocre de falaises. La tête verte d'arbres imposants aux troncs tortueux et majestueux et plate comme le sont les montagnes de calcaire. Une vraie invitation à la découverte malheureusement impossible depuis la rive. La végétation est impénétrable comme pour garder un secret. Mais, tout le reste de la journée, pour le coucher du soleil, dans la nuit, sous la lune naissante, puis au petit matin, pour renaître avec les éléments qui nous entourent, le regard ne la quitte plus, comme aimanté.

Ces falaises imposantes, magnétiques, impressionnantes sont d'origine corallienne. Depuis sept millions d'années, elles se font sculpter par la pluie et le vent. Plus que sculpter, architecter, reconstruit pour offrir aujourd'hui des vallées, des cavernes, des puits profonds et verdoyant, des cratères profonds et protecteurs. Une mémoire de la mer à ciel ouvert. Une mémoire d'un peuple, les Caquetios, qui en avait fait un sanctuaire de vie. Ce que nous redonne l'endroit aujourd'hui. Cette puissance, cette sérénité, vient certainement de là.

Le lendemain de notre arrivée, nous nous sommes rapprochés franchement. Nous devions être prêts. GCV, à présent à moins de cinquante mètres de la rive, est à présent juste au pied d'une des plus hautes falaises, à quelques brasses du puits le plus important. Nous y allons tous ensemble avant le coucher du soleil faire notre Qi Kong quotidien. Tous les six, pour la première fois. Tous les six au fond de ce puit profond d'une centaine de mètres. Tous les six dans cette atmosphère un peu inquiétante, entre cris de chauve-souris et bruissements dans les branchages. Tous les six à faire les mêmes exercices régénérant. Il règne entre nous une atmosphère étonnante. Une union que nous ne dominons pas. Peut-être une communion. Le lieu nous unit dans cette prise d'énergie commune. Nous en sortons sereins, nourris, ensemble?

Le lendemain, avant le levez du soleil, je retrouve des sensations rencontrées au Machu Pichu, à Iguaçu, devant les glaciers en Patagonie et dans tant d'autres lieux riches spirituellement. Je suis assis sur la poutre avant, jambes pliés, bras retenant le corps aux genoux. Je me sens tout petit devant cette falaise qui se colorie peu à peu. En même temps, je ne fais qu'un avec elle, comme si nous étions en dialogue intime. Je ne comprends pas. Je laisse faire. Je laisse vivre cet instant exceptionnel que je ne maîtrise pas. Je suis submergé par la beauté, par le magnétisme, par l'énergie du site. C'est peut être trop. Je ne sais pas encore recevoir autant. Pour calmer ce bouillonnement intérieur, je vais seul, plus loin, dans une autre excavation à l'entrée étroite. L'endroit fut certainement sacré. L'est toujours si l'on en croit l'ultra présence de l'infini fétichisme humain à travers ces moult vierges en plâtre, ces photos de personnes certainement en détresse ou en demande, de grades d'officiers ou sous-officiers peut-être partis à la guerre. En tout cas, il émane du lieu quelque chose de puissant, encore une fois.

Je grimpe entre les rochers et la végétation, m'assoie sur une grande pierre presque plate. Je reste là, seul, respirant ce lieu que je sais que je ne recroiserai plus. Quelques dizaines de minutes plus tard, je reviens à moi et me réfugie dans le grand arbre aux multiples racines qui accueille le visiteur sur la plage. Il connaît bien le lieu, lui. C'est chez lui. Ces racines puisent l'énergie de la terre mère, la multiplicité de ce que donne la Pacha Mama, pour l'unifier dans son large tronc rassérénant et l'emmener vers le ciel.

A bord de Petit Citron Vert, l'Optimist du bord, mon moyen de transport préféré dans les mouillages, je ressors de l'endroit très troublé. J'ai besoin d'être seul. En rejoignant GCV, je sais que je ne peux pas. J'intériorise, quitte à ce que mon silence soit désagréable. J'ai besoin de digérer tout ce que ce lieu m'a offert. Il faut du calme. Extérieur comme intérieur. Pas facile?

GCV s'éloigne. Les falaises du Cerro Chichiriviche rapetissent. On retourne au village récupérer les cours du CNED de Tom, refaire un dernier plein de frais. Demain, nous partons vers les Aves, îlots perdus dans la mer des Caraïbes. Autre lieu, autres sensations, autre voyages intérieurs et partagés.

A tout à l'heure
 
PS : Depuis, nous sommes allés aux îles Aves, deux groupes d îles coralliennes paumes dans la mer des Caraïbes. Disfrutage au soleil, chasses passionnées et de plus en plus fructueuses et nouveau rythme sur le bateau avec l'arrivée des cours du CNED. C est studieux le matin. Nous sommes sur l'île de Bonaire qui appartient aux Antilles Néerlandaises. On part pour Curaçao Dimanche. Tout cela a un petit air occidentale dans la manière de vivre. Je vous raconterai promis jure.
Petit message a tous ceux qui m'ont envoyé des mails et a qui je n'ai pas répondu. Je prendrai du temps a Curaçao. Ici la vie est trop trépidante ou farniente pour passer sa vie dans les cyber café. La bise
 

jeudi, octobre 05, 2006

Juntos

Juntos ! Ensemble en Espagnol. Ensemble ! Ensemble sur un bateau. Une expression dit : « Ensemble dans la même galère ». Elle a une connotation négative. Je ne l'emploierai donc pas. Je préfère?
Ensemble dans la même histoire. Ensemble pour avancer, pour progresser. Ensemble pour effacer nos petits et nos grands travers laissés par notre passé et qui peuvent polluer parfois notre quotidien. Ensemble dans les beaux moments où tous les éléments se liguent pour nous montrer que tout ce qui nous entoure est ce qu'il y a de plus beau, au présent. Ensemble dans les beaux moments de convivialité où le sourire, le rire est sur tous les visages. Ensemble aussi quand fatigue, obligations du quotidien (la vie continue ici aussi avec ses contraintes et ses joies), peurs ancrées profondément, font ressurgir une vieille colère, un mot déplacé, une moue peu agréable, un silence gênant. Ensemble parce qu'il n'y a rien de tel pour se voir réellement dans un miroir. Ensemble dans les petites galères de la vie en bateau. Ensemble parce qu'on l'a voulu, parce qu'on a voulu découvrir ensemble, parce qu'on a beaucoup plus à s'enrichir de l'autre, de ses qualités et de ses défauts, qu'à en pâtir. Ensemble parce que l'on sait que le courant passe plus que de nature, que les liens créés sont forts, presque inespérés. Ensemble parce que cet échange de presque tous les instants nous fait grandement avancer vers un mieux être, un mieux savoir de la vie, un mieux savoir de soi. Ensemble parce que c'est beaucoup mieux qu'être seul, même si l'on est très heureux de se retrouver dans son jardin secret. Ensemble parce que l'on peut mieux donner, mieux partager, les deux actes les plus beaux que puissent vivre un être humain. Ensemble parce qu'à plusieurs on fait mieux que seul, parce que deux énergies font dix fois plus qu'une seule. Ensemble parce qu'on ne peut se contenter de sa coquille, aussi riche spirituellement puisse t'elle être. Ensemble parce que, même si je suis un individualiste forcené, dans le sens où l'individu et son épanouissement doivent primer pour mieux donner, c'est ensemble que l'on fait les plus jolies choses.

Je me souviens que pour un passage de ma vie très solitaire et oh ! combien important, j'avais appelé l'association porteuse du projet « Partir Ensemble ». On m'avait raillé en me disant : « Partir ensemble, d'accord, mais c'est toi qui part naviguer et nous qui restons sur le quai... » C'était vrai, et c'est encore vrai aujourd'hui. Mais si nous n'avions été ensemble, si vous n'aviez été là tant dans les moments difficile que pour partager, cette aventure aurait eu moins d'épices. Pouvoir partager est aussi un moteur pour celui qui raconte comme pour celui qui lit, pour relancer cette machine humaine qui naturellement se contente de ce qu'elle a quitte à se laisser mourir dans un train-train sans vie, par paresse ? vivre est un effort de chaque instant, pas une lutte, juste un effort, souvent agréable. Partager est donc un moteur qui se nourrit de vos fluides qui au bout d'un an, à mon heureuse surprise, sont toujours là, même de la part d'inconnu, toujours là souvent enthousiaste pour me dire que j'ai une chance inouïe d'être là où je suis, pour me dire aussi un des plus beaux mots du vocabulaire : Merci ! Je répondrai ce que l'on répond ici : « Mucho gusto », et non notre « de rien » inutile et faussement modeste. « Avec beaucoup de plaisir ». Oui, je te donne avec beaucoup de plaisir, réellement?

A tout à l'heure

 

PS : Un petit point sur le voyage ? Puerto Cabello (port cheveux car si calme que l'on peut y attacher son bateau avec un cheveu. L'histoire ne dit pas si beaucoup de marin y sont restés attachés par les cheveux d'une femme?), un centre assez joli mais sans plus et beaucoup de bruit particulièrement le dimanche sur la plage près du port.

Le Morocoy Park : un dédale de mangrove avec quelques plages à cocotiers où nous avons adoré disfruter, plonger, se reposer malgré le bruit des lanchas amenant les touristes venus se griller au soleil et s'enivrer de bière. Cayo Sombrero, à la sortie du parc, de jolies chasses sous-marine qui nous ont permis de se rendre compte que les poissons perroquets sont bon mais qu'avec leurs grosses arêtes et leur peau épaisse, ne se laissait pas avalé facilement et que les poissons chirurgien n'étaient pas si mauvais que ça. Chichiriviche, une station touristique sympathique mais en travaux qui nous a permis de faire le plein de frais et récupérer les cours du CNED avant de mettre le cap sur les îles Aves, et puis le Golfe de Cuare, impressionnant et puissant. Je vous en parlerai certainement plus tard, quand j'aurai digéré complétement?